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La sous-scolarisation, un handicap à  la participation des femmes au développement communautaire dans la ville de Dapaong.

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par Gountante TCHIAME
Université de Lomé - Maîtrise en sociologie 2011
  

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I.2. Impact de la sous-scolarisation sur la participation des femmes au développement communautaire

La sous-scolarisation est aujourd'hui au premier plan des préoccupations dans le monde de l'éducation et intéresse plusieurs catégories de personnes (planificateurs de développement, pédagogues, sociologues et économistes) qui lui consacrent des études et des enquêtes sous leurs différents angles d'observations ; les chefs d'Etats y compris les acteurs en développement considèrent ce fait comme un risque redoutable lorsqu'il touche une frange importante de la population d'une localité donnée. Aucune société n'a intérêt qu'une partie de sa population soit en marge de son processus de développement. Cependant la sous-scolarisation demeure une réalité indéniable dans la ville de Dapaong 82% de nos enquêtées l'ont confirmé.

Il ressort de cette étude que 75% de nos enquêtées n'ont pas franchi le cap du primaire ce qui ne les permet pas de devenir des femmes leaders capables de planifier les naissances et de participer au développement. Cette situation à des répercussions de plusieurs types ; les uns sur le plan social et les autres sur le plan économique. Sur cette base les répercussions de la sous-scolarisation sur une unité de la société influe fortement sur l'évolution de l'ensemble. La société constitue en effet une unité fonctionnelle dans laquelle tout influent sur tout, les failles et les lacunes d'une unité sociale quelconque se répercutent nécessairement sur les autres unités sociales.

Ainsi, la scolarité malingre ne permet pas aux femmes de maîtriser les bases de la langue officielle (lecture, écriture et calcule). A cela on joint un manque de pratique dans la vie quotidienne parce que celles-ci sont le plus souvent trop occupées par les travaux de production de tout genre et au fil des temps, elles perdent l'habitude de lire et d'écrire puis elles plongent inévitablement dans le lot des analphabètes c'est-à-dire celles qui sont incapables de lire et de comprendre un texte simple relatif à leur vie quotidienne. C'est pour cette raison que 12% de nos enquêtées considèrent l'analphabétisme comme une conséquence de la sous-scolarisation.

De ce fait, les femmes et plus particulièrement les moins instruites se retrouvent dans un contexte culturel déterminé par des normes strictes qui limitent leurs possibilités de réalisation, sociales, intellectuelles et émotionnelles. Par manque de connaissances et de conscience de leur situation elles se trouvent au niveau le plus bas de la société. Jusqu'à l'heure actuelle certaines d'entre elles sont toujours privées des droits élémentaires prévus dans la déclaration universelle des droits de l'homme. C'est d'ailleurs l'avis de 17% des femmes interrogées qui prétendent que la sous-scolarisation est l'obstacle majeur qui empêche aux femmes de connaître et de défendre leur droit.

Bien que cela soit, ainsi, la majeure partie des femmes interrogées estiment qu'elles ont effectivement un rôle à jouer dans le développement de la localité. Si c'en est ainsi il est impérieux de prendre des initiatives pour valoriser les efforts qu'elles conjuguent pour l'épanouissement de la société. Elles se battent, se sacrifient pour l'amélioration des conditions de vie des membres de leur groupe d'appartenance.

Pour atteindre leurs objectifs, les femmes qu'elles soient scolarisées ou non s'acharnent en menant des activités diversifiées, allant des activités économiques soit 74% des femmes, aux activités ménagères (26% des enquêtées).S'agissant des tâches ménagères qui demandent beaucoup plus d'ingéniosité, elles ne se reposent guère. Mais quand arrive l'heure de bénéficier des retombées, elles sont purement et simplement exclues.

Par exemple les femmes participent à la construction du patrimoine familial. Mais après la mort des parents elles sont lésées dans le partage des biens générés par tous et elles n'osent jamais réclamer leur droit.

Pour 10% de nos enquêtées l'analphabétisme de la majorité des femmes explique leur marginalisation dans la rétribution des biens générés par tous. Dans ce cas, la scolarisation semble être la solution la mieux adaptée. Il ressort que la scolarisation est un investissement qui génère des dividendes décisives pour le développement. Les femmes éduquées et alphabétisées sont libres de toute contrainte de contracter un mariage de leur choix selon 10% des femmes interrogées.

Tout de même le mariage revêt une importance capitale dans notre zone d'étude ; 69% de nos enquêtées l'ont contracté. En fait le mariage reste toujours l'affaire des parents qui sont les seuls à décider des modalités de son organisation. Toutefois un certain nombre d'années d'études donne l'autonomie à la fille de planifier son mariage. Mais nombreuses sont les filles analphabètes qui se sont mariées contre leur gré à un âge précoce à cause de leur ignorance.

Cette autonomie dont l'instruction procure à la femme permet à celle-ci de bien gérer les ressources du ménage et de planifier les naissances selon l'avis de 49% de nos enquêtées. Nul n'ignore le péril d'un accroissement sans mesure de la population. L'analyse démographique moderne de Thomas Robert Malthus (1766-1836), appliquée à la commune de Dapaong, fait ressortir un écart important entre l'accroissement géométrique de la population (6,5 enfants par femmes) et l'augmentation arithmétique des richesses avec pour conséquence la pauvreté dans laquelle s'enlise 68,7% de la population. (Banque Mondiale,1996)

Cependant il ressort que les femmes qui ont moins d'enfants disposent de beaucoup plus de temps pour se consacrer aux activités économiques et à les faire prospérer.

Toutefois l'éducation des femmes à des effets bénéfiques sur la scolarisation des enfants. Il semble que l'on ne puisse nier ce fait. Il ressort de cette étude qu'une femme instruite constitue un leitmotiv pour la scolarité de son enfant contrairement à celle qui n'a pas évolué dans les études. La corrélation entre le niveau d'instruction de la mère et l'abandon précoce des enfants est révélatrice. Pour preuve sur les 83 enfants ayant abandonné précocement 53 ont des mères analphabètes contre zéro abandon pour les mères ayant un niveau BACII et plus.

En effet les enfants issus des familles analphabètes ont tendance à négliger l'école et éprouvent souvent des difficultés d'adaptation. Cette situation n'est pas due à un déficit intellectuel de la part de ces enfants, mais à un manque de modèle à suivre dans leur entourage familial. Issus des milieux ayant un niveau culturel relativement très bas, ils sont désavantagés par rapport à leurs camarades issus des familles instruites qui rencontrent dans leur milieu d'origine une atmosphère nettement plus favorable à l'instruction scolaire. Parce qu'ils ont été au préalable informés par leurs parents.

Dans ce cas il est important de reconnaître que l'information constitue un puissant instrument capable de susciter la participation des femmes au développement. Cette dernière lorsqu'elle est bien transmise, cristallise la conscience des femmes vers une prise en charge de leur propre devenir.

L'information est pour toute action de développement une phase opérationnelle fondamentale car c'est à partir d'elle que la motivation et la prise de conscience des populations naissent. Elle crée ainsi, une véritable volonté de participation au développement. Elle joue un rôle aussi essentiel que l'éducation et la formation dans la croissance du potentiel scientifique et technologique d'une société.

La seule communication orale bien que fonctionnelle dans des contextes statistiques, ne permet pas une accumulation et une utilisation suffisante de savoirs dans une société en mutation.

Dans la ville de Dapaong certaines femmes sont encore informées de la tenue des activités de développement par des personnes interposées soit par les rumeurs, selon 17% des femmes interrogées. Dans ces conditions, la qualité de l'information reçue est parfois douteuse. Et les intéressées ne se sentent pas directement concernées. La solution réside donc dans l'utilisation des supports écrits. Dans ce contexte le niveau scolaire très bas des femmes empêche l'utilisation de cette option et freine la mobilisation sociale tout en alternant la relation entre développeurs et développés. C'est pourquoi les campagnes de sensibilisation menées par les promotrices des institutions de micro-finance sur la gestion des crédits se sont le plus souvent soldées par des échecs. Elles s'adressent oralement aux femmes et tout juste après leur départ les femmes trop préoccupées par la survie du groupe social oublient les informations reçues et continuent dans l'ancien système. Ce genre de situation freine l'introduction de nouvelles formes de production et ralenti la croissance économique. C'est pourquoi 61% de nos enquêtées estiment que la non participation au développement et la mauvaise gestion des ressources sont inhérentes à la sous- scolarisation.

Ainsi, à la question existe-t-il des situations qui se présentent à vous et qui exigent que vous soyez instruite pour vous en sortir ? La quasi-totalité des femmes analphabètes ont répondu « oui » en désignant l'hôpital et la justice comme les endroits ou l'on a plus besoin de l'instruction. Comme nous avons pu le constater certains agents de santé ne comprennent pas la langue locale et sont obligés de converser avec les patientes dans la langue officielle. Celles-ci sont donc obligées de faire recours à une tierce personne pour la traduction du message ce qui n'est pas du tout aisé pour elles. Au niveau du traitement elles sont incapables de lire les ordonnances médicales, surtout lorsqu'elles oublient les consignes de l'agent de santé.

Dans ces conditions, il arrive que le traitement soit prolongé ou recommencé, parce que la patiente n'a pas respecté les heures de prise des médicaments ou les doses qu'on lui a prescrites.

Quant à la justice, il n'est pas rare qu'une femme soit inculpée à cause de la mauvaise interprétation de ces propos par les interprètes. De même celles-ci n'ont pas tord de regretter le fait qu'elles n'ont pas un niveau d'étude conséquent. Parce que pour écrire une lettre elles font le plus souvent recours à leurs proches et ceux-ci sont tenus de connaître leur secret.

Quand aux commerçantes, elles sont souvent confrontées aux difficultés de tout genre. La première difficulté est liée à la communication avec les clients lettrés qui sont étrangers. La deuxième est liée à la gestion des stocks car parfois elles sont contraintes de payer doublement pour une marchandise qu'elles ont déjà payé à cause de l'inexistence des cahiers de décharges. C'est dans ce contexte que nous pouvons comprendre les propos de cette dame qui se lamentais en ces termes « si moi j'avais été instruite, je vous assure que je ne devrais plus être à ce niveau, mon ignorance m'a beaucoup nuis ». C'est ce qui justifie le fait que 92% des enquêtées soutiennent que le fait de savoir lire et écrire est une bonne chose.

De tout ce qui précède nos enquêtées n'ont pas tord de désigner l'analphabétisme comme l'obstacle majeur qui empêche aux femmes de participer aux activités de développement soit 40% des femmes interrogées.

La sous-scolarité d'une frange importante de celles-ci compromet l'atteinte de l'équilibre social gage d'une meilleure restructuration de la politique locale en matière de développement.

Cependant, l'accélération du progrès engendre pour les femmes sous-scolarisées un risque important : celui de la non participation. De nos jours, la rapidité du changement et l'éclatement des cadres de vie traditionnelle engendrent d'énormes difficultés aux femmes analphabètes et elles ont dû mal à se rééquilibrer. Car, Au moment où elles atteignent un point d'équilibre, les mutations sont déjà intervenues pour rompre ce dernier. Devant les effets de ces transformations, il n'est plus possible de rester figer ; La majorité des femmes sont conscientes de ce fait (confère tableau 26). Notre région, partie intégrante d'une société en transformation, se doit de participer au processus de développement.

Les femmes et plus particulièrement celles qui sont instruites, veulent contribuer à l'évolution de leur communauté car elles sont conscientes du caractère dépersonnalisant et aliénant du sous-développement. Elles considèrent avec raison, que le concours de toutes les couches sociales d'une communauté à son développement est un droit. Le négliger serait méconnaître la satisfaction des besoins réels. C'est pourquoi 81% des enquêtées ont affirmé que la femme a un rôle à jouer dans le développement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault