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L'UDC de C. Blocher: l'extrême droite au coeur de la concordance helvétique?( Télécharger le fichier original )par Julien Vlassenbroek Université Libre de Bruxelles - Licence en sciences politiques 2004 |
1.3.2. Le choix de la focalisation sur l'aspect idéologiqueBien qu'il remarque que, dans le cadre de la définition de l'extrême droite et des critères rassemblant la famille des partis de cette tendance, certains auteurs exigent d'autres dimensions que celle strictement idéologique (comme l'usage de la violence par exemple), Cas Mudde constate que : «there is a broad consensus in the field that the term right-wing extremism describes primarily an ideology in one form or another»45(*). C'est donc sur base de ce consensus avéré que le choix de privilégier l'approche idéologique pour saisir la nature de l'UDC a été fait (aux dépens de l'étude des caractéristiques organisationnelles, du profil sociologique de l'électorat,...). Si la famille des partis d'extrême droite doit se définir par des critères idéologiques, il semble donc que ce soit par ces mêmes critères que l'appartenance ou non à cette famille peut être déterminée. De nombreuses définitions ont été apportées à la notion d'idéologie mais la présente étude se basera essentiellement sur la conception de ce terme développée par Sainsbury, qui semble présenter un niveau d'abstraction suffisant pour être adaptée aux modèles théoriques que l'on utilisera au cours de ce travail. Cette définition de l'idéologie est énoncée comme suit : «a body of normative or normative-related ideas about the nature of man and society as well as the organisation and purposes of society»46(*). Elle présente en outre la qualité d'inclure les idées pragmatiques qui tiennent compte de la façon dont `'l'homme est'', et les conceptions plus normatives se rapportant aux idées du `'comment l'homme devrait être'', que paraît recouvrir la notion d'idéologie. En suivant ce raisonnement, on suit une approche rejoignant, selon Ignazi, celle de Duverger et selon laquelle ce sont les sources internes d'un parti (les manifestes, les plates-formes électorales, les publications des organes de presse du parti, les discours des leaders et leurs écrits) qui fournissent le matériel permettant d'en dégager l'identité idéologique.47(*) Cas Mudde abonde en ce sens en précisant qu'il faut multiplier autant que faire se peut la nature des documents internes utilisés. Se limiter aux programmes électoraux constituerait une erreur méthodologique car «they deal with policy [en italique dans le texte] rather than ideology [en italique dans le texte]»48(*). On veillera donc à épuiser au cours de cette étude un maximum de sources émanant de l'UDC, et de natures aussi diverses que possible : communiqués de presse, discours, publications et interviews des leaders, programmes électoraux, publicités électorales, plates-formes, publications des organes de presse internes ou corrélés constitueront les principaux types de sources utilisées afin de définir les contours idéologiques de cette formation. Conforté dans cette option méthodologique par le postulat selon lequel «l'extrémisme de droite peut être d'abord compris comme un ensemble d'idées, de conceptions, de programmes et d'idéologèmes politiques. En d'autres termes : il n'y a pas de traits organisationnels ou stratégiques qui seraient aptes à rendre compte, sous la forme d'un dénominateur commun, de la multiplicité des phénomènes qu'on appelle en général `'extrémisme de droite''»49(*), il faut toutefois préciser que, même au sein des auteurs acceptant l'idée d'une approche idéologique afin de tracer les contours de la famille des partis d'extrême droite, ces conceptions ne sont pas partagées par tous. Ainsi, Paul Taggart, s'il accepte l'idée qu'un parti d'extrême droite ne peut être défini qu'à travers l'idéologie qu'il développe, présente néanmoins une conception plus large de la notion d'idéologie. Pour ce politologue, «the ideological position of party is articulated not only through platforms, manifestos, speeches and policy positions, but also through party organisation and political style»50(*). Si ces éléments ne doivent en aucun cas être négligés, on verra au moment de la conclusion en quoi les critères supplémentaires que requiert le cadre théorique de Taggart ne semblent ni indispensables, ni totalement pertinents afin de saisir la nature idéologique d'un parti. * 45 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 10. * 46 D. SAINSBURY, «Swedish Social Democratic Ideology and Electoral Politics 1944-1948. A Study of the Functions of Party Ideology», Almqvist & Wicksell, Stockholm, 1980, p. 8. * 47 P. IGNAZI, «Extreme Right Parties in Western Europe», Oxford University Press, Oxford, 2003, p. 31. * 48 C. MUDDE, «The ideology of the extreme right», op. cit., p. 167. * 49 U. BACKES, «L'extrême droite : les multiples facettes d'une catégorie d'analyse», op. cit., p. 24. * 50 P. TAGGART, «New Populist Parties in Western Europe», West European Politics, Londres, vol. 18, n° 1, janvier 1995, p. 36. |
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