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Problématique du transfert de compétences aux communes : stratégies des acteurs et perspectives, cas des communes du ZOU

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par marc KPATCHA
Université d'Abomey-Calavi, INJEPS - Master en administration de développement communautaire 2006
  

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CADRE THEORIQUE DE LA

RECHERCHE

2-1 Revue de littérature

Le transfert de compétences et des ressources demeure l'un des chantiers inachevés de la décentralisation à cause du non transfert des responsabilités et des ressources des ministères sectoriels depuis plus de quatre ans de vie des communes. Ce transfert de compétences est perçu par les acteurs locaux et certains acteurs étatiques du processus comme une condition de réussite. Dès le début du processus, cette préoccupation a engendré un rapport conflictuel entre le pouvoir central et les communes (cas du transfert du marché Dantokpa à la municipalité de Cotonou).

Pour répondre aux objectifs de cette étude, il importe de passer en revue les différentes conceptions de la décentralisation, des études faites sur ce sujet. Les conceptions de la décentralisation que nous présentons mettent en exergue les volets tels que le transfert de pouvoirs, de compétences et de ressources aux acteurs locaux, le renforcement des capacités locales, l'apprentissage de la gouvernance participative, la lutte contre la pauvreté. Suivant certaines conceptions, la décentralisation revêt plusieurs formes : les formes démocratique et administrative.

2-1-1 Les conceptions de la décentralisation La décentralisation est vue sous plusieurs angles :

La décentralisation comme un mécanisme de transfert de pouvoirs aux institutions locales

D'un point de vue politique, la décentralisation est une réforme qui satisfait la volonté du gouvernement de même que des citoyens d'élargir le champ de la démocratie. Elle consiste en un transfert de pouvoirs, c'est-à-dire de compétences et des ressources financières nécessaires à son exercice, du niveau central (Etat) au niveau local (collectivité territoriale), et à des organes élus (Adjaho, 2002)11. Elle permet ainsi aux représentants élus des populations, de disposer d'un vaste champ d'initiatives et de responsabilités (Greffe, 1984).12

La décentralisation est définie dans cette perspective, comme tout acte à travers lequel un gouvernement central cède formellement les pouvoirs aux acteurs et institutions de niveaux inférieurs dans la hiérarchie politico-administrative et territoriale. Ce transfert de pouvoirs

11 ADJAHO, R. supra pp 21-22.

12 Cité par HOUNMENOU G.B. (2006).Décentralisation, gouvernance participative et dynamiques locales de développement, Etude de cas en milieu rural au Bénin. Thèse doctorale, université de Versailles Saint-Quentin-En-Yvelines, p51.

implique la création d'un cadre de prise de décision à l'intérieur duquel, une variété d'acteurs peut exercer une certaine autonomie (Agrawal et Ribot, 1999).13

Cette considération se retrouve dans les travaux de Adjaho (2002) qui précisent : « la décentralisation est aussi une technique d'organisation administrative par laquelle, l'Etat octroie à d'autres personnes morales de droit public, le soin de s'administrer elles-mêmes. Il s'agit pour l'Etat de créer d'autres entités infra étatiques (régions, départements ou communes), et de leur accorder dans le cadre de la loi, le droit de gérer leurs propres affaires. Ces entités infra étatiques sont des collectivités territoriales décentralisées »14. Ces travaux indiquent par ailleurs que le transfert de pouvoir peut être total. Dans ce cas, l'Etat se dessaisit complètement des pouvoirs autrefois exercés par lui. Il peut s'agir aussi d'un transfert partiel c'est-à-dire d'un partage de pouvoir. L'Etat ne se dessaisit alors que d'une partie des pouvoirs concernés. Ces deux cas existent dans de multiples domaines dans plusieurs pays. Ainsi, avec l'actuelle décentralisation au Bénin, la commune partage avec l'Etat diverses compétences, notamment celles relatives à la fourniture de certains types de services publics (éducation, santé, eau potable et assainissement, voirie...).

A travers sa dimension politique, la décentralisation traduit un cadre institutionnel et juridique à l'intérieur duquel, la fourniture à l'échelon local de biens collectifs peut s'opérer. Il s'agit d'une détermination légale de la sphère institutionnelle de production de ces biens.15

La décentralisation : facteur de rapprochement des populations des niveaux de prises de
décisions

La décentralisation rapproche les institutions de pouvoirs des citoyens. Un gouvernement représentatif est plus efficace quand il est plus près des citoyens (Stigler, 1957)16.La décentralisation est en effet perçue comme une manière de partager le pouvoir, les ressources et les responsabilités avec la population. Dans cette perspective, elle permet de rapprocher géographiquement les prises de décision des populations défavorisées voire de les rendre participatives (Schneider, 1999)17. En favorisant le rapprochement des institutions publiques des populations, elle les rend plus facilement comptables de leur gestion.

La décentralisation permet ainsi, un contrôle de proximité des administrations publiques (Ebel et Yimaz, 2001)18.

13 Op cit

14 ADJAHO, R. supra p22.

15 HOUNMENOU, B. G. supra p 52

16 Ibid

17 HOUNMENOU, B. G. op. Cit. p53

18 Cité par HOUNMENOU, B. G. p 53

La décentralisation favorise par ailleurs une structuration organisationnelle au plan local, notamment, au niveau de la société civile et du secteur privé (Requier-Desjardins, 2000)19.

La décentralisation : facteur de participation et de renforcement des capacités des
populations et moyen de lutte contre la pauvreté

A travers le principe de participation, la décentralisation peut être aussi considérée comme un moyen de lutte contre la pauvreté. Selon Sen (1981), la pauvreté n'est pas seulement une question de faible niveau de revenu. Elle est aussi un manque de maîtrise des pauvres sur leur destin et les décisions qui les concernent. En impliquant les populations locales dans la prise de décisions et la gestion des affaires les concernant, la décentralisation répond à une volonté de réduction de la pauvreté. L'implication des acteurs locaux dans les initiatives concourant à leur bien-être collectif répond à cet objectif20.

La lutte contre la pauvreté constitue une mission qui relève indéniablement du ressort des politiques locales. Pauly (1973)21 indique à cet effet que, c'est surtout à l'échelle locale que les acteurs se préoccupent davantage de la pauvreté. Au Bénin, les priorités actuellement retenues par plusieurs communes dans leur plan de développement prennent en compte des initiatives liées à l'amélioration de l'accès des populations à l'éducation de base, aux soins de santé et à l'eau potable. Ces initiatives figurent parmi les priorités inscrites dans la stratégie nationale de réduction de la pauvreté (CNDLP, 2004)22.

La décentralisation : facteur d'amélioration de la capacité d'action collective et outil
d'apprentissage de la gouvernance

Selon Shah (1998)23, la décentralisation s'inscrit dans une réflexion sur la gouvernance. Celle-ci ne se réduit pas à l'action des institutions gouvernementales nationales. Elle implique leur interaction avec non seulement les différents niveaux territoriaux, mais également l'ensemble des institutions représentatives de la société civile ainsi que le secteur privé qui doivent s'engager dans un partenariat pour le développement.

19 Cité par HOUNMENOU, B. G. supra p 53.

20 Cité par HOUNMENOU, B. G. supra p 54

21Jbid

22 CNDLP : Commission Nationale pour le Développement et la Lutte contre la Pauvreté. 23. Cité par HOUNMENOU, B. G. supra p 55

Fondamentalement, la décentralisation vise à atteindre l'un des principaux objectifs de la bonne politique qui se traduit par la démocratisation ou le principe que les hommes auraient un mot à dire dans la gestion de leurs affaires. En ce sens, la décentralisation est une stratégie de gouvernance pour faciliter le transfert de pouvoirs tout près de ceux qui sont les plus affectés par son exercice (Agrawal et Ribot, 1999).

En favorisant la participation des populations dans la gestion de leurs affaires et dans leur contrôle au plan local, la décentralisation crée les conditions liées à l'apprentissage de la gouvernance locale. La participation et la possibilité de contrôle au niveau local peuvent en effet permettre une familiarisation avec les modes de fonctionnement, ainsi qu'un apprentissage de la gouvernance (Schneider, 1999).

Décentralisation pour une amélioration des services aux populations

La décentralisation accompagne l'amélioration des services en dispensaires, salles de classes et les installations locales de distribution d'eau et d'électricité aux populations. C'est précisément l'enjeu du transfert des responsabilités.

La Banque Mondiale fait remarquer que le fait de décentraliser ne signifie pas en soi une transformation du mode de fourniture des services. Tout dépend des motivations de la décentralisation qui est principalement un acte politique visant une grande autonomie régionale. La décentralisation des services est un sous-produit (Banque Mondiale, 2004)24.

Selon un constat fait par les services de la Banque Mondiale en Ouganda, les taux de scolarisation ont stagné malgré l'augmentation considérable des dépenses de l'Etat dans l'enseignement primaire. Cela a conduit à vérifier si l'argent investi parvenait effectivement aux écoles. Les enquêtes ont révélé que 87% des ressources destinées aux écoles en dehors des salaires étaient en réalité consacrées à d'autres usages.

L'impact de la décentralisation sur les services se complique lorsque les objectifs politiques, budgétaires et administratifs ne sont pas poursuivis simultanément ou de manière solidaire. L'expérience de la décentralisation dans huit pays d'Amérique latine laisse penser que ce sont souvent les objectifs politiques qui ont servi de déclencheur mais que par la suite les chemins ont divergé (Banque Mondiale, 2004)25.

24 Banque Mondiale. (2004). Rapport sur le développement dans le Monde, Des services pour les pauvres. Editions ESKA p 217.

25 Banque Mondiale supra p 218.

C'est dans cette perspective que Frank et al (2003)26 apportent à notre connaissance que là où la décentralisation a été motivée principalement par des objectifs politiques (comme en Equateur, au Pérou et au Venezuela), le transfert de ressources a souvent été significatif, mais, le transfert des responsabilités à été plus difficile à mener à bien. Là où la décentralisation politique a été associée à l'autonomie budgétaire régionale et motivée par cette idée, d'une manière complexe mais avec un décalage (comme en Argentine et au Brésil), des crises économiques et politiques se sont produites, en raison de l'incapacité du centre à imposer une discipline budgétaire aux autorités locales. En Colombie, bien que la décentralisation ait été initialement motivée par des considérations politiques, les ajustements budgétaires et administratifs ont été plus profonds, et dans les systèmes budgétaires et administratifs, des ajustements cycliques ont souvent eu lieu.

De cette expérience latino américaine, on peut retenir que les pouvoirs politiques budgétaires et administratifs ne sont pas nécessairement transférés d'une manière simultanée ni selon un ordre cohérent.

Il faut que la décentralisation touche le dispensaire, la salle de classe et les installations locales de distributions d'eau et d'électricité de telle sorte que des opportunités soient créées de renforcer la responsabilité entre citoyens, hommes politiques ou décideurs et prestataires (Banque Mondiale, 2004)27.

C'est surtout lorsqu'il existe un bon équilibre entre le financement central et local que la décentralisation peut déboucher sur un système de contrôle mutuel pouvant motiver à la fois le gouvernement central et les autorités locales à faire en sorte que les services fonctionnent bien localement. Mais, le progrès de l'obligation de rendre compte risque de ne pas avoir lieu et les avantages de la décentralisation risquent d'être manqués si les incitations budgétaires et autres, qui sous-tendent la relation entre le centre et les autorités locales, ne sont pas en phase, de sorte que le système de contrôle soit inefficace (Banque Mondiale, 2004)28.

Une étude faite par Galiani et Schargrosky (2002)29 portant sur le transfert de la responsabilité des établissements d'enseignement secondaire aux provinces en Argentine, entre 1994 et 1998, a montré que si les moyennes aux examens étaient en hausse, les progrès étaient bien plus faibles lorsque les écoles étaient transférées à des provinces très mal gérées.

Ainsi, pour que la décentralisation atteigne les salles de classe, les dispensaires, les hôpitaux et les services de travaux publics d'une manière propre à accroître l'obligation de rendre compte et l'efficacité des services, trois domaines sont essentiels : la finance au niveau sous-

26 Cité par Banque Mondiale op. Cit. p 219.

27 Ibid

28 Ibid

29 Cité par Banque Mondiale. Supra pp 219-220

national, la division des responsabilités administratives entre le centre et les autorités locales et la capacité locale (Banque Mondiale, 2004)30.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld