2.2 : Les effets sur la RN89
M. Dubost, qui a réalisé cette étude, se
propose de comparer le trafic d'une portion de l'A72 (Thiers-Ouest /
Thiers-Est) à la section de la RN89 correspondante (Les Molles / La
Monnerie-le-Montel). En 1999, le trafic moyen journalier de l'A89
s'élève à 15 236 véhicules alors que les postes de
comptage des Molles et de La Monnerie enregistrent respectivement 7 844 et 6703
véhicules par jour, soit 51,5 % et 44 % des flux circulant sur l'A89. En
1992, sur cette même section, les parts du trafic aux deux points de
comptages étaient de 63,2 % et 48,1 %. Il ne faut pas y voir une baisse
du trafic de la RN89. En effet, les flux de l'A72 ont augmenté et les
flux de la RN89 se sont maintenus. C'est pourquoi la part relative des flux sur
la RN89 a diminué. La RN89 est un axe dont la fréquentation est
identique et soutenue grâce au flux locaux. D'après des
enquêtes locales, l'auteur affirme que la RN89 sert essentiellement aux
flux de courte distance, les flux de longue distance préfèrent
quant à eux l'A89.
La mise en service de l'A89 a eu des conséquences
rapides sur le trafic de la RN89. Le ralentissement, voire la baisse du trafic
sur la RN89 était prononcé durant les années suivant la
mise en service de l'A89. Cependant, après quelques années,
l'itinéraire gratuit entre à nouveau en phase de croissance, ce
qui se traduit par une augmentation des flux. L'autoroute a permis à la
RN89 de se libérer d'une partie de son trafic, ce qui a
amélioré les conditions de circulation sur cet axe. La croissance
des déplacements et du parc automobile a profité de cette aubaine
pour circuler à nouveau sur la RN89 et relancer son dynamisme.
L'autoroute est donc un facteur permettant l'accroissement
général du trafic. L'A89 et la RN89 s'inscrivent dans un contexte
d'accroissement des flux. Si l'A89 a capté certains flux, il s'agit
essentiellement des flux de transit ou d'échanges interurbains.
L'existence d'un système d'échanges à
deux vitesses a induit des comportements sociaux économiques
différents selon l'emprunt de l'itinéraire payant ou gratuit.
Tous les usagers ne peuvent s'affranchir du droit de péage, ce qui les
contraint à continuer de se déplacer sur la route nationale, et y
maintenir ainsi un nombre élevé de flux.
3- Constats préalables à l'étude des
effets de la section Balbigny - La-Tour-de-Salvagny de l'A89 sur l'organisation
spatiale de l'ouest lyonnais
Pour terminer notre étude, nous pouvons évoquer
quelques points essentiels à prendre en considération lors d'une
future étude des effets de l'A89.
Les diffuseurs et échangeurs de l'A89 seront
implantés là où la croissance démographique et
l'activité économique sont les plus élevées. Cette
implantation répond donc à une demande. L'A89 ne pourra alors
être considérée comme l'unique facteur de la croissance de
la population et des activités. Elle peut en revanche conforter les
tendances actuelles : un étalement urbain vers l'ouest de
l'agglomération lyonnaise.
L'A6, sous Fourvière, a connu une baisse de son trafic
à partir de 1994 suite à la réalisation du contournement
Est de Lyon (A46). Après quelques années, le trafic a
retrouvé ses valeurs antérieures. De même, la RN89 à
l'Est de Clermont-Ferrand a connu une baisse de son trafic lors de la mise en
service de l'A89. Les conditions de circulation étant meilleures sur la
RN89, son trafic augmente pour atteindre à nouveau les valeurs
antérieures à la construction de l'A89. On constate donc que la
mise en service d'un axe autoroutier fait chuter considérablement les
flux circulant sur l'axe qu'il vient concurrencer. Après quelques
années, le trafic sur l'axe court-circuité progresse et redevient
le même que celui précédent la mise en service de
l'autoroute. Ainsi, l'autoroute crée un trafic qu'elle supporte
elle-même. A court et moyen terme, elle n'apporte pas
nécessairement un trafic supplémentaire sur les axes initiaux. On
peut supposer que l'A89 prélèvera une partie du trafic de la RN7
durant quelques années. Les conditions de trafic s'améliorant sur
cet axe, il sera de nouveau approprié par de nombreux véhicules,
ceux qui effectuent de courts déplacements. L'A89 pourrait quant
à elle supporter des flux de plus longue distance.
L'autoroute produit un espace à deux vitesses. Les
usagers de l'autoroute sont ceux qui parcourent les plus longs trajets. Les
déplacements locaux préfèrent emprunter la voirie
initiale. Nous avons observé les avantages de la voiture
particulière et du train et avons pu constater que les longs trajets
sont plus économiques en train. Il pourra alors être
intéressant d'étudier la concurrence entre les deux sur
l'ensemble du tracé de l'A89, de Bordeaux à Lyon.
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