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Répression de la cybercriminalité à  l'ère du code congolais du numérique: étude comparative entre les droits français et congolais


par Henri Thomas Lupantshia Kangomba
Université officielle de Mbujimayi - Licence/Master en Droit  2024
  

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SECTION 2. LES PROCÉDURES COMPARÉES

L'étude comparative des procédures de répression et des autorités compétentes en matière de répression de la cybercriminalité entre le droit français et le droit congolais à l'ère de l'ordonnance-loi n° 023/10 du 13 mars 2023 portant Code Congolais du Numérique (CCN) met en lumière des approches distinctes en termes de structure judiciaire, de mécanismes d'enquête et de coopération internationale. Cette analyse explore les différences et similitudes entre les deux systèmes législatifs et leurs procédures de répression.

§1. Contexte législatif et procédure de répression 1.1. Le droit français

En France, la répression de la cybercriminalité repose sur un système juridique structuré qui prévoit des procédures spécifiques pour l'enquête et la répression des infractions numériques. Les principales procédures sont les suivantes:

1.1.1. La procédure pénale classique: Les infractions de

cybercriminalité, comme l'accès frauduleux à un système informatique, la fraude informatique, ou la diffusion de virus, sont poursuivies dans le cadre de la procédure pénale traditionnelle. Le Code de procédure pénale (CPP) prévoit l'enquête et l'instruction, avec des mesures adaptées aux particularités de la cybercriminalité.

1.1.2. Les enquêtes préliminaires et judiciaires: Les cyber

enquêtes peuvent être menées par la gendarmerie nationale ou la police nationale, qui disposent d'unités spécialisées, telles que la police judiciaire numérique. Ces unités ont des compétences particulières pour mener des investigations techniques et recueillir des preuves numériques.

En cas de cybercriminalité grave, les affaires peuvent être transmises à des juridictions spécialisées, comme le Tribunal judiciaire ou, pour les affaires plus complexes, à la Cour d'appel.

La coopération internationale: La France, en tant que membre de l'Union européenne, d'Europol et d'Interpol, est fortement impliquée dans la coopération internationale pour lutter contre la cybercriminalité. Les autorités françaises peuvent demander des informations ou des poursuites dans d'autres pays et participer à des enquêtes transfrontalières.

1.2. Le droit congolais (RDC)

Le Code Congolais du Numérique (CCN), adopté par l'ordonnance-loi n° 023/10 du 13 mars 2023, met en place un cadre juridique pour la répression des infractions numériques en République Démocratique du Congo. Toutefois, la procédure de répression en RDC présente certaines spécificités:

1.2.1. Procédures d'enquête et de répression: En RDC, les

infractions numériques sont également réprimées par la procédure pénale traditionnelle, mais avec des adaptations spécifiques pour les crimes informatiques. L'ordonnance-loi du 13 mars 2023 prévoit la mise en place de procédures adaptées aux spécificités de la cybercriminalité, mais leur mise en oeuvre demeure un défi en raison des ressources limitées.

1.2.2. Les autorités compétentes:

Les unités spécialisées de la Police Nationale Congolaise (PNC) et du Renseignement militaire sont en charge des enquêtes liées à la cybercriminalité. Cependant, la capacité de ces unités à traiter les affaires complexes de cybercriminalité reste limitée par des enjeux de formation, d'équipement et de moyens.

En cas d'infractions graves, les autorités judiciaires congolaises, notamment le Parquet général et les tribunaux compétents, peuvent être saisies pour mener des enquêtes et prononcer des sanctions. L'unité cybercriminalité pourrait aussi intervenir si elle est mise en place.

La coopération internationale: Bien que la RDC soit membre d'organisations internationales telles que Interpol et l'Union africaine, la coopération transfrontalière reste encore balbutiante. Les défis incluent le manque d'accords bilatéraux pour la répression de la cybercriminalité et l'insuffisance des mécanismes de collaboration intergouvernementaux en matière de cybersécurité.

§2. Comparaison des autorités compétentes

2.1. En France

Les autorités compétentes en matière de répression de la cybercriminalité en France sont bien établies et comprennent plusieurs acteurs, chacun ayant des rôles spécifiques dans le processus judiciaire et administratif:

La police et la gendarmerie nationales : Ces forces de l'ordre disposent de cellules spécialisées dans la cybercriminalité. Elles sont responsables de l'enquête, de la collecte de preuves et de la mise en oeuvre de mesures judiciaires comme les perquisitions.

Les juridictions spécialisées : Selon la gravité des infractions, les affaires peuvent être traitées par les tribunaux de grande instance ou, dans le cadre des juridictions spécialisées, par le Tribunal correctionnel ou la Cour d'appel. La France dispose également de tribunaux spécialisés

La direction des technologies et de l'innovation : Le ministère de l'Innovation et des Nouvelles Technologies joue un rôle dans la régulation

dans les affaires de sécurité nationale qui peuvent traiter des questions complexes de cybercriminalité (ex. : terrorisme numérique).

Le parquet et les juges d'instruction: Dans les cas de cybercriminalité complexe, un juge d'instruction spécialisé peut être désigné pour enquêter et ordonner des perquisitions informatiques.

Les autorités administratives : Des agences comme l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) jouent un rôle crucial dans la prévention et la réponse aux incidents de cybersécurité.

2.2. En République Démocratique du Congo (RDC)

Les autorités compétentes en matière de répression de la cybercriminalité en RDC sont moins structurées que celles de la France, mais elles commencent à se renforcer avec la promulgation du Code Congolais du Numérique:

La Police nationale congolaise (PNC) : Bien que la PNC dispose d'unités spécialisées dans la cybercriminalité, ces dernières ne sont pas encore aussi développées que celles de la France. Les enquêtes sont souvent menées avec l'aide d'experts en technologies de l'information ou de sociétés privées de cybersécurité.

Le Ministère de la Justice : Les tribunaux de grande instance et les cours d'appel sont compétents pour juger les affaires de cybercriminalité. Les juges et procureurs congolais sont responsables de l'instruction et de la poursuite des infractions numériques, bien qu'ils manquent de ressources pour traiter efficacement des affaires complexes.

Le procureur de la République : Comme en France, le procureur de la République est responsable de la direction des enquêtes en matière de cybercriminalité et de l'engagement des poursuites.

et la supervision des activités numériques, mais son rôle dans la répression des infractions est encore en développement.

§3. Procédure de répression : Comparaison

a. La procédure en France

La procédure de répression de la cybercriminalité en France repose sur un système d'enquêtes rigoureuses, qui peuvent inclure des mesures spéciales comme:

> Les écoutes électroniques et les interceptions de communications (par exemple, pour les infractions de piratage ou de fraude en ligne).

> Les perquisitions informatiques et la saisie de matériel informatique.

> Les enquêtes transfrontalières, rendues possibles par les accords européens comme Eurojust et Europol, facilitent l'investigation des crimes numériques qui dépassent les frontières nationales.

b. La procédure en RDC

La procédure en RDC est en train de se structurer autour du Code Congolais du Numérique. Cependant, plusieurs défis existent:

> Absence de procédures spécialisées : Les procédures de répression ne sont pas encore aussi spécialisées qu'en France, et les autorités compétentes manquent de formation et de ressources pour mener des enquêtes numériques complexes.

> Des défis de coopération internationale: Bien que la RDC soit membre d'Interpol, elle manque souvent d'accords bilatéraux ou d'une coopération intergouvernementale formalisée avec d'autres pays dans le domaine de la cybersécurité, ce qui complique la gestion des cybercrimes transnationaux.

En conclusion, bien que les deux pays partagent des objectifs similaires en matière de répression de la cybercriminalité, leurs systèmes diffèrent sensiblement en termes de procédures et d'autorités compétentes. La France bénéficie d'un cadre législatif et institutionnel avancé, avec des autorités spécialisées et une forte coopération

internationale. En revanche, la République Démocratique du Congo est encore en phase de consolidation de son cadre juridique et institutionnel pour faire face à la cybercriminalité, mais le Code Congolais du Numérique de 2023 marque un pas important vers l'amélioration de cette situation.

Les défis de la RDC incluent un manque de ressources et de formations spécifiques pour ses autorités, tandis que la France dispose de structures adaptées et expérimentées pour gérer les infractions numériques. Les deux pays devront renforcer la coopération internationale et développer des capacités locales pour traiter les cyber infractions de manière plus efficace.

V' Unités spécialisées au sein des forces de l'ordre: Comme en France avec les entités comme l'Office Central de Lutte contre la

CHAPITRE 2. PERSPECTIVES POUR L'AMÉLIORATION DE LA
RÉPRESSION DE LA CYBERCRIMINALITÉ EN DROIT CONGOLAIS

Pour l'amélioration de la répression de la cybercriminalité en droit Congolais, nous allons faire ci-dessous des propositions.

La répression efficace de la cybercriminalité en République Démocratique du Congo (RDC) à l'ère du Code numérique congolais nécessite une approche multidimensionnelle. Il est crucial de s'inspirer de systèmes juridiques plus développés, comme le droit français, tout en tenant compte des particularités locales. Voici quelques recommandations pour améliorer l'efficacité de la lutte contre la cybercriminalité en RDC :

1. Renforcer le cadre législatif et réglementaire

Le Code numérique congolais doit être complet et aligné avec les standards internationaux en matière de cybercriminalité. Il peut être utile de :

V' Compléter les lacunes dans la loi concernant certaines infractions numériques qui ne sont pas couvertes.

V' Introduire des sanctions dissuasives et proportionnées aux crimes commis (comme en droit français avec des peines graduées selon la gravité des infractions).

V' Harmoniser les textes législatifs avec les conventions internationales pertinentes, telles que la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, pour renforcer la coopération internationale.

2. Établir des autorités spécialisées

La création de structures dédiées à la lutte contre la cybercriminalité est essentielle :

Criminalité liée aux Technologies de l'Information et de la Communication (OCLCTIC), la RDC devrait avoir des unités de police formées spécifiquement à la cybercriminalité.

V' Autorités de régulation numérique: Une agence nationale dédiée à la régulation des technologies de l'information, qui pourrait également surveiller les infractions numériques et fournir un appui technique aux autorités judiciaires.

3. Renforcer les capacités techniques et humaines

V' Formation des magistrats et des forces de l'ordre: Il est essentiel de former les juges, procureurs, policiers et autres fonctionnaires à la spécificité des crimes numériques. L'expérience française montre que la compréhension des enjeux techniques est primordiale pour une réponse judiciaire efficace.

V' Investir dans des outils technologiques: Il faut doter les autorités de logiciels et d'équipements spécialisés pour la détection, le traçage, et la collecte de preuves dans les affaires de cybercriminalité.

4. Améliorer la coopération internationale

La cybercriminalité étant souvent transnationale, la RDC doit s'engager dans des accords de coopération avec d'autres États et organisations internationales. S'inspirer des pratiques françaises en matière de coopération judiciaire via l'Interpol, l'Europol, ou la Convention de Budapest serait bénéfique.

A ce niveau, la convention de Budapest n'étant pas assortie de mesures contraignantes, pour la répression de la cybercriminalité transnationale, nous proposons la création d'un code pénal international ou cybercriminel international. Comme c`est le cas avec le statut de Rome la Cour pénale internationale, ce code pénal international que nous voulons cybercriminel doit spécifiquement prévoir et punir toutes les infractions numériques prévus par la convention de Budapest. Ce code cybercriminel international sera donc appliqué par une juridiction

spécifique que nous voulons, la Cour cybercriminelle internationale en suivant la procédure prévue par la convention de Budapest.

5. Sensibilisation et prévention

V' Campagnes de sensibilisation: Informer les citoyens et les entreprises des risques liés à la cybercriminalité et des bonnes pratiques en matière de sécurité numérique. Cela inclut la protection des données personnelles, la sécurité des mots de passe, et la vigilance face aux tentatives de phishing.

V' Programmes éducatifs: Introduire des cours sur la cybersécurité dans les programmes scolaires et universitaires pour former une nouvelle génération de citoyens conscients des dangers du numérique.

6. Faciliter l'accès à la justice pour les victimes

V' Canaux de plaintes simplifiés: Créer des plateformes numériques où les victimes peuvent facilement signaler des infractions en ligne.

V' Assistance juridique: Offrir une aide juridique aux victimes de cybercrimes, en particulier pour les personnes les plus vulnérables qui ne maîtrisent pas les technologies.

7. Mettre en place une cyber-surveillance légale

Surveillance proactive: Comme le fait la France avec des systèmes de surveillance des réseaux pour identifier les activités suspectes, la RDC pourrait envisager la mise en place de structures qui veillent à la sécurité nationale sur Internet, tout en respectant les droits fondamentaux tels que la vie privée.

8. Collaboration avec le secteur privé

Les fournisseurs d'accès à Internet (FAI), les entreprises technologiques et les opérateurs de télécommunication doivent être impliqués dans la lutte contre la cybercriminalité. Ils peuvent collaborer

en signalant les activités suspectes, en bloquant l'accès à certains sites dangereux, et en aidant à l'identification des cybercriminels.

Pour que la répression de la cybercriminalité en RDC soit aussi efficace qu'en France, il est nécessaire de :

( Adopter une législation complète et adaptée aux réalités numériques.

V' Créer des structures spécialisées et former les professionnels du domaine.

V' Collaborer avec des acteurs internationaux et locaux.

V' Sensibiliser le public aux dangers du cyberespace.

En s'inspirant des pratiques françaises tout en tenant compte des spécificités locales, la RDC pourra significativement améliorer sa capacité à lutter contre la cybercriminalité.

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La Quadrature du Net

Ligue des droits de l'homme