WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Quel role et quelle place pour le juge constitutionnel espagnol dans un Etat dit "semi fédéral", autonomique ?

( Télécharger le fichier original )
par Caroline Poulard
Université de Nantes et Saragosse - Licence 3 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

c_ Particularismes face à l'Etat unitaire

Ce qui marque nettement la rupture du modèle espagnol avec un Etat unitaire est le pouvoir législatif dont bénéficient les C.A. En effet un tel pouvoir ne serait pas acceptable dans un Etat unitaire car c'est précisément, ce qui le caractérise, la possession d'un seul et unique centre de pouvoir. Si sous sa forme la plus décentralisé il peut bénéficier d'institutions représentatives, l'Etat unitaire ne peut en aucun cas disposer d'un exécutif et législatif dotés d'un pouvoir normatif indépendant.

Par exemple, dans un Etat unitaire comme la France, la loi sur le statut de la Corse et les compétences d'expérimentation législative qu'elle prévoyait à été fortement discutée et le texte diminué dans sa version définitive.

La question de la langue interdit également de classer l'Etat autonomique espagnol dans les Etats unitaires. La langue dans l'Etat unitaire est unique alors que l'exemple Espagnol montre que les langues régionales sont officielles dans leurs régions (Art 3.2 CE).

A l'inverse dans un Etat unitaire tel que la France, le breton ou bien encore le corse, ne sont pas reconnus dans la Constitution ou quelconque autre norme.

Les C.A. ont pour leur part, mis en place depuis une vingtaine d'années, des dispositifs institutionnels pour la promotion des langues basque, catalane et galicienne.

Il apparait ainsi que sur les dix-sept C.A. que compte l'Espagne, onze incluent des zones bilingues plus ou moins étendues.

Le cadre juridique de cette articulation des langues autonomes et centrale est donc défini a la fois au niveau de l'Etat, à l'article 3 de la Constitution, comme nous venons de le voir, mais également au niveau des C.A..

Celles-ci ont, en effet, pour leur part, chacune en conformité avec la Constitution et leur propre statut d'autonomie, promulgué une loi concernant l'usage de l'espagnol et de leur propre langue. On peut citer l'exemple du Pays basque pour qui c'est la loi du 24 novembre 1982 sur l'usage de l'Euskera qui fixe le cadre juridique de cette articulation linguistique.

d_ Particularismes face à l'Etat fédéral

L'interdiction pour les C.A. d'avoir leur propre Constitution interdit également à l'Etat des autonomies d'être qualifié d'Etat fédéral.

Pour qualifier la norme basique institutionnelle de chaque C.A., on parle en Espagne des « statuts d'autonomie » des C.A., définis à l'article 147 de la CE.

Face au système de hiérarchie des normes établi par la CE, il s'avère assez complexe de déterminer la nature juridique exacte des statuts autonomiques.

En effet, cerner la nature juridique des statuts d'autonomie est une oeuvre des plus ardues et la complexité de cette tache s'accroit à partir du moment où l'on sait qu'il n'existe pas un mais deux processus distincts d'élaboration des statuts d'autonomie et qu'il n'existe pas non plus par ailleurs, une formule de ratification unique de ces derniers.

On peut néanmoins souligner que les statuts ne se révèlent être ni des lois de nature strictement régionales ou étatique. En effet, ce ne sont pas des normes régionales, dans la mesure où les statuts d'autonomie doivent faire l'objet d'une ratification ultime des Cortes.

A l'inverse, dans un Etat fédéral, les Constitutions des Etats fédérés sont ratifiées de façon unilatérale par leurs parlements propres.

Pour autant, les statuts autonomiques des C.A. ne peuvent être considérés comme des normes de nature étatique, dans la mesure où bien qu'ils fassent l'objet d'une approbation par les « Cortes, selon le procédé prévu pour n'importe quelle loi organique (Art. 81 CE), les statuts d'autonomie sont élaborés à l'initiative seule des C.A. elles-mêmes.

En effet, comme le précise l'article 146 de la CE, le projet de statut est élaboré par une assemblée composée des sénateurs et députés des différentes provinces qui composent la C.A. ; seulement après succède sa ratification par les Cortes.

Les statuts d'autonomie constituent donc des normes de nature juridique unique ; ni norme d'origine véritablement étatique ou autonomique, ils intègrent le bloc de constitutionnalité espagnol puisqu'ils sont ratifiés par les Cortes par le biais d'une loi organique.

Par conséquent, toute réforme des statuts d'autonomie requiert une réforme de la CE.

Les C.A. n'ont pas de système juridictionnel propre et indépendant.

En effet, en Espagne, contrairement à un Etat fédéral pour lequel le découpage juridictionnel correspond au territoire des Etats fédérés, la compétence juridictionnelle relève du pouvoir monopolistique de l'Etat central. La distribution territoriale des tribunaux obéit ainsi à un découpage essentiellement administratif.

En effet, si les Communautés Autonomes disposent d'organes exécutifs et législatifs propres, indépendants de ceux de l'Etat central, il en va distinctement pour ce qui attrait au pouvoir juridictionnel ; l'article 117.5 de la CE garantit le principe d' « unité juridictionnelle » comme base de l'organisation et fonctionnement des tribunaux en Espagne.

L'unité du pouvoir juridictionnel ainsi préservée, il apparaît donc que les C.A. sont véritablement dénuées d'une Administration en la matière propre et autonome, même si celles-ci peuvent, comme le prévoit l'article 152.1.2° de la Constitution, participer à la gestion des compétences administratives des tribunaux.

En ce sens, la Constitution et les statuts d'autonomie établissent un « Tribunal Supérieur de Justice » dans chaque C.A.. Cette juridiction, composée de quatre « salas » ou chambres, (civil, pénal, contentieux administratif et social) reçois les recours en cassation des décisions des juridictions de premier et second degré relevant du territoire de la C.A. en question. (Ce Tribunal Supérieur de Justice peut voir ses décisions réformées par la plus haute juridiction espagnole, le Tribunal Suprême, établi à Madrid). Il n'en reste pas moins que, s'il existe un Tribunal Supérieur de Justice pour chaque C.A., celle-ci ne peut intervenir dans cette compétence juridictionnelle exclusive de l'Etat que pour la gestion administrative de la juridiction.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld