WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le statut particulier des agents et cadres administratifs et techniques de la commission électorale nationale indépendante de la république démocratique du congo : défis et perspectives.


par Paul Musungu Lono
Ecole de Formation Electorale en Afrique Centrale EFEAC  - Master en Gestion du Cycle Electoral  2017
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV. PROBLEMATIQUE

Les commissions électorales indépendantes ou les organismes de gestion des élections à modèle indépendant sont, à l'heure actuelle reconnus dans la quasi-totalité des pays du monde en général, et en particulier dans les pays d'Afrique comme le socle de renforcement et de la consolidation de la démocratie. Toutefois, compte tenu de la mission qui leur est assignée notamment de l'organisation des élections voire des consultations démocratiques directes selon le cas, qui constitue une tâche administrative très complexe, technique et se déroulant toujours dans une atmosphère politique trop agitée et chargée, la législation de la RDC à l'instar de certaines d'autres législations de plusieurs pays de l'Afrique et du monde, a pour le besoin de la tenue des élections crédibles, transparentes et apaisées, préféré de mettre en place après les vagues de la démocratie des années 1990, un organisme de gestion à modèle indépendant respectivement la CEI en 2004 et la CENI en 2010 jusqu'à nos jours.

Cette CENI de la RDC est sur base de l'article 211 de la constitution et des articles 2, 4,5, 6 et 7,8, 9, 10 et 39 de la loi organique N° 10/013 du 28 juillet 2010 telle que modifiée à ce jour, une institution d'appui à la démocratique, neutre et indépendante mais collaboratrice dotée non seulement de la personnalité morale et de l'autonomie organique, matérielle et financière mais aussi, dispose des membres qui sont désignés et remplacés par les composantes politiques et les ONG de société civile et ayant les pouvoirs des prendre de manière indépendante et impartiale des décisions importantes sur les opérations électorales et référendaires indépendamment du gouvernement ou de l'administration de l'Etat congolais.

Elle dispose aujourd'hui au sein de l'Etat Congolais, une administration qui se présente comme l'a su bien décrire Jean Mercier (19), comme un appareil à part

(19) L'administration se présente comme un appareil, une machine. C'est un ensemble complexe des cellules assurant des fonctions par l'exécution d'opérations intellectuelles ou matérielles. Ces cellules sont, comme les rouages d'une machine, disposées et liées entre elles selon certaines structures. Les mécanismes de fonctionnement sont régis par les règles de droit qui se matérialisent par des procédures. L'administration est aussi un ensemble d'hommes. Ce sont des hommes de chairs et d'os qui l'ont créée, qui en assument la machine ou en perturbent le fonctionnement. Ces hommes, mus par de croyances et des intérêts, collaborent ou s'opposent. Ils reflètent la société dans laquelle ils vivent et agissent en retour sur elle. LireJean Mercier, L'administration publique, De l'Ecole classique au nouveau

10

entier qui comprend ainsi des structures organiques au niveau national, provincial et local notamment le bureau, le secrétariat exécutif national et ses directions et cellules, les secrétariats exécutifs nationaux et les antennes et avec un nombre important des personnes assurant des fonctions par l'exécution d'opérations intellectuelles ou matérielles régies par une loi organique et des règlements et décisions de la CENT.

En effet, sur le plan idéologique ou politique, cette façon d'organiser et de faire fonctionner constitutionnellement et légalement la CENT au sein de l'administration de l'Etat congolais peut s'expliquer non seulement par le souci de la rendre le seul sujet de droit habilité d'attribuer le pouvoir souverain émanant du peuple congolais, mais aussi de rendre indépendant, neutre et impartial ses animateurs vis-à-vis des parties prenantes aux élections qui ont intérêt direct ou indirect dans le choix des représentants du peuple ou le maintient de dictature dans la représentation du peuple dans les institutions électives de l'Etat.

Par contre, sur le plan juridique, l'organisation et le fonctionnement de la CENT ne s'expliquera sans susciter une question de la nature juridique de la CENT et de ses agents dans l'organisation administrative de la RDC.

C'est dans ce cadre que s'inscrite notre problématique entendue d'abord comme « L'ensemble de problèmes pratiques, conceptuelles et théoriques afférentes à une recherche donnée » (20), et qui part des problèmes selon lesquelles depuis 2004 lorsque le législateur congolais avait décidé d'adopter la loi organisant la Commission Electorale Tndépendante (CET), une institution transitoire créée aux assises de dialogue inter congolais, les agents et cadres techniques de cette institution qui lui étaient reconnus d'engager n'avaient pas statut règlementaire, ils étaient régis par le droit commun de contrats.

Ceci ressort des prescrits de l'article 23 de la loi N°04/009 du 05 juin 2004 qui disposait comme suit : « La commission électorale indépendante se dote des agents et cadres techniques dont elle besoin pour son fonctionnement. Ces agents et cadres techniques sont recrutés par elle exclusivement ou mis à sa disposition à sa demande par les services publics compétents de l'Etat. Ils relèvent du régime contractuel de droit commun. Toutefois, s'ils sont des agents de carrière des services publics de l'Etat, ils sont mis en détachement conformément à leur statut ». En vertu cette disposition, il se dégage l'idée selon laquelle, si la CET pouvait recruter une personne sur base du contrat de travail, ce sont les dispositions du code du travail qui devraient être appliquées intégralement. Par contre, si elle recrutait une personne dans le cadre de contrat de louage des services, ou tout autre contrat, ce sont les règles de code civil des obligations qui étaient entièrement applicables.

Dans la pratique, ce régime contractuel de droit commun qui était posé par cette loi de 2004 a connu des problèmes sérieux de son application par les autorités

management public, Les presses de l'Université Laval, Québec, 2002, p. 95.

(20) MUYUNGA MALANGO Kennedy, op. cit. p. 7.

11

de la CET qui justifiait la sensibilité de la mission cette dernière. Le président de la CET à cette époque, feu Abbé Apollinaire MALUMALU pouvait même aller loin en employant une phrase pour ériger un obstacle à certains agents de la CET qui étaient mécontents de leur traitement par rapport à leurs fonctions. Cette phrase était la suivante : « la CET est une institution de mission et à ce titre, ces agents ne sont que des missionnaires ».

Arrivée en 2010 lorsque la CET a cessé d'être transitoire pour devenir permanente et en changeant l'appellation de la CET à la CENT à travers la loi organique 2010, le législateur de cette année avait réitéré son homologue de 2004 en reprenant le même situation organique et fonctionnelle des agents et cadres administratifs dans les articles 38, 39 et 40 et plus précisément l'article 39 de ladite loi organique qui disposait : « Le statut des membres du secrétariat exécutif relève du droit commun ». La même formulation sera reprise à l'article 42 du règlement intérieur de 2011 de la CENT.

Cependant, après la réforme de la loi organique de 2010 qui a eu lieu en 2013 avec la loi organique N°13/012 du 19 avril 2013 modifiant et complétant la loi organique N°10/013 du 28 juillet 2010, les articles 38, 39 et 40 ont subi des modifications en habilitant la CENT le pouvoir de fixer lui-même le statut de son personnel administratif et technique dans le règlement administratif et financier.

Sur ce, il a fallu attendre le 27 février 2017, date de l'entrée en vigueur de ce règlement pour voir la CENT ratifiée le pouvoir issu des dispositions de l'article 39 alinéas 2 de la loi organique sous analyse et fixer ce statut en « statut particulier des agents et cadres administratifs et techniques de la CENT » en vertu de l'article de l'article 55 de ce règlement qui dispose en ces propos que : « La Commission Electorale Nationale Tndépendante est une institution de mission. A ce titre, son personnel relève d'un statut particulier défini par le présent règlement administratif et financier et déroge au droit commun ».

Toutefois, en dépit de fixation de ce statut par ce texte précité, le constat révèle sur terrain que, la situation statutaire des agents et cadres de la CENT est quasiment loin d'appliquée et respectée tant par l'institution CENT elle-même que par l'Etat congolais dont cette dernière est institutionnalisée.

Dans les chefs de certains membres de la CENT et voir de certains agents, on nie toute qualité tant de fonctionnaire public que de travailleur aux agents et cadres administratifs et techniques, ils ne sont que des missionnaires. De leurs côtés, bon nombre d'agents que nous avons eu à faire des entretiens, certaines ont d'une part, du mal à déterminer la nature de leurs droits et obligations tant en vers la CENT qu'envers l'Etat. Et de l'autre part, d'autres, ne font que des murmures en déplorant des mauvaises conditions de service et des décisions que les autorités de la CENT prennent au quotidien à l'encontre de certains de leurs collègues de service à tel enseigne qu'ils ne peuvent parler, autant mieux garder silence pour ne pas perdre le poste. La

12

conséquence ce que, la qualité des opérations électorales est pas toujours quasiment critiquée par les parties prenantes aux élections.

C'est pourquoi nous nous sommes posé une question principale de savoir si les agents et cadres administratifs et techniques de la CENI peuvent être régis par le statut particulier qui déroge au droit commun fixé par la CENI elle-même dans l'organisation administrative actuelle de l'Etat Congolais sans qu'ils ne soient pas naturellement défiés? De cette question nous avons voulu répondre à la préoccupation subsidiaire suivante : Quelle est la nature statutaire des agents et cadres administratifs et techniques de la CENI en droit positif congolais?

Voilà dans quelques mots, les questions auxquelles nous tenterons de répondre provisoirement dans les lignes qui suivent aux hypothèses de notre travail.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon