§ 2 : De la
préparation à la réinsertion du condamné à
CASABIANDA.
Aux dires des conseillers d'insertion et de probation, une
réinsertion réussie se fonde sur plusieurs facteurs :
- Un amendement accompli : nous venons de le voir,
CASABIANDA y est probablement plus propice que d'autres établissements,
pour une certaine part de la population pénale française au
regard du sort qui est réservé à cette fraction dans
d'autres centres de détention.
- L'aptitude à la resocialisation : de
l'avis de certains détenus, la prison traditionnelle est
qualifiée d'infantilisante. Le détenu ne participe que
marginalement à l'organisation de son quotidien. Il régresse
souvent plus qu'il ne progresse dans ses aptitudes intellectuelles ou
professionnelles. À l'inverse, CASABIANDA est dans son quotidien plus
conforme aux rapports sociaux du monde libre.
Qui plus est, les rapports à l'infraction et à
la sanction sont eux aussi plus comparables à ce qui existe dehors. En
jouissant d'un maximum de liberté, dans la limite de ce qui est
autorisé par la sanction pénale, le détenu à
beaucoup à perdre s'il ne respecte pas les règles de la
détention, certainement plus que dans tout autre établissement
pénitentiaire. Un risque comparable au risque d'incarcération qui
demeure à l'extérieur en cas d'infraction. Une épée
de Damoclès qui habitue le détenu à vivre sous la menace
d'une perte de liberté en cas de récidive.
- La qualité de l'environnement d'accueil à
la sortie : bien que l'éloignement du continent participe
à la rupture des liens sociaux et familiaux antérieurs à
l'incarcération, nous avons vu précédemment que les
espaces d'accueil des familles permettent dans une certaine mesure de
réduire cette incidence.
Cependant, la nature de l'infraction majoritairement commise
par les détenus de CASABIANDA entraîne dans bien des cas un rejet
du condamné de la part de leur famille. De la
sérénité et de la qualité du travail entrepris en
détention pour trouver un lieu d'accueil, dépendra en grande
partie la qualité des premières semaines de sortie.
- Le temps d'inactivité professionnelle après
la sortie de prison : nous l'avons vu précédemment,
CASABIANDA insiste beaucoup pour entretenir ou développer un savoir
professionnel de la part des détenus. Des atouts utiles pour minimiser
l'impact de « l'étiquette » sortant de prison lors
de l'arrivée sur le marché du travail.
- La qualité du suivi du conseiller d'insertion et
de probation dans les cas de libération conditionnelle : la
libération conditionnelle, dont bénéficie en moyenne un
peu plus de détenus à CASABIANDA que les autres
établissements, permet d'organiser un suivi des comportements à
risques (addiction aux drogues, à l'alcool, aux jeux, ...), de s'assurer
de la poursuite d'un suivi médical spécialisé dans les cas
qui le nécessite, et de revenir autant de fois que nécessaire
à la réalisation des points précédent.
Pour conclure ce chapitre je reviendrai sur la dernière
utilité traditionnelle des peines pénales : la compensation
du préjudice subi par la victime. Voilà sans doute le domaine
où le centre de détention de CASABIANDA peut sembler moins
performant que ses homologues français, bien que le paiement des
dommages et intérêts y soit plus facile qu'ailleurs, compte tenu
des revenus tirés de l'activité professionnelle des prisonniers.
En effet, que pourrait penser une victime, qui plus est dans une situation
sociale difficile, du cadre de vie des détenus de CASABIANDA. Cela
susciterait sans doute un fort sentiment de révolte.
Pourtant, lorsque les victimes sont interrogées sur les
peines qui doivent être réservée à leur assaillant,
l'expression qui revient fréquemment dans leurs déclarations est
de réclamer une peine « pour que leur agresseur ne
recommence jamais ». Or, nous venons de le voir, CASABIANDA est,
dans certains cas, l'outil pénitentiaire qui répond le mieux
à cette demande.
Ainsi, que ce soit pour la société, pour le
détenu, et même par extension pour les victimes, le centre de
détention de CASABIANDA est, dans des cas de détenus bien
précis, le mieux à même de remplir les missions
confiées à l'administration pénitentiaire.
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