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La protection du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de Yaoundé au Cameroun: cas des centrafricainspar Oriane Murielle KENGNI MELI Université Catholique d’Afrique Centrale - Master en droit public option Droits de l’Homme et Action Humanitaire 2023 |
Section 2 : MISE EN OEUVRE D'UN PROCESSUS DE REINSERTION EFFICACE« Les réfugiés ne doivent pas être traités comme des étrangers, mais comme des citoyens à part entière, avec les même droits et les mêmes responsabilités que les citoyens du pays d'accueil. »136(*) Parler de la réinsertion efficace des réfugiés centrafricains dans la ville de Yaoundé revient à ce que ces derniers puissent véritablement se sentir à l'aise au milieu des nationaux, qu'ils puissent être épanouis et jouir pleinement de leur droit à la libre circulation ; c'est-à-dire se déplacer d'une ville pour une autre, accéder aux services sociaux de base, pouvoir effectuer un travail décent, vivre sans avoir la peur constante d'être indexé et taxé de tout type de propos insultant et dégradant de leur personne humaine ; cela signifierait également la possibilité de bénéficier d'un véritable statut juridique et donc de joui de la personnalité juridique et des privilèges qui s'en suivent. Ainsi, nous présenterons d'abord les démarches pour une implémentation efficiente du droit à la libre circulation des réfugiés centrafricains (Paragraphe 1) avant de présenter les stratégies efficaces facilitant cette libre circulation dans la ville de Yaoundé (Paragraphe 2). Paragraphe 1 : Démarches favorisant l'implémentation efficiente du droit à la libre circulation des réfugiés dans la ville de YaoundéLes démarches d'implémentation sont les différents moyens pouvant rendre, si elles sont mises en application, la libre circulation des réfugiés centrafricains effective. Il s'agira donc de la réelle collaboration entre les différents acteurs de la protection des réfugiés en vue d'apporter des réponses efficaces et rapides aux problèmes des réfugiés (A) et la fourniture en temps réel de la documentation nécessaire aux demandeurs d'asile éligibles au statut de réfugié (B). A. Réelle collaboration entre les acteursRelativement à l'article 2 du Protocole relatif au Statut des réfugiés de 1967, les Etats parties ayant ratifié la Convention de Genève relative au Statut des réfugiés se doivent de coopérer avec le HCR ou toute autre institution des NU en vue de mieux garantir les droits de réfugiés. Outre la collaboration entre l'Etat et le HCR, on peut également intensifier la collaboration entre les acteurs nationaux à travers des réunions de coordination multipartenaires, la collaboration entre les FMO et les autorités locales qui permettront de lutter contre les violations auxquelles font face les réfugiés urbains ; cette collaboration avec les FMO permettrait également d'avoir une certaine maîtrise au regard de l'indiscipline dont les réfugiés sont accusés par les populations locale, ce qui améliorerait sans aucun doute le vivre ensemble. Une collaboration entre les élites communales, les autorités traditionnelles et les responsables de communauté centrafricaine par arrondissement contribuerait à une implémentation effective des stratégies de protection des réfugiés et de réduction des conflits avec les riverains. Par cette collaboration, le Gouvernement honorera ses engagements internationaux relatifs aux droits des réfugiés et demandeurs d'asile, notamment en régularisant à brève échéance la situation des réfugiés urbains. Une sincère collaboration entre le Gouvernement et les OSC permettrait d'identifier les violations rencontrées par ceux des réfugiés urbains qui vivent dans des zones enclavées e d'y apporter des solutions adéquates137(*). L'implication indépendante des OSC dans la proposition, l'évaluation et la réalisation du droit à la libre circulation des réfugiés serait un plus dans la protection des droits des réfugiés urbains. Aussi, la collaboration entre les institutions gouvernementales favoriserait l'enrayement des pratiques de corruption au sein des administrations ; la Commission Nationale Anti-Corruption a déjà fait un grand pas dans ce sens, mais cela n'est pas suffisant. Toutes les institutions nationales devraient collaborer avec elle dans le but de dénoncer les personnes faisant recours à ces pratiques vis-à-vis des réfugiés mais aussi des nationaux. La collaboration entre le Gouvernement et les administrations douanière et frontalière pour favoriser la libre circulation des biens et des personnes au Cameroun en général. La collaboration entre tous ces acteurs serait un véritable bond en avant pour implémenter le droit à la libre circulation au Cameroun. * 136 Mahmood Mamdani, extrait de Saviors and Survivors, 2009. * 137 José DONADONI MANGA, Stephen MFORTEH AMBE (dir's.), Réfugiés et déplacés internes au Cameroun. Fragilités, normes et pratiques de réhabilitation, 341p. |
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