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L'accès aux médicaments et le droit des brevets

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par Magloire AKOGBETO
Université Jean Moulin Lyon 3 - Master droit et management des structures sanitaires et sociales  2005
  

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1.2.1.2. Impact des génériques sur le droit

Deux points importants seront abordés : la violation du droit des marques et les questions de responsabilité.

1.2.1.2.1. Substitution et violation du droit des marques

La substitution peut entraîner une violation du droit des marques tant dans le chef du médecin que du pharmacien. Si le médecin ne prescrit pas en fonction d'une substance mais d'une marque et que le pharmacien se fonde sur la marque pour délivrer un médicament générique sans en informer explicitement le patient et sans requérir son accord, il y a là une violation du droit des marques, droit qui est protégé entre autres par la Convention uniforme Benelux sur les marques. La loi nationale sur la substitution ne change en rien l'application du droit supranational de marque. Deux réglementations entrent ici en conflit et créent une incertitude juridique permanente pour les intéressés.

Par ailleurs, la substitution permet à un produit d'une autre marque de profiter du succès ou de la renommée de la marque substituée. Cette situation aboutit à un certain

104 Cf. Débats parlementaires, séance du 29 octobre 1998, JO AN (CR) n° 91 du 30 octobre 1998, p. 7695.

parasitisme, une pratique que condamne et réprime la loi du 14 juillet 1991 sur les pratiques du commerce, et sur l'information et la protection du consommateur.

Quels sont les problèmes soulevés en matière de responsabilité ?

1.2.1.2.2. Les questions de responsabilité

L'introduction de la substitution remet en question les responsabilités respectives des producteurs, des médecins, des pharmaciens et des pouvoirs publics et pourrait engendrer de nouveaux conflits de responsabilité : comment se répartiraient les responsabilités si un effet indésirable survenait à la suite d'une substitution? C'est surtout dans le cas de traitements à long terme et de maladies chroniques que la substitution pourrait provoquer de tels problèmes de responsabilité.

Nous aborderons brièvement les points spécifiques en matière de substitution qui pourraient mettre en jeu la responsabilité du prescripteur et celle du pharmacien sur laquelle nous mettrons un accent particulier.

a) La responsabilité du prescripteur en cas de substitution

La substitution porte atteinte à la liberté thérapeutique du médecin. Elle va à l'encontre des actions entreprises par les pouvoirs publics pour attirer l'attention des médecins sur leur comportement de prescription. Comment peut-on attendre d'un médecin qu'il endosse la responsabilité de sa prescription si des tiers ont la faculté de la modifier? L' étude de la responsabilité du pharmacien pourra nous situer davantage.

b) La responsabilité du pharmacien en matière de substitution

En ce qui concerne la responsabilité du pharmacien, il convient d'insister sur le fait qu'elle n'est globalement pas modifiée : le prescripteur conserve toute la responsabilité de sa prescription, puisqu'il a choisi le principe actif, le dosage, la posologie, la durée du traitement ; le pharmacien demeure quant à lui responsable de la dispensation, c'est à dire du contrôle de la prescription et de son exécution. Reste toutefois la question des fameux "excipients à effet notoire" (EEN).

La responsabilité du pharmacien peut être engagée en cas d'infraction aux nouvelles dispositions relatives au droit de substitution (défaut de mentions sur l'ordonnance, délivrance d'un générique hors de répertoire de l'AFSSAPS...)

Ces infractions sont passibles des peines prévues à l'article L. 518 du Code de la santé publique puisque figurant au chapitre Ier du titre I.

La responsabilité du pharmacien peut également être engagée lors de la délivrance d'un générique contenant des excipients à effet notoire105mentionnés dans le répertoire différents de ceux du produit prescrit. En effet, si elle ne constitue pas une infraction aux dispositions relatives au droit de substitution, elle peut néanmoins engager sa responsabilité contractuelle lorsqu'elle cause un dommage au patient. C'est pourquoi, lors de la substitution par une spécialité générique contenant des excipients à effet notoire mentionnés, mais inexistants dans la spécialité prescrite par le médecin, le directeur de l'AFSSPS recommande au pharmacien de ne procéder à la substitution qu'après l'interrogatoire du patient106. Cet interrogatoire doit lui permettre d'apprécier si l'utilisateur ne présente pas le risque de survenue d'effets liés à ces EEN. Ce qui nous paraît très délicat.

S'agissant des dépassements des 50 centimes dont nous avons parlé plus haut, une pénalité financière est prévue en cas de substitution entraînant un surcoût pour l'assurance maladie. Ainsi, dans l'exercice du droit de substitution, le fait d'imposer à la sécurité sociale une dépense supplémentaire supérieure à 50 centimes, oblige le pharmacien à reverser le surcoût qui ne saurait, dans tous les cas, être inférieur à un montant forfaitaire fixé à 100 francs107.

c) Vers un régime de coresponsabilité ?

Les responsabilités respectives du médecin, du pharmacien et de l'Etat ne sont pas mises au clair. La problématique sous-jacente portant sur la mise en oeuvre de la responsabilité des professionnels dans le cadre du droit de substitution, n'est pas tranchée.

105 Les EEN sont définis comme « tout excipient dont la présence peut nécessiter des précautions d'emploi pour certaines catégories particulières de patients » Cf. C. santé publ., art. R. 5143-8 II modifié par l'article 2 du décret n° 99-486 du 11juin 1999 relatif aux spécialités génériques et au droit de substitution du pharmacien, JO du 12 Juin 1999.

106 Cf. JO du 16 janvier 2000.

107 Arrêté du 11 juin 1999 relatif à la neutralité financière de l'exercice du droit de substitution au sein d'un groupe générique, art. 2, JO du 12 juin 1999. 1. Séance du 16 novembre 1998, JO Sénat du 17 novembre 1998, n° 79 S (CR), p. 4499.

Le système mis en place permet-il d'identifier clairement les responsabilités thérapeutiques de chacun : médecins, pharmaciens, Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé ?

Le médecin et le pharmacien sont-ils coresponsables du choix de la prescription indiquée sur l'ordonnance, l'un pour avoir établi l'ordonnance, l'autre pour avoir délivré le médicament substitué ? L'intervention de la responsabilité conjointe du médecin et du pharmacien ne risque-t-elle pas de créer des situations délicates et de provoquer des contentieux ? C'est là autant d'interrogations qui méritent d'être approfondies dans un cadre plus spécifique que le nôtre. En ce qui nous concerne, nous allons examiner à présent les obstacles à l'essor des génériques

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