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La sous-scolarisation, un handicap à  la participation des femmes au développement communautaire dans la ville de Dapaong.

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par Gountante TCHIAME
Université de Lomé - Maîtrise en sociologie 2011
  

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I.3. Rôle et place de la femme dans le développement socio-économique

De nos jours il est unanimement reconnu que la femme joue un rôle important dans le développement dont elle constitue le persuadeur social8(*).

D'ailleurs, les femmes sont-elles mêmes conscientes de l'apport qu'elles peuvent apporter dans la promotion de leur communauté. Cependant, leur participation aux activités de développement reste encore relativement faible. Pour preuve 44% de notre échantillon n'ont jamais participé même une fois à ce genre d'activités. Et celles qui ont déjà participé, l'on fait surtout par le biais des associations de femmes. Cette participation a été plus guidée par la mobilisation des associations que par la prise en compte de la justesse des actions proposées. Toutefois les femmes occupent une place mineure dans la vie économique car près de 47% des enquêtées sont hors du circuit économique. La raison probable de cette exclusion semble être relative au niveau d'instruction de ces dernières.

Le niveau d'instruction est en corrélation avec le niveau de vie. Les femmes analphabètes sont les plus pauvres. Pour preuve 45 femmes sur les 52 analphabètes affirment être pauvres. Cette situation est le résultat de l'inadéquation des politiques de développement avec les réalités socio-éducative des femmes. Celles-ci ne tiennent pas compte pour la plupart du temps du niveau d'instruction des femmes dans la rédaction des projets de développement alors que celui-ci est déterminant pour impliquer les femmes dans la vie économique.

Il ressort que le commerce est la deuxième activité de nos enquêtées après le secteur artisanal avec 19% de l'échantillon. Le commerce des femmes est peu développé dans la ville de Dapaong, il reste limité pour la majorité à quelque étalage individuel géré sans faire recours à l'usage des cahiers de comptes journaliers (cf. cliché 1)

Ainsi, lors de nos entretiens avec les responsables des institutions de micro-finance nous avons découvert que certaines commerçantes étaient tombées en faillite par manque de rigueur dans la gestion de leurs stocks. Analphabètes, elles ne tenaient aucune comptabilité, et beaucoup de leurs marchandises étaient vendues à crédit. Incapables de gérer ce mouvement, elles ont dû simplement cesser leurs activités commerciales pour devenir ménagères (cf. tableau 6).

Après cette péripétie même quand elles ont envie de recommencer après une faillite, il leur est difficile de constituer un dossier de prêt ce qui leur prend énormément de temps par rapport aux femmes instruites, soit une semaine et plus. Et lorsqu'elles arrivent à obtenir un prêt auprès des institutions de microfinance, elles le gèrent souvent mal en dépensant sous l'égide de leurs maries dans les charges du ménage ou dans l'organisation des funérailles. Faute de pouvoir honorer leur engagement vis-à-vis des institutions de prêts dans les délais requis, celles-ci saisissent les seuls biens qu'elles disposent et les condamnent de facto à la pauvreté. Et le cycle de la pauvreté se perpétuer. Pour preuve 51% de nos enquêtées croupissent encore dans la pauvreté. Malgré le fait qu'elles sont en majorité membres d'institutions de microfinance.

Cependant, le fait que plus de la majorité des femmes vivent dans la misère ne relève pas d'un hasard, il est le fruit du dysfonctionnement du système éducatif mis en place auquel on associe des déterminants sociaux. Les statistiques en sont révélatrices, 69% des filles de la région des savanes n'achèvent pas le cycle du primaire (tableau de bord ,2007).

La grande partie de ces déscolarisées choisissent délibérément le secteur artisanal comme secteur de prédilection car lui il est moins exigeant en diplôme scolaire. La corrélation entre le niveau d'instruction et la profession apparaît nettement pour expliquer ce fait, 43 femmes sur les 52 artisannes n'ont pas franchi le Cap du primaire. Même dans le secteur artisanal les femmes ont des préférences rattachées à leur rôle traditionnel.

De nos recherches auprès de la chambre des métiers de Dapaong on a constaté que les femmes déscolarisées ont plus de l'engouement pour la couture. Celle-ci tend à devenir presque universelle puisque l'offre de service dans ce domaine semble être en inadéquation avec la demande ce qui fait qu'un nombre non moins important des diplômées de cette branche d'activité se retrouve au chômage et dans la misère. Malgré cela, certains parents continuent de déscolariser leurs filles pour les placer en apprentissage du fait des revenus immédiats que cela procure contrairement à l'école qui exige beaucoup plus de sacrifices et des retombées incertaines.

Certes l'instruction n'est pas une garantie d'emploi stable mais un facteur déterminant dans l'acquisition de celui-ci. En effet, les 19 femmes fonctionnaires de l'échantillon ont tous un niveau secondaire et plus et toutes les 30 femmes ayant un niveau supérieur exerce des activités de bureau. Le niveau d'instruction est donc déterminant dans l'attribution des différents postes de l'administration au diplôme élevé correspond des emplois de bureau et au diplôme faible correspond des emplois subalternes relevant plus des aptitudes physiques qu'intellectuelles.

La faible représentation des femmes dans les fonctions administratives relève non seulement des facteurs sociaux qui sont peu déterminant dans le cas présent. Mais des facteurs inhérents au statut de sous-scolarisés dont jouie la majorité des femmes de la localité. De l'image de la femme sous scolarisée, on associe une image de la femme traditionnelle considérée comme étant inférieure à l'homme. Cette perception continue d'avoir cours et on invoque incessamment la sauvegarde de la stabilité sociale pour justifier la subordination des femmes.

De ce fait, les responsables des CDQ n'informent pas le plus souvent les femmes de la tenue des réunions ou de la réalisation des activités de développement. Selon eux elles n'ont rien d'utile à apporter puisque la seule présence des maris suffit pour prendre des décisions concernant les ménages. C'est ce qui justifie les propos d'un responsable de CDQ qui nous déclarait sans vergogne. Ceci « elles ne connaissent rien mais ne font que jalouser les autres. Il suffit de les confier une tâche et vous verrez le désordre qu'elles vont causer ». Ainsi 81% des enquêtées ne sont pas informées par ceux-ci de la réalisation des activités de développement. Cette situation accentue le désengagement des femmes vis-à-vis des affaires de la communauté et constitue un frein pour le cour normal des choses.

Cependant, le développement communautaire exige une action éducative résolue pour desserrer l'emprise des perceptions de ce genre et susciter des attitudes sociales plus éclairées vis-à-vis des femmes.

Cette évolution sera d'autant plus rapide que les femmes prendront plus activement conscience des retombées que procure l'instruction dans la vie d'une femme en dehors de son rôle productif et reproductif. Il est donc reconnu que l'échec des tentatives d'intégration des femmes au développement relève du fait que les planificateurs ont beaucoup misé sur la prévision des ressources et la formulation des objectifs de programme. Sans toutefois prévoir les instruments et les mécanismes qui tiennent comptent du niveau de connaissance nécessaire pour mener à bien ces programmes.

Figure :1 Schéma explicatif de la reproduction du déséquilibre socioéducatif

Défaillance du système éducatif (discrimination de genre, Sous scolarisation des filles)

Fort taux d'abandon, Analphabétisme ignorance des femmes

Déséquilibre sociale (pauvreté, ralentissement de la production, démographie galopante.)

Faible participation des femmes à la vie communautaire

Source ; schéma Gountante TCHIAME

* 8 Intermédiaire incontournable entre les planificateurs et la communauté, il apparait comme un puisant communicateur, informateur et éducateur décisif dans les stratégies de développement communautaire.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius