III - L'originalité
d'une intégration régionale réussie en
Afrique :
l'exemple de l'Afrique de l'Ouest
Contrairement aux autres blocs régionaux, à
savoir l'Afrique de du nord, l'Afrique de l'est, l'Afrique centrale, l'Afrique
de l'ouest a atteint un niveau d'intégration acceptable. Il existe sur
son aire géographique deux grandes organisations internationales, la
Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)
(A) et l'Union économique et monétaire des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (UEMOA) (B), qui sont à la fois concurrentes et
complémentaires tout en poursuivant les mêmes objectifs
d'intégration .
A - L'exemple de la Communauté
économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
Le traité de la CEDEAO prévoit l'institution,
à long terme, d'une union économique et monétaire.
Malgré les difficultés rencontrées, cette organisation
régionale a enregistré des progrès considérables en
matière d'intégration (1) grâce à la création
d'un cadre institutionnel adéquat (2).
1)- Les avancées en matière
d'intégration réalisées par la Communauté
économique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
L'Afrique de l'Ouest, définie comme étant la
région couvrant le sahel, comprend 17 pays et s'étant sur
7.500.000 Km2 pour une population de 250 million d'habitants.
L'espace
géographique de la CEDEAO
Le but de la CEDEAO est de promouvoir la coopération et
le développement dans tous les domaines de l'activité
économique, particulièrement dans ceux de l'industrie, des
transports des télécommunications, de l'énergie, de
l'agriculture, des ressources naturelles, du commerce, des questions
monétaires, des affaires sociales et culturelles avec pour objectif
d'élever le niveau de vie des peuples de cette région de
l'Afrique, d'accroître et de maintenir la stabilité
économique, de renforcer les relations entre ses membres et de
contribuer au progrès et au développement économique du
continent africain.
Depuis la signature, le 25 mai 1975, du traité de la
CEDEAO, des changements notables sont intervenus en Afrique de l'Ouest, tout
comme l'environnement extérieur a considérablement
évolué. Le protocole sur la libre circulation des personnes,
adopté par la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement en
1978, comprend l'abolition des visas, la mise en place d'un droit de
résidence et le droit d'établissement .Tout citoyen de la
Communauté, excepté celui entrant dans la catégorie des
immigrants au terme des lois et règlements en vigueur dans le pays
concerné, désirant séjourner dans un Etat membre pour une
période maximum de 90 jours, pourra entrer sur le territoire de ce Etat
membre sans avoir à présenter un document de voyage et de
certificats internationaux en cours de validité. Actuellement tous les
Etats membres ont aboli les visas et permis d'entrée. Dans le domaine
industriel, à ce jour 2627 produits industriels fabriqués par 897
entreprises de la communauté ont été agrées au
schéma de libéralisation des échanges. En plus les chefs
d'Etat et de gouvernement ont décidé que le tarif
extérieur commun de l'Union économique et monétaire ouest
africain soit étendue à l'ensemble de la CEDEAO, à la
suite d'études d'impact sur les économies et les finances
publiques des Etats non membres de l'Union économique ouest africaine.
Dans le cadre de la mise en application de cette décision, des mesures
nécessaires ont été prises pour parvenir à
l'adoption d'un tarif extérieur commun (CEDEAO/UEMOA), au cours de la
période 2005-2008. Cette préoccupation est née de la prise
de conscience que les marchés intérieurs des Etats membres pris
individuellement en raison de leur étroitesse étaient loin
d'être compétitifs, dans un environnement mondial marqué
par l'existence de grands blocs commerciaux.
Pour faciliter les échanges intra- régionaux, des
projets de construction de routes régionales, de développement de
liaison de télécommunication entre les Etats ont
été initiés. Par ailleurs les événements
intervenus dernièrement dans l'ensemble du paysage politique et
économique ouest africain ont contribué à lever
progressivement de nombreux obstacles à l'intégration. En effet
nous pouvons constater l'avènement de la démocratie dans la
plupart des pays de l'Afrique de l'Ouest et plus particulièrement aux
Sénégal et au Nigéria, ce dernier étant
l'économie dominante dans la région. Par ailleurs le
désengagement progressif de l'Etat et la prise de conscience du fait que
le secteur privé doit être le moteur de la croissance et de
l'intégration économique, ont facilité l'harmonisation
des programmes de la CEDEAO et de l'UEMOA dans le cadre de
l'accélération du processus d'intégration
régionale.
A ces objectifs économiques, l'organisation s'est adjointe
une dimension politique et militaire en se dotant d'une force d'interposition.
En effet depuis quelques années les Communauté économiques
régionales ont commencé à mettre en place des cadres
institutionnels et des mécanismes de maintien de la paix. Le
système le mieux conçu et le plus connu en Afrique c'est
certainement celui de CEDEAO. Le Groupe de contrôle de la
communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (ECOMOG),
est une force militaire d'interposition qui a été
constitué pour résoudre les conflits et maintenir la paix au sein
de la communauté. Des opérations en ce sens ont été
organisées au Libéria (1990-1999), en Sierra Léone (1997-
2000) et en Guinée (1998 -2000). L'écomog a été
créé en 1990. Il a pour mission principale de s'interposer dans
les combats, d'imposer la paix et de la maintenir. L'interposition dans les
combats se faits à la demande de tout gouvernement légalement
constitué pour empêcher qu'une situation ne
dégénère en anarchie ou lorsque des factions rebelles
tentent d'usurper le pouvoir ou de résister à l'autorité
du gouvernement légal .Ces missions visent à conclure un
cessez- le -feu entre les belligérants, à créer un climat
favorable aux négociations et à protéger les populations
civiles. Après avoir fait le bilan de cette force militaire dans le
règlement des conflits, les dirigeants de la CEDEAO ont
décidé, en 1998, de la maintenir en tant que future structure de
maintien de paix de la communauté. L'écomog agit sur instruction
des chefs d'Etat de ses pays membres.
Pour accélérer l'intégration en permettant
l'application de décisions supranationales, la CEDEAO s'est
appuyée sur un cadre institutionnel adéquat.
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