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Problématique du transfert de compétences aux communes : stratégies des acteurs et perspectives, cas des communes du ZOU

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par marc KPATCHA
Université d'Abomey-Calavi, INJEPS - Master en administration de développement communautaire 2006
  

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2-2 Modèle d'analyse de la recherche

Le sujet de ce mémoire nous a conduit à nous appuyer sur la théorie de l'analyse des organisations telle qu'elle a été présentée par Michel Crozier et Erhard Friedberg dans leur ouvrage collectif « l'acteur et le système »45 et appuyé par les travaux de Gouda (1986)46. Notre démarche obéit à trois niveaux d'analyse à savoir le raisonnement systémique et le raisonnement stratégique d'une part et d'autre part le rapport à l'environnement.

Tout d'abord, les deux premiers niveaux d'analyse que nous venons d'évoquer sont à la fois complémentaires contradictoires et convergents47. Ils sont complémentaires de façon fondamentale, car sans le raisonnement systémique le raisonnement stratégique ne dépasse guère l'interprétation phénoménologique et sans ce dernier, le raisonnement systémique reste spéculatif et déterministe.

Opposés, ils le sont aussi dans la mesure où le raisonnement systémique se veut comme une analyse logique de finalité et de cohérence à savoir déductive alors que le raisonnement stratégique suppose un schéma de marchandage et de calcul personnel, c'est-à- dire fondé sur une logique inductive.

Comme l'explique Crozier M. et Friedberg E. eux-mêmes, la séparation de ces deux démarches conduit à des résultats divergents (c'est leur opposition évidente). Elles peuvent atteindre leur convergence à condition de recourir au concept de « jeu » pour les intégrer à une même référence. Mais, le jeu comme concept nous servira de modèle d'intégration des comportements humains ce qui suppose une vision dualiste du champ des rapports sociaux.

« Sont entretenues ensemble et non réconciliées les deux orientations contradictoires, celle de la stratégie égoïste de l'acteur et celle de la cohérence finalisée du système »48.

Le troisième niveau d'analyse prend en compte l'environnement. Pour notre part, le concept d'environnement dépassera le cadre défini dans la théorie dont nous nous servons à savoir l'environnement proche et significatif (environnement pertinent) pour considérer

45 Crozier, M. et Friedberg, E. (1977). L'acteur et le système, les contraintes de l'action collective, édition du Seuil, Paris.

46 GOUDA, S.(1986). Analyse organisationnelle des APS dans un pays d'Afrique noire : le Bénin, thèse de doctorat de 3è cycle, Université Scientifique, Technologique et Médicale de Grenoble 1, 433 pages.

47 Ibidem

48 Crozier, M. et Friedberg, E. OP CIT. p 204.

notamment les phénomènes économiques, politiques, culturels, anthropologiques lesquels constituent un univers hostile aux processus de changement brutaux au Bénin à travers la décentralisation qui est conditionnée par un transfert effectif des compétences et des ressources aux communes.

En somme, on peut dire que notre démarche vise à analyser les différentes stratégies développées par les acteurs concernées par le transfert de compétences et de ressources à la lumière de l'analyse systémique, l'analyse stratégique et du rapport à l'environnement.

Le transfert de compétences met aux prises deux acteurs. Il s'agit de l'Etat et des communes. L'Etat détenait la plénitude de ses compétences et des ressources pour l'exercer dans le cadre de la déconcentration. En matière de décentralisation, une partie de ces compétences et ressources est transférée aux communes dirigées par des autorités locales élues.

Ces acteurs du transfert de compétences seront alors appréhendés à travers le modèle d'analyse de Crozier et Friedberg en termes de participants à une action collective. Une action collective est une action organisée des hommes (Crozier et Friedberg, 1977)49. Ces hommes forment ce que l'on appelle un système. Pour Crozier et Friedberg « un système est un ensemble dont toutes les parties sont interdépendantes, qui possède donc un minimum de structuration, ce qui le distingue du simple agrégat, et qui dispose en même temps de mécanisme qui maintient cette structuration et qu'on appelle mécanisme de régulation »50. La conceptualisation de l'action collective se fait à travers l'analyse des systèmes d'action concret. Un système d'action concret selon Crozier et Friedberg est « un ensemble humain structuré qui coordonne les actions de ses participants par des mécanismes de jeux relativement stables et qui maintient sa structure c'est-à-dire la stabilité de ses jeux et les rapports entre ceux-ci, par des mécanismes de régulation qui constituent d'autres jeux » (Crozier et Friedberg, 1977)51. A l'intérieur d'un système d'action concret les acteurs participent à des jeux dirigés par certains objectifs plus spécifiques.

Selon Gouda « la régularité du comportement empirique observé est le fondement inféré par la stratégie de l'acteur. La stratégie est ainsi liée à la faculté de l'acteur à saisir les opportunités pour accroître ses gains et minimiser ses pertes, ne peut se comprendre par

49 CROZIER, M. FRIEDBERG, E. (1977). L'acteur et le système. Editions le Seuil, Paris, p13.

50 Op. Cit. p243.
51Op. Cit. p 247.

rapport aux motivations ni même par rapport aux résultats obtenus par lui » (Gouda, 1997)52. L'utilisation qui est faite des règles fait partie de l'ensemble des stratégies que les différents acteurs utilisent pour atteindre leurs fins.

Le concept de pouvoir est nécessaire pour éclairer l'acteur et sa stratégie (Gouda, 1997)53. Selon Crozier et Friedberg, le pouvoir institue une relation d'échange, donc de négociation dans laquelle deux personnes au moins sont engagées. C'est une relation instrumentale c'est-à-dire conçue dans la perspective d'un but à atteindre nécessitant de la part des personnes concernées l'engagement de ressources de tout genre. Le pouvoir est donc une relation, et non pas un attribut des acteurs (Crozier et Friedberg, 1977)54. C'est le rapport de force dont l'un peut retirer davantage que l'autre, mais où, également, l'un n'est jamais totalement démuni face à l'autre (Crozier et Friedberg, 1977)55.

Par ailleurs, c'est le jeu qui permet à l'acteur d'intégrer sa stratégie dans l'organisation (Gouda, 1997)56. Par définition, le jeu est l'instrument que les hommes ont élaboré pour régler leur coopération. C'est l'instrument essentiel de l'action organisée. Le jeu concilie la liberté et la contrainte. Le joueur reste libre. Mais doit s'il veut gagner, adopter une stratégie rationnelle en fonction de la nature du jeu et respecter les règles de celui-ci (Crozier et Friedberg, 1 977)57.

Cette définition du système d'action concret et des notions associées nous permet de nous intéresser aux différents acteurs engagés dans le transfert de compétences. Il s'agit d'apprécier les stratégies que développent ces acteurs concernés par le transfert de compétences.

2-3 Problématique

La question du transfert de compétences et des ressources est au coeur de toute réforme décentralisatrice. Au Bénin, comme dans la plupart des pays de la sous-région, deux acteurs sont directement concernés par le transfert de compétences et des ressources (Adjaho, 2002). Il s'agit de l'Etat central qui se trouve à la tête de l'organisation de l'administration territoriale et la commune, l'entité de base de cette organisation. L'article 3 de la loi 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l'Administration Territoriale de la République du Bénin définit

52GOUDA, S. (1997). Etats, Sports et politiques en Afrique noire Francophone : cas du Bénin, du Congo, du Niger et du

Sénégal. Thèse de doctorat de l'Université Joseph FOURIER de GRENOBLE, p93.

53 ibid

54 CROZIER, M. et FRIEDBERG, E. Op. Cit. P56.

55 Op. Cit. p59.

56 GOUDA, S. Op. Cit. p93.

57 CROZIER, M. et FRIEDBERG, E. Op. Cit. p 97.

entre autre que des lois et règlements déterminent la répartition des compétences entre les collectivités et l'Etat ainsi que la répartition des ressources publiques. C'est dans cette perspective que la loi 97-029 du 15 janvier 1999 vient préciser en son article 82 que : «La commune dispose de compétences qui lui sont propres en tant que collectivité territoriale décentralisée. Elle exerce en outre, sous le contrôle de l'autorité de tutelle, d'autres attributions qui relèvent des compétences de l'Etat. Elle concourt avec l'Etat et les autres collectivités à l'administration et à l'aménagement du territoire, au développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique ainsi qu'à la protection de l'environnement et l'amélioration du cadre de vie ».58 Cette loi reconnaît que les compétences et les ressources sont transférées aux communes. Depuis l'installation des communes en février-mars 2003, seulement une partie des compétences est transférée aux communes. L'essentiel des compétences des ministères ne l'est pas encore dans la réalité. Mais, les acteurs n'ont pas manqué de prendre des dispositions.

Les communes créent en novembre 2003 L'ANCB pour mieux défendre leur droit. Au lendemain de la première édition des Journées Nationales des communes du Bénin du 02 au 04 Décembre 2004 portant sur le thème : « Transfert des compétences de l'Etat central aux communes : Enjeux, opportunités et défis pour les communes dans le contexte de la décentralisation au Bénin » les Maires ont transmis à l'Etat un mémorandum (voir annexe).

L'Etat a, depuis 2003, commencé par une série de communication introduite en conseil des ministres notamment la communication n°1236/2003 relative au plan d'action sur les modalités de transfert des compétences et des ressources aux communes, la communication n°144/04 relative à la nécessité de proposer une meilleure stratégie de mise en oeuvre du transfert de compétences.

Il faut ajouter la création par arrêté N°06/MCPPD/MISD/FME/DC/SGM/SA du 27 janvier 2005 d'un comité chargé de proposer au gouvernement les modalités et calendrier de transfert effectif des compétences, la création par arrêté n°493/MDEF/MSPCL/MDITPU/MTFP du 16 juin 2006 d'un autre comité chargé d'examiner les modalités de transfert de compétences aux communes (Municipal, 2007). Le rapport de ce comité est achevé et sera validé lors du forum bilan de la décentralisation.

Ainsi, l'organisation de l'Administration Territoriale vue à travers le transfert de compétences fait intervenir des acteurs interdépendants (Etat, communes). Ces acteurs sont engagés dans un ensemble de jeux structurés qui représentent quelques actions citées ci-

58 Mission de Décentralisation. (2006). Recueil des lois sur la Décentralisation. P33.

dessus qu'ils mènent par rapport à l'action collective (transfert de compétences et de ressources) pour laquelle ils travaillent. Les jeux sont régulés par les règles de jeux. Ces règles sont représentées par la loi 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l'Administration Territoriale et la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes. L'utilisation que ces acteurs font de ces règles fait partie de la stratégie qu'ils utilisent pour atteindre leurs fins. L'organisation de l'Administration Territoriale constitue une structure de l'action collective et constitue un système de pouvoir. Le pouvoir est la capacité d'un acteur à structurer les processus d'échange plus ou moins durables en sa faveur, en exploitant les contraintes (les règles) et opportunités (les non dits des règles) de la situation pour imposer les termes de l'échange favorable à ses intérêts. L'étude des relations de pouvoir permet de dégager des stratégies d'actions relativement stables. La stratégie des acteurs représente leur position, leur parti dans le jeu. Les stratégies des acteurs sont fonction de leurs intérêts mais aussi de leurs ressources.

Cette problématique nous amène à formuler les questions de recherche suivantes :

Les stratégies développées par ces acteurs ont-elles permis d'atteindre l'objectif de transfert de compétences aux collectivités locales ?

Prenant en compte la diversité des intérêts de ces acteurs, comment insuffler une dynamique nouvelle pour rendre effectif le transfert de compétences ?

Il s'agit de façon spécifique :

- de comprendre dans la réalité les stratégies développées par les acteurs impliqués dans le transfert de compétences ;

- d'identifier les obstacles qui handicapent le transfert des compétences;

- d'esquisser quelques approches de solutions en vue d'un transfert de compétences effectif et durable.

2-4 Hypothèse

Pour atteindre les objectifs assignés à cette recherche, notre étude se fonde sur l'hypothèse suivante :

Les stratégies développées par les acteurs concernés par le transfert de compétences ne permettent pas ce transfert.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams