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L'UDC de C. Blocher: l'extrême droite au coeur de la concordance helvétique?

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par Julien Vlassenbroek
Université Libre de Bruxelles - Licence en sciences politiques 2004
  

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4.1.2. Les élites sont gangrenées par le socialisme

Si l'on réunit toutes les fautes, fatales à la Suisse dans la conception idéologique udécéenne, que les élites du pays sont accusées de commettre dans tous les domaines, sciemment ou par incompétence, on s'aperçoit qu'un fil rouge relie ces méfaits. Elles peuvent toutes être entendues comme les éléments d'une doctrine qui est l'incarnation du mal absolu, de l'assurance du déclin à court terme de la Suisse et de sa disparition à moyen terme. Cet ensemble doctrinal qui ronge la Suisse de l'intérieur semble en effet pouvoir être schématisé à l'aide de la simple expression  `'politique de gauche''.

Un procédé lexical du parti consiste en un glissement qui amalgame «les politiciens» comme pratiquant des politiques de gauche et donc comme étant de gauche, les gens de gauche comme étant des socialistes et les socialistes comme étant des communistes nostalgiques du socialisme réel des démocraties populaires et de l'ex-URSS.

Lors d'un discours tenu en janvier 1999, Blocher pestait ainsi contre le fait que «bien que le socialisme ait laissé partout derrière lui un désert social et économique, notre pays marche ces dernières années à une allure croissante sur la voie socialiste. [...]. Les faits sont alarmants : au cours des sept ans passés, notre Etat a fait plus de dettes que dans les 700 années qui ont précédé. [...]. Il serait trop simple de mettre la responsabilité de cette évolution catastrophique sur le dos des socialistes seuls : il y en a malheureusement dans tous les partis, même dans les partis bourgeois. Cette socialisation nous la devons tant aux gauchistes qu'aux politiciens dits `'sympas'' [en gras dans le texte]»175(*). Dans le même discours le leader charismatique de l'UDC tenait les propos suivants : «au 21ème siècle, il y aura lieu de libérer à nouveau l'être humain des décombres de l'image socialiste de l'homme, de l'assistance ininterrompue, dominante et possessive des fonctionnaires de l'Etat et des politiciens [en gras dans le texte]. Pour le socialisme, l'homme est prétendument trop faible pour subvenir tout seul à lui-même ; il dépend donc de l'aide durable de l'Etat omnipotent. Le motif de cette doctrine n'est pas l'amour altruiste du prochain ; les politiciens ne savent naturellement que trop bien que l'aide met son destinataire à la merci de celui qui la fournit. Le socialisme est un doux poison auquel il est difficile d'échapper. Et les dépendants sont faciles à dominer»176(*), or «les idées socialistes ont même pénétré les bourgeois à un point tel que ceux-ci pensent qu'ils représentent un élément fortement enraciné de la pensée courante et de la correction politique.»177(*)

La confusion est complète dans ces extraits, on ne sait plus si «socialisme» désigne les dictatures des pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) et de l'ex-URSS, le modèle de société préconisé par le parti socialiste suisse ou une base doctrinale qui prévaut à tous les positionnements des responsables politiques quelque soit leur parti puisque l'amalgame, ici entretenu, englobe au-delà du seul parti socialiste, les partis dits bourgeois qui seraient désormais imprégnés des dogmes socialisants et qui ont participé à la marche générale de la Suisse vers le socialisme : «grâce au concours des partis du `'centre'', le PRD et le PDC, notre pays a emprunté une voie de plus en plus socialiste»178(*), à tel point que «le Prix Nobel Milton Friedman, doit citer en 1998 notre pays comme un exemple de pays socialiste»179(*). Les socialistes sont considérés comme des héritiers du communisme bolchevik et les autres partis ne sont en fait que des socialistes déguisés180(*).

Chaque grief formulé par l'UDC à l'encontre des élites dirigeantes peut alors être relu à la lumière de ce postulat : la faute originelle des élites est de renier les principes de la politique bourgeoise telle qu'elle est entendue par l'Union Démocratique du Centre, et de conduire le pays vers le socialisme ce qui explique chacune de leurs prises de position destructrices de l'essence même de la Suisse.

Dans ce cadre de lecture des prises de positions politiques des élites, la volonté d'intégration européenne manifestée par les autorités du pays ne serait alors qu'une réminiscence de l'idéal internationaliste communiste : critiquant l'aveuglement des partis qui les mènent vers cette intégration, Christoph Blocher soutient que «l'après 1989 est marqué par l'effondrement des superstructures artificielles. Comme le montre le regard tourné vers l'Europe, le désir de souveraineté nationale est plus grand que celui de former des communautés de peuples `'visionnaires'' comme l'a fait le socialisme. L'objectif de réunir l'Europe par la force [en gras dans le texte] se fonde sur suffisamment d'autres modèles historiques peu glorieux.»181(*)

Le parallélisme entre la construction européenne et l'idéal internationaliste communiste est opéré ici par la bande, quand bien même il semble peu fondé ne serait-ce qu'en prenant en compte l'orientation économique nettement libérale qui prévaut au sein de l'UE ou encore le fait que la plupart des partis d'extrême gauche soient nettement eurosceptiques182(*). L'internationalisme est pourtant ici considéré par essence comme une conception socialiste qui mine les souverainetés nationales et noie les droits du peuple dans une «centralisation politique sans garantie démocratique»183(*), la construction européenne n'est dès lors qu'un internationalisme socialisant travesti. Cet internationalisme charrie également, selon le parti de Blocher, un laxisme en matière de politique des étrangers et face à l'immigration, puisque plus les institutions sont centralisées et globalisées plus la lutte contre l'immigration serait rendue difficile. Par conséquent les «résultats de la politique de la gauche et de ses amis» sont «des criminels chouchoutés» et «une mafia albanaise brutale»184(*).

Le processus de pénétration insidieuse des idées socialistes qui gangrèneraient les élites permet également d'expliquer la corruption et l'incapacité de celles-ci à gérer l'Etat, puisque le «socialisme en progression, les interactions internationales et l'impossibilité de contrôler les globalisations portent tous en eux les marques d'un accroissement de la corruption et de la mauvaise gestion. Les faits sont sans équivoque : la corruption et la mauvaise gestion sont beaucoup plus difficiles parmi des hommes libres et responsables qui doivent débourser de leur propre porte-monnaie que dans des Etats socialistes»185(*) .

Le socialisme des dirigeants permet de rationaliser, dans la construction idéologique udécéenne, leur opposition systématique à la volonté populaire étant donné que «le socialisme - à l'instar du fascisme et du communisme - mène inévitablement à l'Etat totalitaire et à l'anéantissement de l'ordre démocratique»186(*).

La contagion socialiste de «ceux d'en haut» renseigne également sur le pourquoi de la «hausse permanente des impôts et des dépenses pour le domaine social»187(*) et du déclin économique qui en résulte, puisque ceux-ci sont purement et simplement inhérents à l'application d'une politique socialiste dont «les contraintes étatiques étouffent dans l'oeuf toute velléité de croissance économique»188(*).

Au final, si les politiques de gauche sont dommageables à tous points de vue c'est précisément parce qu'en plus d'être «un faux programme politique», le socialisme constitue une «philosophie de vie néfaste»189(*).

Les dégâts qu'il a déjà causés ne seraient rien en comparaison de ce qui attend la Suisse si celle-ci ne se détourne pas urgemment de sa marche vers le socialisme car comme «doux poison, il [le socialisme] n'est généralement perçu que lorsque le collapsus est imminent. Ainsi, dans les Etats socialistes, il a d'abord fallu un écroulement économique total pour permettre un revirement. La privation du poison socialiste était et reste dur [sic] et douloureux [sic], tout comme le sevrage des toxicomanes»190(*). Les idées de gauche sont aussi néfastes qu'une drogue dure qui affecte en outre les générations futures si, tout comme Blocher, on considère que la «formation est devenue depuis des dizaines d'années un domaine de la gauche. Conclusion : les écoles coûtent de plus en plus cher et les élèves deviennent de plus en plus bêtes [ en gras dans le texte]»191(*), le modèle d'enseignement préconisé par la gauche ne présente pas seulement la tare d'être plus coûteux, il affecterait en plus de cela les capacités intellectuelles des élèves en les rendant «plus bêtes» et compromettrait de ce fait le futur de la Suisse.

Dès lors, face à tous ces fléaux, le seul refuge démocratique qui ne soit pas contaminé par le cancer du gauchisme serait l'UDC, qui se pose de manière explicite dans une situation de «seule contre tous», de «seule alternative valable»192(*) pour le peuple face à une «coalition de gaspilleurs irresponsables»193(*) qui «par pure paresse cèdent aux sirènes de la gauche»194(*) et «mènent la Suisse à la perte»195(*).

* 175 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op.cit., p. 7 de 24 de la version imprimée ; url : www.blocher.ch/f/themen/albis99.htm

* 176 Ibid.

* 177 Id., p. 8.

* 178 «Deux sièges au Conseil fédéral ou opposition», communiqué de l'UDC - Suisse du 24 octobre 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=769

* 179 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit., p. 6.

* 180 P. NIGGLI, «La droite radicale perce en Suisse», op. cit., p. 11.

* 181 C. BlOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p. 29.

* 182 G. MARKS, L. RAY et C. J. WILSON, «National political parties and European integration», University of North Carolina, University of Texas and Louisiana State University, p. 10, consulté sur www.utdallas.edu, url : www.utdallas.edu/~cjwilson/prof/AJPS02.pdf

* 183 Ibid.

* 184 Extrait d'une publicité de l'UDC in B. FAVRE, «Deux plaintes pénales contre les annonces de l'UDC», Tribune de Genève, Genève, 13 octobre 2003, consulté sur www.tdg.ch, url : www.tdg.ch/accueil/imprimer_envoyer/index.php?Page_ID=6239&print=O&article_ID=19178; voir également A. B. POUR, «En Suisse, le populiste Christophe Blocher se prépare à un nouveau triomphe électoral», Le Monde, Paris, 19-20 octobre 2003, p.4.

* 185 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`', du 15 janvier 1999, de Monsieur le conseiller national Christoph Blocher», op. cit., p. 10.

* 186 Ibid.

* 187 «L'UDC veut corriger le cap en politique sociale», communiqué de l'UDC du 12 juin 2003, Berne, consulté sur www.udc.ch, url : www.udc.ch/print.html?page_id=472

* 188 Ibid.

* 189 C. BLOCHER, «La politique au 21ème siècle. Réflexions à l'occasion de la 11ème session de l' `'Albisgüetli`' , op. cit., p. 9.

* 190 Ibid.

* 191 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p.25.

* 192 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

* 193 C. BLOCHER, «Dix ans après le non au traité de l'EEE. Analyse de la situation et perspectives», op. cit., p.25.

* 194 Ibid.

* 195 «Le peuple suisse bâilloné [sic], plumé et ligoté», op. cit.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard