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La mutation du droit du mariage dans la vallée du fleuve Matitanana: du droit coutumier au droit d'inspiration musulmane

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par Francis Zafindrandremitambahoaka MARSON
Université de Perpignan - Diplome d'étude approfondie 2003
  

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B)- La surveillance du nouveau ménage

L'union produisant autant d'effets bénéfiques, tels que cités plus haut, mérite d'être maintenue pour sauvegarder les intérêts des familles. C'est pourquoi, la coutume autochtone autorise ces familles à veiller au bon fonctionnement du ménage. En cas de décès du mari par exemple, le famille de la femme est chargée de donner de la nourriture aux enfants. Et les petites querelles non réglées par le couple peuvent être soumises à la famille qui va sanctionner le fautif. S'il manque de la nourriture dans le «Tranoambo»66 les familles doivent en fournir au foyer en manque.

Tout cela sont les effets que produit le mariage à l'égard des deux familles des époux. Le mariage produit aussi des effets dans l'organisation de la société.

§2- LES EFFETS DU MARIAGE A L'EGARD DES EPOUX

L'organisation de la société autochtone se fait par le système de rang. Les hommes et les femmes ont leur propre mode d'organisation.

A- Les effets sur le statut social des époux

1- Le mariage et le statut social de l'homme

Chaque individu a sa place exacte dans la société autochtone. Les hommes et les femmes ont leur mode d'organisation qui leur est propre. Les nouveaux nés des deux sexes sont les « zazakely ». Dès qu'il sait courir, le garçon a le statut de « beminono » et commence a jouer un rôle dans la vie sociale. Son rôle est de ramasser du bois. A sa puberté, il devient "zazalahy" dont le rôle social est d'enterrer les morts. Jusque là, ce sont les critères biologiques qui permet au garçon de passer d'un rang social à un autre. Beaucoup d'hommes restent « zazalahy». Certains, les plus courageux à faire

un rapt et à fonder une famille gravitent les échelons de la société. En effet, seul le mariage peut leur permettre de monter de classe en devenant « olombe ». Et le statut social d'olombe se renforce par rapport au nombre d'enfant que l'homme aura procréé. Le chef du village est choisi parmi les olombe. Nous avons déjà vu le privilège matrimonial du chef du village qui, rappelons-le, est le « géniteur» dans le village.

Nous pouvons deviner à quel point tous les zazalahy veulent gravir les échelons. Un "olombe", il peut assister aux palabres par exemple ou à toutes circonstances nécessitant la présence d'hommes de son rang. Néanmoins les « olombe » sont tous sous l'ordre direct du chef du village et lui doivent respect, de même ils doivent respect aux « olombe » plus âgés qu'eux. Ils ne peuvent pas prendre l'initiative personnelle de remplacer le chef.

Voilà en ce qui concerne les effets du mariage sur le statut social de l'homme . Qu'en est il de celui de la femme ?

2-Le mariage et le statut social de la femme

Les nouveaux nés sont les "zazakeli", sans distinction de sexe. Puis, les filles passent au statut de « sarabanadika » 67ou fillettes qui ont pour rôle d'aider leurs mères. Nubiles, les filles deviennent « somondrara ». Ce sont elles qui sont les victimes d'enlèvement. Les « zazalahy » sont les ravisseurs. Mais le statut de femme marié ne change en rien l'importance sociale de la femme. Il faut attendre qu'elle ait des enfants pour qu'on l'appelle « tsarbiteza ». Plus elle a d'enfants , plus elle est admirée par les « zazalahy » qui rêvent de femmes fécondes. Son importance sociale reste toujours figée jusqu'à ce qu'elle ait des petits enfants. Les indigènes l'appellent «viavi-be». C'est parmi les «viavi-be» qu'est choisi le chef des femmes qui ont une importance sociale très grande dans la société matriarcale autochtone.

66 Tranoambo ou grenier à riz

67 Sur les classes d'âge voir DESCHAMPS, Les malgaches du Sud Est, p.1 55. Notons qu'on s'est seulement inspiré des informations de DESCHAMPS dans notre analyse.

Bien que le mariage en lui même ne produit aucun effet sur le statut de la femme, la société accorde beaucoup plus d'importance aux femmes mariées qu'aux jeunes filles nubiles. Et le mariage est une étape conduisant la femme à la place du chef des femmes plus tard.

B-Les autres effets

1- Les effets communs aux époux

La société autochtone, consciente de la difficulté rencontrée par les époux lors de leur première installation dans le nouveau foyer, exclut les nouveaux mariés des taches communautaires.

MESSELIERE, rapportant les propos de JULIEN, avance qu' « en pays Tatsimu 68,on laisse tranquilles les jeunes époux pendant quinze jours qui suivent le mariage ; on respecte leur liberté et même, en cas de corvées d'intérêt général auxquels les fokonolona prendrait part en totalité, les époux qui viennent d'entrer en ménage (mpihaobao) ne sont pas déranges. Ils sont censés, dans le premier temps de leur union, aménager leur intérieur.

En entrant dans le ménage, le mari remet a son épouse un mortier, un pilon, un van et une louche, tous les objets qu'il a fait lui-même avec du bois pris dans la forêt voisine.

Ce sera à la femme de confectionner les nattes vestimentaires (tafitsihy), les nattes couvertures (bona), et les nattes sièges (tsihi fitaboha), les corbeilles et les paniers. » 69

2. Les fady ou interdits

68 JULIEN a donne le nom de Tatsimu au groupe de population du Sud-Est de Madagascar.

69 MESSELIERE, Du mariage en Droit malgache, p.181

Le domicile conjugal se construit sur la « tanindrazara » ou la terre des ancêtres du mari.

Deux constructions composent le foyer : la « trano » ou la maison d'habitation, ensuite le « tranoambo »70 ou grenier à riz.

En complément de ce que nous avons vu plus haut sur la répartition des tâches par classe d'âge ou chacun trouve sa juste place dans la société primitive, force est de constater que même dans le foyer, chacun des époux a son attribution propre. Ce sont les « fady » ou interdits coutumiers qui harmonisent cette répartition des tâches. Des « fady » sont imputés sur le « tranoambo » et la maison d'habitation qui constituent le foyer.

Le « Tranoambo » est aussi inviolable que le « fasana » ou le tombeau71. Le mari a la plénitude des pouvoirs pour ravitailler le « tranoambo ». Sa femme ne peut le contraindre ni se substituer à lui.

A côté du « fady » sur le « tranoambo » il y a aussi le « fady » sur le « trano »72.

Dans la maison il y a les « fady » que l'homme doit observer. Ces « fady » portent sur la place qu'occupe l'homme, d'une part, et celle qu'occupe la femme, d'autre part. Mais l'interdit commun aux peuples autochtones est celui qui empêche l'homme de se servir lui-même du repas préparé par sa femme.

Voilà en gros les règles coutumières en matière d'obligation de cohabitation à laquelle sont soumises les deux époux.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery