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L'UDC de C. Blocher: l'extrême droite au coeur de la concordance helvétique?

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par Julien Vlassenbroek
Université Libre de Bruxelles - Licence en sciences politiques 2004
  

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5.2.4. L'UDC dans le cadre théorique de Cas Mudde

Le cadre théorique muddien définit l'extrême droite comme «une idéologie qui a pour traits caractéristiques : le nationalisme, la xénophobie, le chauvinisme social et la loi et l'ordre»635(*).

Mudde considère en outre que la dimension antisystème est la dimension qui unit tout particulièrement l'ensemble des ERPs, même les `'border cases''.636(*)

Armé de cet outil conceptuel on a pu mettre en lumière que le nationalisme, dans le sens où l'entend ici Cas Mudde, c'est à dire une conception des limites de la nation (en tant qu'unité culturelle) et des limites de l'Etat (en tant qu'unité politique) comme devant être congruentes, faisait bien partie intégrante de la morphologie idéologique udécéenne. C'est en effet ce qu'on a pu établir aux points 4.2.1., 4.2.2. et 4.2.3.4. Ce point 4.2.3.4. a d'ailleurs été l'occasion d'établir, à la lumière des éclairages théoriques de Taguieff concernant les thèses ethno-différentialistes et à l'aide de l'hypothèse d'une `'ethnicisation'' de la culture opérée par le parti de Blocher, de nombreux points de similitudes entre, d'une part, les thèses prêtées par Mudde à l'idéal-type du courant ethnic nationalist, décrit comme le groupe le « plus radical » de l'extrême droite moderne, et les positions nationalistes de l'UDC, d'autre part.

Cette dimension nationaliste constituant, selon Mudde, le «nucleus» de l'idéologie d'extrême droite, on se trouve donc en présence d'une dimension centrale de l'idéologie de l'UDC qui s'avère être le noyau idéal-typique de l'idéologie de l'extrême droite.

Les constats des points 4.2.2., 4.2.3.4. et 4.3.3.4. avaient permis d'établir assez clairement la présence dans l'idéologie de l'UDC de la dimension xénophobe sensu lato, telle qu'elle est développée par Mudde.

Les exigences théoriques de Cas Mudde concernant la dimension de «la loi et l'ordre» sont également satisfaites dans le cas de l'Union Démocratique du Centre, comme il l'a été démontré aux points 4.3.1. et 4.3.3.4. .

Après avoir mis en exergue l'applicabilité pratique au cas de l'UDC de trois des quatre critères théoriques du politologue néerlandais, on avait constaté que la dimension «chauvinisme du welfare» était, elle, par contre, presque complètement absente de l'idéologie udécéenne. Or, comme on avait pu s'en rendre compte au point 4.4.4.4., cette dimension recouvre chez Mudde une importance non négligeable étant donné qu'elle serait «in full accordance with their [les ERPs] nationalism», et que ce nationalisme supposerait un chauvinisme du welfare ainsi qu'un `'keynésianisme nationaliste'' mêlé de protectionnisme.

Il avait ensuite été avéré dans cette même partie que, mis à part le protectionnisme (voir également point 4.2.1.1.5.), ces éléments ne se retrouvaient pas dans les conceptions économiques ultralibérales de l'UDC (points 4.4.1., 4.4.2. et 4.4.3.).

Il semble donc, à première vue, qu'à l'aide des instruments conceptuels de Cas Mudde, on ne puisse pas classer cette formation dans les partis d'extrême droite. Le fait qu'elle intègre tout de même pleinement trois dimensions sur les quatre que comporte l'idéologie d'extrême droite, dont le «nucleus» que constitue le nationalisme, paraît toutefois permettre de ranger cette formation parmi les `'border cases''.

Mais il faut également se rappeler que l'UDC comporte une importante dimension idéologique anti-système (partie 4.1.). Si l'on s'en réfère à Cas Mudde, tous les éléments idéologiques de l'extrême droite contemporaine «are linked to `'the politics of resentment'', that is the criticism of political parties. It is particularly this `'issue'' that unites all ERPs even `'border cases'' [...]. Rather than rejecting the political party per se, contemporary ERPs produce a constant stream of populist anti-party sentiments. Their critique is directed at all established parties [...]»637(*).

Etant donné que les caractéristiques théoriques de cet antisystémisme se retrouvent empiriquement dans le cas de l'UDC (points 4.1.1., 4.1.2. et 4.1.3.4.), et qu'il s'agit d'éléments qui unissent tous les partis d'extrême droite, y compris les `'border case'', il apparaît qu'il soit finalement possible de classer la formation de Blocher au sein de cette mouvance, étant donné qu'elle en intègre trois dimensions idéologiques idéales-typiques sur quatre, et qu'elle manifeste une caractéristique qui définit l'appartenance ou non de `'border cases'' à cette famille politique.

On pourrait donc conclure à l'aide du cadre théorique de Mudde que l'UDC est un parti d'extrême droite contemporaine, de tendance ethnic nationalist et qui se singularise par un programme économique strictement ultralibéral, incompatible avec le `'welfare chauvinism''.

* 635 C. MUDDE, «Expliquer le succès de l'extrême droite», op. cit., p. 14.

* 636 C. MUDDE, «The Single-Issue Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., pp. 191-192.

* 637 C. MUDDE, «The Single Issue Party Thesis : Extreme Right Parties and the Immigration Issue», op. cit., pp. 191 - 192.

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