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Le Réseau Formation Fleuve au Sénégal : pour une régulation participative de l'offre de formation agricole et rurale

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par Xavier MALON
Université Toulouse 1 Sciences sociales - Diplôme d'Université - Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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I.2- LA RÉGRESSION DE L'AGRICULTURE AU SÉNÉGAL : ESSAI D'EXPLICATION

I.2.1- DE L'ÈRE COLONIALE AU 21ÈME SIÈCLE : DES MISSIONS DE MOINS EN MOINS ASSUMÉES

Il est difficile de résumer plus de deux siècles d'évolution en quelques lignes, aussi face à cette tâche ardue, nous nous bornerons à signaler différentes étapes historiques qui peuvent en donner un aperçu succinct.

Quelques repères chronologiques2(*) :

1444 : Nuno Tristâo « découvre »l'embouchure du fleuve Sénégal.

1628 : Première installation du comptoir du Sénégal.

1638 : Thomas Lambert s'établit à l'embouchure du fleuve.

1659 : Fondation de Saint-Louis du Sénégal par Louis Caullier.

1749 : Mission du botaniste Michel Adanson à Saint-Louis pour étudier la possibilité d'y cultiver des denrées coloniales.

1763 : Traité de Paris signé par Louis XV et sanctionnant la dissolution du domaine colonial français.

1783 : Traité de Versailles redonnant le Sénégal à la France.

1809-1816 : Seconde occupation anglaise.

1814 : Traité de Paris restituant le Sénégal à la France.

1815 : Traité de Paris confirmant la restitution du Sénégal.

Du dernier tiers du XVIIème siècle à la fin du XVIIIème : la traite se développe, caractérisée par une vive rivalité entre la France et l'Angleterre, qui occuperont à tour de rôle et à plusieurs reprises le Sénégal. Cependant, les possessions françaises représentent peu de choses au moment du départ des Anglais en 1816 ; elles se limitent à quelques îlots fortifiés (Saint-Louis, Gorée) et quelques petits comptoirs dispersés sur la côte3(*).

1848 (27 avril) : Abolition de l'esclavage par la France.

Les mesures anti-esclavagistes et le tarissement du trafic humain obligent progressivement à une reconversion du commerce, ce qui se traduit par plusieurs missions d'exploration à l'intérieur des terres, durant la première partie du XIXè siècle.

Mais c'est surtout après 1850, sous l'impulsion de Faidherbe, que va s'esquisser la pénétration en direction du Niger par le biais de traités et de protectorat, plutôt que par administration directe. Parallèlement, moins de dix ans seront nécessaires pour unifier la zone littorale (construction d'un fort après le débarquement à Dakar en 1857).

Les axes de pénétration , créés et sécurisés par Faidherbe, vont se révéler de formidables voies de communication qui vont transformer le commerce et assurer la propagation de l'arachide.

En effet, dès 1830, l'Europe connaît des besoins croissants en oléagineux, et l'arachide semble en mesure de répondre à la demande (huile de table, savon de Marseille, tourteaux et lubrifiants).

La France s'appuiera alors sur sa main-mise sur le Sénégal pour satisfaire cette demande, celui-ci acquérant le titre de principal pourvoyeur dès la seconde moitié du 19e siècle.

Après 1890, d'importantes dynamiques migratoires coloniales, essentiellement en provenance du nord, se traduiront par une forte expansion du Bassin arachidier, pour des raisons non seulement économiques, mais aussi religieuses4(*).

L'arachide a transformé profondément les rapports économiques, et l'intérêt du colonisateur a paradoxalement permis aux paysans non seulement de s'émanciper des règles dictées par l'aristocratie locale, en faisant d'eux des acteurs économiques capables de décider de vendre et d'acheter (et surtout capables économiquement d'acheter des biens manufacturés importés !), mais aussi à certains d'entre eux d'accéder aux anciennes positions tenues par cette aristocratie.

Il existe cependant un revers à cette médaille : la forte dépendance des paysans à une culture de rente, essentiellement destinée à l'exportation, dont la structure et l'évolution du marché leur étaient totalement étrangères.

L'Afrique Occidentale Française est créée en 1895, et fait de Saint Louis du Sénégal sa capitale, avant de rejoindre rapidement Dakar dès 19025(*).

C'est ainsi que le développement de la monoculture arachidière devient le pivot de l'économie coloniale, qui perdurera jusqu'en 1960.

On notera avec intérêt que ce développement considérable ne repose ni sur des investissements conséquents de la puissance coloniale (sauf après la seconde guerre mondiale, avec l'intervention du Fonds d'Investissement et de Développement Economique et Social des Territoires d'Outre-Mer), ni sur une importation massive de colons français pour exploiter et diriger des fermes arachidières performantes.

Les performances relevées, techniques, commerciales et humaines (car ce sont bien des humains qui en sont les acteurs) sont indéniables. De 25 000 tonnes en 1887, les exportations d'arachide sont passées à 141 000 tonnes en 1900, puis 480 000 tonnes en 1926 et 892 000 tonnes en 1960.

Ainsi naît l'extrême dépendance du Sénégal à l'arachide, et l'extraversion de son économie.

Nous avons tenté au chapitre précédent de mettre en relief un certain nombre de constats, qui laissent peu de doute quant à la façon dont le secteur agricole assume les différentes fonctions qui lui sont assignées. La description des dégradations survenues doit cependant s'accompagner d'une analyse destinée en mettre en exergue la prégnance d'un contexte global, responsable des orientations retenues en matière de développement rural.

A la suite de cette revue historique qui met le focus sur l'arachide, nous observerons le contexte post indépendance sous l'angle de l'évolution des politiques agricoles, et tenterons de montrer leur décalage par rapport aux réalités du développement rural « de terrain », et en premier lieu par rapport aux ressources humaines de ce secteur.

* 2 Source : Debouvry Pierre, in « Du commerce illicite au commerce licite »

* 3 http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_l'esclavage

* 4 Barry Boubacar, 1984, La Sénégambie du 15e au 19e siècle. Traite Négrière, Islam et Conquête Coloniale. Paris, L'Harmattan

* 5 6 Ambassade de France http://www.ambafrance-sn.org/article.php3?id_article=319

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