L'UDC de C. Blocher: l'extrême droite au coeur de la concordance helvétique?( Télécharger le fichier original )par Julien Vlassenbroek Université Libre de Bruxelles - Licence en sciences politiques 2004 |
4.3.3.5. La dimension conservatrice et sécuritaire dans le cadre théorique développé par Herbert KitscheltDans sa présentation typologique des partis d'extrême droite, Kitschelt prêtait aux partis de la NRR déployant des «autoritarian and capitalist appeals», soit l'idéal-type du positionnement d'un parti de l'extrême droite contemporaine selon lui, une conception de l'Etat strictement limité à ses fonctions régaliennes, mais assumant celles-ci avec fermeté et autoritarisme497(*). Cette tendance de l'extrême droite contemporaine s'opposerait à la `'gauche-libertaire'' sur les questions du multiculturalisme, de la protection de l'environnement, des modes de participation politique mais surtout, dans le «gender conflict»498(*). Ce dernier aspect concerne notamment les questions du droit à l'avortement, de l'égalité homme-femme, etc. Des sujets à propos desquels les partis de la NRR adopteraient des positions conservatrices, relevant principalement d'une conception paternaliste de la famille. Des thèmes présents mais avec beaucoup moins d'acuité dans le cas des partis relevant de la «populist antistatist strategy»499(*) et qui représentent par contre également un élément clef de la stratégie « racist authoritarian and `'welfare chauvinist'' »500(*). Les éléments conservateurs et sécuritaires relevés dans le cas de l'idéologie udécéenne constitueraient donc un nouvel élément permettant d'effectuer un rapprochement entre le cas empirique étudié et le modèle abstrait du `'master case'' de la NRR développé par Kitschelt. Il s'agirait là de la deuxième dimension concordante avec ce cadre typologique, mais également du deuxième facteur de rapprochement possible avec le modèle du «racist authoritarian and `'welfare chauvinist'' party» qui combine la dimension nationaliste xénophobe avec des conceptions autoritaristes de loi et d'ordre. L'analyse des conceptions économiques de l'UDC devrait donc s'avérer décisive pour classer cette formation au sein du cadre théorique de Kitschelt. Un programme marqué par une idéologie ultralibérale permettrait d'inclure l'UDC parmi les partis relevant de la première catégorie typologique de Kitschelt, celle qui correspond à l'idéal-type du parti de l'extrême droite contemporaine ; un programme plus empreint de `'welfare chauvinism'' pousserait, lui, à conclure à l'applicabilité du modèle «racist authoritarian» au cas de l'UDC. Mais d'autres prises de positions en matière économique pourraient également remettre en cause l'applicabilité d'un quelconque modèle de parti d'extrême droite du cadre kitscheltien, il convient donc de ne pas avancer trop tôt de conclusions qui pourraient s'avérer erronées par la suite.
* 497 H. KITSCHELT (en collaboration avec A. J. McGann), «The Radical Right in Western Europe: a Comparative Analysis», op. cit., p. 20. * 498 Ibid. * 499 Id., p. 21. * 500 Id., p. 22. |
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