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Quel role et quelle place pour le juge constitutionnel espagnol dans un Etat dit "semi fédéral", autonomique ?

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par Caroline Poulard
Université de Nantes et Saragosse - Licence 3 2006
  

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2 Le double contrôle par le T.C., du respect de la Constitution et des statuts d'autonomie par les C.A.

En Allemagne, le T.C. fédéral contrôle la conformité du droit des landers exclusivement par rapport à la Constitution du bund, c'est-à-dire de l'Etat fédéral d'Allemagne.

En revanche, le contrôle de la conformité du droit local à la Constitution des landers relève de la compétence des T.C. qui sont institués dans chaque land. En d'autre terme, le contrôle de la constitutionnalité des normes des landers est partagé entre la Cour de Karlsruhe, pour ce qui concerne le respect de la Constitution fédérale, et les T.C. des Etats fédérés, pour ce qui concerne le respect de la constitution des landers. La compétence de la Cour fédérale n'est donc pas totale en la matière.

Il n'en va pas de même en Espagne. En effet, de même qu'il n'y a pas dans les C.A., de juridiction ordinaire propre mais exclusivement des tribunaux relevant des pouvoirs judiciaires de l'Etat, il n'y a pas de juridiction constitutionnelle spéciale. Comme l'indique l'article 1.2 de la L.O.T.C., le T.C. espagnol est unique dans sa catégorie et a juridiction sur tout le territoire national. D'autre part, que ce soit dans

le cadre du contrôle des normes ou dans celui des conflits constitutionnels, il s'assure du respect non seulement de la Constitution mais aussi des statuts d'autonomie. Il s'agit donc là un contrôle double de constitutionnalité.

Le T.C. peut donc prononcer l'annulation d'une loi régionale aussi bien pour violation de la Constitution de l'Etat que pour méconnaissance du statut de la C.A. concernée.

A la différence de ce qu'il se passe en Allemagne, le T.C. espagnol assure donc intégralement « le contrôle des systèmes juridiques autonomes ».

Ainsi, un même organe, le T.C., contrôle à la fois les trois pouvoirs fondamentaux de l'Etat ainsi que les dix-sept systèmes autonomes en s'assurant qu'ils respectent la loi fondamentale et les normes qui en développent le contenu. Il est donc évident que cela fait de lui un acteur décisif dans le système politique espagnol de sorte qu'il participe à « la direction politique de l'Etat » en veillant à ce que ces divers centres de pouvoirs n'outrepassent pas leurs compétences, au détriment des autres. Le T.C. contribue ainsi très largement au maintient du modèle autonomique tel qu'il est ébauché par le texte constitutionnel

A l'heure actuelle où la tentative fédéraliste devient éminente (on discute actuellement dans la commission parlementaire concernée d'une réforme constitutionnelle visant à éliminer le principe dispositif visé à l'article 2 de la CE), le T.C. apparait, chaque fois plus, amené à jouer un rôle déterminant dans la conservation du système.

Comme nous l'avons ainsi démontré tout au long de notre étude, le juge constitutionnel espagnol a joué et joue actuellement un rôle prépondérant dans l'Etat des autonomies espagnol.

En effet, la configuration sui generis de l'Etat autonomique lui confère des attributions aussi vastes que diverses dont ne peuvent s'enorgueillir les autres juridictions suprêmes des Etats fédéraux ou unitaires.

Ainsi, comme nous l'avons vu dans un premier temps, le T.C. espagnol a, de par un modèle d'organisation territorial du pouvoir en suspension, non défini par le constituant, très largement contribué à la construction même de l'Etat des autonomies en apportant ainsi ses interprétations déterminantes des principes constitutionnels d'autonomie et d'unité.

La doctrine a ainsi été amenée à parler de l' « Etat jurisprudentiel autonomique ».

En effet, l'Etat des autonomies n'étant pas constitutionnalisé, il a ainsi été, dans une très large mesure, le fruit de la jurisprudence du juge constitutionnel.

Nous avons également pu voir, dans un second temps, de quelle façon une des attributions essentielle de la juridiction suprême, celle de la résolution des conflits de compétence entre l'Etat et les C.A., contribuait très largement à déterminer la configuration de cet Etat des autonomies, selon que le T.C. tranche en faveur de l'Etat ou de la C.A..

Nous avons ainsi pu constater la mesure dans laquelle le juge constitutionnel constitue un acteur clé dans l'évolution du modèle lui-même d'organisation territoriale du pouvoir.

Enfin, nous nous sommes attachés à étudier le rôle du T.C. dans le contrôle des C.A. et avons ainsi étudié, par là même, la prééminence de sa jurisprudence dans la conservation d'un modèle de base unitaire à l'heure actuelle tenté par la constitutionnalisation fédéralisante du système.

En effet, passé plus de vint-cinq ans de processus autonomique, beaucoup s'accordent à dire qu'il serait temps que l'Espagne constitutionnalise son modèle définitivement, et qu'elle donne des solutions constitutionnelles à la conflictualité Etat/CA.

Dés lors, le juge constitutionnel apparaît amené à jouer un rôle nouveau.

Si l'Etat autonomique veut prétendre à un système général et cohérent, de nombreuses réformes semblent nécessaires, tant structurelles que fonctionnelles, mais aussi quant à certains principes constitutionnels.

Ainsi, outre la suppression du principe dispositif, qui a permis d'ébaucher la configuration du modèle autonomique et qui se traduit peu à peu chaque fois plus comme un moyen pour les C.A. de refuser l'attribution de compétences impopulaires (comme par exemple, la compétence en matière de gestion des prisons n'est à l'heure d'aujourd'hui qu'uniquement assumée par la C.A. de Catalogne), est également envisagée, depuis un dizaine d'années la réforme du Sénat, de façon à tendre vers une représentation en son sein plus conséquente des C.A., à l'instar de la chambre basse dans les Etats fédéraux.

Dans une telle conjoncture, il apparait donc légitime de s'interroger sur l'avenir du rôle du T.C. espagnol qui semble être amené, dans une telle configuration, à être redéfini, pour tendre vers les attributions classiques et basiques de ses homologues fédéraux.

En effet, s'il convient de s'accorder sur la nécessité de sortir d'un « Etat à la carte », comme le rappelle le rapport de la Commission Européenne du 6/09/1997 (qui appelle à une clarification des modèles européens atypiques d'organisation du pouvoir ; à savoir, ni fédéraux, ni unitaires), il y a tout lieu de s'attendre à une diminution du rôle de la juridiction suprême espagnole.

Dés lors, dans un Etat autonomique amené à évoluer et par là même à trancher pour un modèle d'organisation constitutionnalisé du pouvoir, quelle place, le juge constitutionnel espagnol va-t-il être amené à jouer ? Autrement dit, dans quelle mesure la refonte du modèle espagnol, par une réforme constitutionnelle devenant insistante, pose t-elle également celle du rôle du Tribunal Constitutionnel ?

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault