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Quel role et quelle place pour le juge constitutionnel espagnol dans un Etat dit "semi fédéral", autonomique ?

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par Caroline Poulard
Université de Nantes et Saragosse - Licence 3 2006
  

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2_ Le Tribunal Constitutionnel, une institution au-dessus des autres (justification, composition, attributions)

a_ La légitimation de l'institution suprême

La constitution de 1978 consacre en son titre IX la création d'une juridiction nouvelle ; le Tribunal Constitutionnel comme un des organes constitutionnels de l'Etat espagnol, à qui l'on confie spécialement la défense de la norme fondamentale, par distincts moyens juridictionnels propres à l'institution.

La création de cette juridiction suprême, placée à la tête du système institutionnel de l'Etat, et chargée de veiller au respect de la CE s'inscrit en 1978, dans le projet de l'Espagne, de confirmer par le droit, et à travers sa propre loi fondamentale, l'achèvement du processus de transition démocratique en cours depuis la chute du régime franquiste en 1975.

Contrairement au système de « Judicial review » qui caractérise la justice constitutionnelle américaine (contrôle diffus de constitutionnalité), le constituant espagnol opte lui pour une solution retenue de façon unanime en Europe depuis la fin de la seconde guerre mondiale, à savoir la création d'une institution particulière, puisque suprême et unique, dédiée à la garantie du respect de la norme fondamentale.

Pour assurer un constitutionnalisme effectif, la Constitution de 1978 reprend donc la thèse de Hans Kelsen en posant l'exigence d'un contrôle concentré de constitutionnalité justifiant ainsi la nécessité d'une juridiction suprême chargée de veiller au respect effectif de la Constitution. Autrement dit, la CE charge donc le juge constitutionnel espagnol d'un contrôle de la constitutionnalité des lois et normes ayant force de loi (puisque les actes infra législatifs pourront eux faire l'objet d'un contrôle de légalité opéré par le juge ordinaire).

Le T.C. espagnol fut donc institué sous la présidence du roi Juan Carlos Ier des Bourbons, le 12 juillet 1980.

Un tribunal de même nature, le « Tribunal des Garanties Constitutionnelles », avait déjà été institué par la Constitution de 1931 instaurant la 2nde République ; mais la guerre civile qui frappe l'Espagne dés 1936, emporte la chute de la République et avec elle, celle de la juridiction suprême.

En 1978, c'est dans un tout autre contexte que le constituant décide de recréer une juridiction de cette nature et dimension, chargée de veiller au respect effectif de la Constitution (car le juge constitutionnel peut annuler, et expulser de l'ordonnancement juridique les normes qui la contrarient).

En effet, après près de quarante ans de franquisme derrière elle, l'Espagne tente, sous la pression des Etats démocratiques européens et pour confirmer l'aboutissement de processus de transition démocratique du pays, d'avancer et d'instituer un modèle démocratique irréprochable pour s'intégrer à l'ensemble européen.

La nécessité d'une juridiction chargée de veiller au respect de la norme fondamentale s'impose donc d'elle-même, pour garantir l'Etat constitutionnel espagnol et rompre avec l'arbitraire qui fut loi durant le régime franquiste.

Le roi Juan Carlos Ier succède à Franco en 1975 comme il en avait été prévu par une réforme franquiste de la constitution de 1931. Pour légitimer son titre et initier une Espagne démocratique, il prônera lui même la nécessité d'un Tribunal Constitutionnel.

Pour ne pas retomber vers une léthargie et inefficacité de la juridiction suprême (comme ce fut le cas durant l'expérience républicaine du « Tribunal des garanties constitutionnelles »), le Tribunal Constitutionnel espagnol se voit alors attribué un certain nombre de compétences clé et de pouvoirs importants.

Il convient de préciser que l'existence d'un Tribunal Constitutionnel répond également à des nécessités intrinsèques à la configuration de la distribution territoriale du pouvoir en Espagne, telle qu'elle apparait dans la Constitution de 1978.

Celle-ci prévoit, en son article 2, la garantie de « l'indissoluble unité de la nation espagnole » et reconnait également le « droit à l'autonomie des populations et régions qui l'intègrent ».

Cet ambigu article 2 de la Constitution qui consacre à la fois des principes aussi opposés que sont de l'unité et de l'autonomie, préfigure la forme autonomique de l'Etat ; il pose les bases d'un système d'organisation étatique hybride impliquant ainsi un système complexe de distribution territoriale du pouvoir entre les C.A. et l'Etat central.

L' « Etat des autonomies », à l'instar de l'Etat fédéral, nécessite donc une juridiction suprême, placée au centre du système institutionnel qui, au regard de la Constitution, se charge de trancher les conflits de compétences qui peuvent intervenir entre les deux acteurs du pouvoir.

Ainsi, l'article 161.1.c de la CE place le juge constitutionnel compétent pour connaitre des conflits de compétences qui surgissent entre l'Etat et les C.A. ou entre celles-ci elles-mêmes.

Outre la compétence basique de toute juridiction constitutionnelle pour annuler et expulser de l'ordonnancement juridique les normes contraires à la loi fondamentale, le juge constitutionnel espagnol sera donc également chargé de faire respecter le « pacte autonomique »  conclu entre les Communautés Autonomes et l'Etat central, à savoir, leur répartition des compétences.

Ainsi, dés 1978, on peut clairement s'attendre à ce que la jurisprudence du T.C. espagnol soit prééminente dans le devenir d'une configuration organisationnelle du pouvoir dont le schéma n'est pas constitutionnellement posé sinon délimité, encadré.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld