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Le contentieux des résultats de l'élection présidentielle en droit positif congolais


par Ephrem HAKIZUWERA SANGANYA
Université de Goma  - Licence 2018
  

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CONCLUSION

Le contentieux des résultats de l'élection présidentielle vise à protéger le respect de la volonté politique du peuple. Cette protection figure parmi les préoccupations de la communauté internationale et nationale. Ceci justifie la mise en place des instruments juridiques qui constituent le droit qui régit l'organisation des élections en RDC.Cette étude a cherché à savoir si le droit électoral congolais permet un traitement efficace du contentieux des résultats de l'élection présidentielle. Il en ressort que le juge électoral peut rectifier les résultats s'ils sont entachés d'erreur matérielle. Il peut aussi annuler en tout ou en partie les résultats issus de l'élection présidentielle lorsque les irrégularités retenues ont influencé d'une manière déterminante le résultat du scrutin. Ce pouvoir a été renforcé en 2011 par l'insertion de l'article 74 quater(2)qui prévoit : « La juridiction saisie prend toutes les mesures d'instruction nécessaires. La Commissionélectorale nationale indépendante ainsi que toute autorité politique ou administrative sonttenues de lui communiquer toutes informations nécessaires en leur possession ». Il s'agit d'une procédure inquisitoire où le juge est maitre de la procédure et dispose de tous les moyens d'établir la vérité du scrutin. D'où, le droit électoral congolais permet un traitement efficace du contentieux des résultats de l'élection présidentielle.

Une autre préoccupation tendait à savoir si la CSJ et la CC avaientété à la hauteur de leurs taches en rendant une justice électorale qui rencontre les aspirations techniques de la loi électorale. Pour répondre à cette préoccupation, trois décisions rendues par ces juridictions ont été analysées. Nous avons constaté d'une part que la CSJ et la CC statuaient exclusivement sur la base des PV et d'autres pièces fournies par la CENI, dont elles sont appelées à censurer les décisions. D'autre part, l'ensemble des griefs soulevés par les requérants étaient rejetés faute de preuve, mais sans approfondir l'examen des affaires par d'autres mesures d'instruction. Si cette manière de faire pouvait se comprendre avant la modification de la loi électorale en 2011, la CSJ et la CC n'ont pu avancer avec l'évolution de la législation en continuant à traiter les contentieux sur un mode largement accusatoire. D'où, elles n'ont pas été à la hauteur de leurs tâches.

De ce fait, l'étude s'est penchée sur l'office de la CSJ et de la CC en vue de déceler quelques faiblesses structurelles et institutionnelles qui favorisent le mauvais traitement du contentieux des résultats de l'élection présidentielle. Elle conclut que la CSJ et la CC n'ont pas justifié d'une indépendance d'action et d'une spécialisation en matière de droit public et du contentieux électoral en particulier. Tout d'abord, les juges à la CSJ et à la CCsont tous nommés par ordonnance présidentielle. En particulier, pour la CC,le mode de désignation fait en sorte que six juges tirent leur origine de la volonté des institutions politiques. Cette coloration politique pose le réel problème de l'indépendance vis-à-vis du pouvoir politique.Il y a lieu de reconnaitre l'incidence que peut avoir cette désignation sur l'indépendance ainsi que l'impartialité des membres de la CC. Cependant, le juge constitutionnel devrait opposer une sorte de droit d'ingratitude à l'organe politique l'ayant désigné. Ceci désigne le droit ou même le devoir qu'a le juge constitutionnel de ne pas se plier aux ordres, aux injonctions ou aux menaces de l'autorité politique l'ayant désigné d'autant plus qu'une fois nommé, l'autorité n'est plus pourvue de pouvoir sur lui. D'où, la nécessité pour les membres de la CC d'intérioriser ce socle d'indépendance

Pour ce qui est des juges à la défunte CSJ, ilsdevaient avoir, en fait, une ancienneté de vingt ans au moins pour parvenir à leur position. Ceci n'était pas importantpour avoir une compétence juridique en matière du contentieux électoral car les juges à la CSJ étaient recrutés des juridictions inférieures, où étaient traitées des questions essentiellement de droit privé et judiciaire, alors que les affaires de droit public étaient rares. Ce manque de compétence juridique spécialisée des hauts magistrats dans le domaine du droit public électoral étaient parmi les griefs les plus importants formulés contre la CSJ. Mais ils n'ont pas encore été corrigésà la CC, vu les critères de nomination des juges à cette juridiction.

Comme nous pouvons le constater, en réponse à une autre préoccupation soulevée dans ce travail, la jurisprudence électorale en RDC a été très critiquée avec raison. Nonobstant ces critiques, la matérialité de ces décisions comporte aussi quelques mérites qu'il convient de souligner. Trois arrêts rendus c'est déjà une bonne référence à partir de laquelle on peut comprendre certaines notions de droits, à l'instar de l'influence déterminante, de la procédureà suivre pour contester les résultats issus d'un scrutin, de la qualité pour agirdevant la CC ainsi que d'autres motifs d'irrecevabilité d'une requête en matière de contentieux des résultats de l'élection présidentielle.

Ayant constaté que le juge se contente des PV et pièces lui transmis par la CENI, nous proposons au législateur de renforcer le droit électoral congolais. Il devrait imposer que des huissiers et des greffiers soient déployés sur le terrain lors des opérations électorales afin de recueillir tant au niveau des bureaux de vote et de dépouillement qu'aux centres locaux de compilation, des fiches des résultats et toute autre pièce pertinente dont le juge pourrait se servir lors de l'examen du contentieux des résultats de l'élection présidentielle.

Par ailleurs, les critères de nomination comme juge à la CC devaient être réviséspour permettre à la CC de traiterefficacementle contentieux des résultats de l'élection présidentielle. A l'état actuel du droit positif, toute personne qui a une expérience dans le domaine politique peut être nommée membre de la CC. Même le Président de la CC peut être une personne qui n'a pas de compétence spécifique en matière juridique.La Constitution et la Loi organique portant organisation et fonctionnement de la CC se contentent de dire que le Président de la CC est élu par ses pairs pour un mandat de trois ans renouvelable une fois. Pour raison d'efficacité dans le traitement des dossiers, parfois hautement techniques, la CC devrait être composée uniquement des juristes.

Enfin de compte, les membres de la CC devraient être désignésnon seulement parmi les juristes, mais aussi des spécialistes de droit, singulièrement en matière électorale. L'expérience politique devrait rester un critère secondaire.Encore faudrait-il veiller à la formation permanente des uns et des autres en matière électorale. Ces propositions pour un meilleur traitement efficace du contentieux des résultats de l'élection présidentielle en RDC devraient continuer à susciter un grand intérêt chez les chercheurs congolais.

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