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La protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun: cas des centrafricainspar Oriane Murielle KENGNI MELI Université Catholique d’Afrique Centrale - Master en droit public option Droits de l’Homme et Action Humanitaire 2023 |
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRELe présent chapitre avait pour objectif de présenter les différents problèmes liés à la libre circulation auxquels sont confrontés les réfugiés urbains de la ville de Yaoundé au quotidien. Il ressort de là que les réfugiés rencontrent bon nombre de vulnérabilités notamment la violation du droit à la libre circulation proprement dite, du fait des agissements des forces de l'ordre à travers les arrestations et interpellations arbitraires ; mais également du fait des nationaux de par la marginalisation, la stigmatisation et la discrimination des réfugiés en zone urbaine. Nous avons pu constater à quel point certains camerounais de la ville de Yaoundé haïssent les réfugiés centrafricains peut-être à tort ou à raison, bien que cela ne soit pas en accord avec les standards internationaux et nationaux, notamment l'article 1 de la DUDH et le Préambule de la Loi Constitutionnelle camerounaise du 18 janvier 1996, qui prônent la non-discrimination et le vivre ensemble dans un esprit de fraternité. Outre ces difficultés relatives aux nationaux, les réfugiés centrafricains font face àquelques défaillances dans l'administration camerounaise à travers la non fourniture des pièces d'identité requises pour tout réfugié, la lenteur et la lourdeur des procédures qui leurs causent un véritable préjudice à l'égard de leur droit de circuler aisément. Précisons par ailleurs que ce déficit de circuler librement empiète sur d'autres droits sociaux de base tels que le droit à l'éducation, à un niveau de vie suffisant et à la santé. Il serait nécessaire pour l'Etat du Cameroun et les institutions internationales spécialisées en la matière de remédier le plus promptement possible à ces problèmes. CHAPITRE 2 : PERFECTIBILITE DE LA PROTECTION DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATION DES REFUGIES DANS LA VILLE DE YAOUNDE« La libre circulation des réfugiés en Afrique est une question de justice et de dignité humaine. Il est temps que nous reconnaissons les droits des réfugiés et que nous travaillons à créer un espace de liberté et de sécurité pour tous »130(*). Au début du troisième millénaire, l'afflux des réfugiés est de plus en plus croissant au Cameroun, notamment ceux des nationalités centrafricaines et nigérianes. Cette croissance est sans aucun doute liée à l'insécurité sécuritaire qui règne dans ces pays131(*). Généralement installés dans les zones rurales, enclavées et précaires qu'en milieux urbains, les réfugiés des camps semblent rencontrés moins de difficultés que ceux qui vivent dans les grandes villes. En effet, les réfugiés urbains font face à de sérieux défis qui portent atteinte à la plupart de leurs droits fondamentaux, notamment le droit de circuler librement qui a également un véritable impact sur d'autres droits. Bien que consacré et encadré par les textes et institutions nationaux et internationaux, le droit à la libre circulation des réfugiés est vraisemblablement bafoué au Cameroun. Au cours de nos développements précédents, nous avons pu relever les différentes situations qui restreignent la liberté de mouvement auxquelles les réfugiés centrafricains sont exposés dans la ville de Yaoundé. Cependant, ces difficultés ne sont pas sans solutions. C'est dans ce sens que nous proposerons diverses solutions qui pourront améliorer et faciliter, si elles sont appliquées ; le droit à la libre circulation des réfugiés au Cameroun en général. Ainsi, la protection du droit à la libre circulation des réfugiés est perfectible de par la mise en oeuvre progressive du droit à la libre circulation (Section 1) et la mise en oeuvre du processus de réinsertion efficace (Section 2). Section 1 : MISE EN OEUVRE PROGRESSIVE DU DROIT A LA LIBRE CIRCULATIONLa mise en oeuvre progressive du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé nécessite de relever au préalable que la protection de ce droit au Cameroun existe mais elle est partielle et présente des limites. Cette mise en oeuvre progressive consistera donc à faire des amendements sur le plan juridique (Paragraphe 1) et à effectuer un recyclage du personnel en charge des réfugiés à Yaoundé (Paragraphe 2). * 130 Aminata Dramane Traoré, l'Afrique face à la mondialisation, 2002. * 131 Fatimatou NJIMBOKET & Nicole MAMBO TAMNOU, Op.Cit, p.322. |
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