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Problématique du transfert de compétences aux communes : stratégies des acteurs et perspectives, cas des communes du ZOU

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par marc KPATCHA
Université d'Abomey-Calavi, INJEPS - Master en administration de développement communautaire 2006
  

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2-1-2 Typologie de la décentralisation

Rondinelli et al (1983)31 considèrent la décentralisation comme un mécanisme de transfert de l'autorité et de la responsabilité des fonctions publiques, des institutions infranationales ou autonomes. Elle constitue un acte par lequel, un gouvernement cède formellement des pouvoirs à des acteurs et à des institutions de niveau inférieur, dans la hiérarchie politico-administrative et territoriale (Ribot, 2002)32.

De ce fait, sans une compréhension de la nature des pouvoirs transférés aux différents acteurs et des conditions d'exercice des responsabilités qui y sont liées, il n'est pas aisé d'appréhender la mesure dans laquelle une décentralisation significative a lieu. Le sens dans lequel s'oriente la responsabilité des acteurs qui exercent les pouvoirs transférés revêt une grande importance dans la compréhension du type de décentralisation en cause. Dans cette perspective, deux principaux types de décentralisation sont distingués dans la littérature : la décentralisation politique et administrative ou décentralisation au sens commun dont il est surtout question ici et la décentralisation technique.

· La décentralisation politique et administrative

Dans la décentralisation politique et administrative, les pouvoirs sont transférés aux acteurs ou institutions qui sont imputables (comptables ou responsables) devant les populations dans leur juridiction. Dans ces conditions, les élections sont perçues comme le mécanisme qui assure l'imputabilité dans la décentralisation politique et administrative. L'élément primordial dans le fonctionnement des collectivités territoriales décentralisées est une autonomie plus ou moins forte par rapport au pouvoir central (Adjaho, 2002)33

· La décentralisation technique

30 Ibid

31 Ibid

32 Ibid

33 ADJAHO, R. supra p22.

La décentralisation technique selon Adjaho (2002)34 concerne essentiellement les établissements publics. Elle vise à les soustraire aux règles habituelles de fonctionnement de l'administration afin de leur assurer une plus grande efficacité. L'établissement public est une personne morale de droit public, doté de l'autonomie financière et généralement chargé d'une mission de service public. Ces collectivités particulières disposent de l'autonomie mais pas de territoire. Tel est le cas des hôpitaux, des lycées, des universités, de certains offices qui jouissent d'une réelle autonomie de gestion.

La décentralisation est souvent confondue avec la déconcentration. Mais, il convient de retenir que la déconcentration n'est qu'une manière d'organiser la présence effective du pouvoir central dans les différentes localités d'un pays.35

2-1-3 L'état des travaux sur le transfert des compétences.

Plusieurs auteurs ont consacré des recherches sur le transfert de compétences et des ressources aux collectivités locales. Leurs travaux ne se sont pas appesantis exclusivement sur ce volet mais sur toute la réforme sur la décentralisation où ils apportent des contributions à cette étape de la décentralisation.

Ainsi, Mback (2003)36 expose que la définition des compétences communales dans le cadre des réformes sur la décentralisation a respecté les principes classiques en matière de transfert de compétences à savoir le principe de subsidiarité, le principe d'équilibre et le principe d'égalité.


· Le principe de subsidiarité

Il y a plusieurs définitions de ce principe. Selon une étude du Secrétariat d'Etat français à la coopération, ce principe signifie que chaque composante du bien commun doit être gérée par l'entité qui lui est la plus proche. Seul ce qui ne peut être bien géré à ce niveau doit être transféré au niveau supérieur.37

Le principe de subsidiarité est d'origine ancienne. Les prémices de l'idée de subsidiarité, sont redevables des écrits d'Aristote, ensuite de Saint Thomas d'Aquin. Partant de l'inaliénabilité des droits humains, ce dernier soutient que « la personne humaine est supérieure en valeur à la société ». Il s'en suit que, partout où la personne peut agir, la société ne devrait pas se substituer à elle. Ainsi, de la famille à la cité en passant par le village, les tâches se superposent et ne se

34 ADJAHO, R. op. Cit. pp23-24.

35 ADJAHO, R. op. Cit. pp 25.

36 MBACK, C. N. (2003). Démocratisation et décentralisation, Genèse et dynamiques comparés des processus de décentralisation en Afrique Subsaharienne. Editions Karthala, PDM, p 399.

37 Cité par MBACK N.C. op. cit. p 400.

recoupent pas. Seul le principe de suppléance doit guider le partage des tâches à chaque niveau « l'autorité la plus haute (...) ne doit intervenir que là précisément où la plus petite ne peut plus pourvoir. Chaque instance n'est que supplétive par rapport aux instances les plus petites ». Ainsi, le principe de subsidiarité entend valoriser les acteurs de proximité par rapport aux instances éloignées.38

La meilleure tendance dans la répartition des compétences serait dans le sens de la prise en charge des problèmes locaux et quotidiens par les collectivités locales, sauf si cette prise en charge nécessite des moyens financiers ou techniques hors de leurs capacités, comme c'est souvent le cas pour certains services tels que la production et la distribution de l'eau potable, de l'électricité, ou la mise en place de réseaux de télécommunications (Mbassi, 1994)39.

Le critère de subsidiarité serait en Afrique essentiellement déterminé par les moyens matériels, financiers et techniques nécessaires pour exercer une compétence (Mback, 2003).

· Le principe d'équilibre

Le principe d'équilibre part du souci que l'Etat ne doit pas sous le couvert des transferts de compétences, se contenter de décharger sur les collectivités locales des tâches qu'il n'arrive plus à effectuer pour des raisons diverses (Mback, 2003)40. Il serait, dans ce cas, à peu près certain que ces tâches n'auraient pas plus de chance d'être effectuées par leurs nouveaux responsables qu'elles n'en ont eu sous la responsabilité de l'Etat. Ce principe veut établir un équilibre entre les nouvelles compétences locales (et les charges qu'elles impliquent) et les moyens dont peuvent disposer leurs bénéficiaires pour les assumer. Ce principe est traduit par des dispositions législatives exigeant que tout transfert de compétences soit accompagné d'un transfert concomitant de ressources ou de moyens pour les exercer. Toutefois, la consécration de ce principe au Bénin est l'oeuvre de la jurisprudence (Mback, 2003).41

· Le principe d'égalité de toutes les collectivités locales

Ce troisième principe postule une égalité juridique entre les collectivités locales. Cette égalité est établie, à la fois, entre les collectivités d'une même catégorie et entre les collectivités relevant de catégories différentes. Il est traduit, au plan normatif, par l'interdiction de toute tutelle, de quelque forme que ce soit, d'une collectivité locale sur une autre. Le Bénin n'ayant institué

38 Cité par MBACK N. C. op. cit. p401.

39 Ibid

40 MBACK, C. N. op. cit. p 406.

41 MBACK, C. N. supra p 406.

qu'un seul niveau de décentralisation, le législateur n'a pas cru devoir insister sur ce principe de non tutelle (Mback, 2003)42.

Ce sont surtout ces trois principes qui fondent l'orientation donnée à cette étude qui n'est pas de faire l'état du transfert des compétences au niveau d'une seule commune mais de s'intéresser à toutes les communes pour aborder la question en termes de stratégies que les acteurs mettent en place depuis l'installation effective des communes.

D'autres auteurs contemporains ont apporté leurs contributions à la question de transfert de compétences aux communes.

Dèhoumon (2006)43 a fait remarquer que « la décentralisation n'est pas un simple transfert de charges. Une décentralisation synonyme de transfert de compétences sans le transfert des ressources est de toute évidence un simple transfert de charges. A chaque compétence transférée doit correspondre le transfert concomitant de ressources qui jadis étaient affectées à la compétence transférée. Ainsi, il ne s'agit pas de transférer la construction des écoles primaires aux communes, sans transférer également les ressources que l'Etat utilisait pour construire ces écoles. Il ne s'agit donc pas pour l'Etat, de se décharger sur les collectivités locales, mais de faire réaliser par ces dernières dans de meilleures conditions de rationalité, de rentabilité et d'efficacité, certaines tâches qu'il exécutait jusque là. En d'autres termes, les compétences transférées sont financées par les moyens que l'Etat consacrait auparavant à l'exercice même de ces compétences. Ce qui n'empêche pas les collectivités de chercher à mobiliser des ressources nouvelles qui auraient été inaccessibles pour l'Etat ».

Langley et al (2006)44 consacrent leurs efforts à l'évaluation des trois ans du processus de décentralisation au Bénin. Cette recherche a mis l'accent sur les préalables à faire. Pour ces auteurs, le transfert des compétences et des ressources aux communes suppose une modification de l'approche. Ensuite, il faut un renforcement des compétences des services déconcentrés pour qu'ils puissent apporter leurs concours aux communes qui le demandent, notamment pour réaliser les tâches de maître d'ouvrage et de gérant du parc des infrastructures et équipements. Ces changements doivent s'insérer dans une restructuration des ministères techniques et s'accompagner d'une révision des stratégies sectorielles, d'une nouvelle répartition des tâches et du réaménagement des procédures. Il faudrait aussi une véritable volonté de la part de l'Etat central pour opérer ce transfert de compétences.

42 MBACK, C. N. op. cit. p 409.

43 DEHOUMON, S. P. (2006). La décentralisation entre risques et espoirs. Editions COPEF, Cotonou, pp 39-40.

44 LANGEY, P. MONDJANAGNI, A. FADE, B. GBEDO J. E. ADAMOU, B. Z. et ALIDOU, M (2006). Les premiers pas des communes au Bénin : Enseignements du processus de la décentralisation. Institut Royal des Tropiques (KIT), Amsterdam, p 59.

Pour réaliser ces préalables, la contribution de tous les acteurs est nécessaire parce qu'ils partagent des responsabilités dans la réussite du processus.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery