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Le centre de détention de CASABIANDA, emblématique prison de paradoxes

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par Paul-Roger GONTARD
Université Aix-Marseille III - Master 2 de droit, spécialité lutte contre l'insécurité 2008
  

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§ 2 : Une profusion d'articles de presse

Si l'approche scientifique de l'expérience de CASABIANDA est parfois bien maigre, il n'en est pas de même de sa présence médiatique. Cette prison est en effet un sujet de choix pour interpeller, choquer ou créer une polémique ; tout ce qui attire l'attention des lecteurs et augmente les ventes.

Mais chose remarquable, des journalistes semblent assez périodiquement redécouvrir complètement CASABIANDA, comme si depuis 60 ans ce lieu leur avait été dissimulé par l'administration, quand bien même depuis son ouverture de nombreux articles de presse se sont succédés à son sujet, allant de la presse régionale, en passant par les hebdomadaire nationaux, et jusqu'aux chaînes de télévision nationale.

Voici quelques titres consacrés à CASABIANDA :

- 11/12/1953, Nice Matin : Un domaine témoin, CASABIANDA...

- 26-27/04/1958, Figaro : Casabianda, première prison ouverte. En arrachant 648 hectares au maquis les cent détenus rapportent de l'argent à l'Etat.

- Avril 1958, Constellation : CASABIANDA, chance unique des détenus.

- 26/01/1984, Nice Matin : Prison ouverte ... sur chambre d'amour.

- 06/07/1989, Nice Matin : La clef des champs... pour travaux forcés.

- 06/07/1999, Marianne : A Casabianda, même les matons ne sont pas bien gardés.

- 01/09/1999, Figaro : Corse, scandale au centre pénitentiaire. Des détenus côtoyaient des enfants.

- et autres ...

Le traitement de l'information au sujet de CASABIANDA est souvent le reflet de l'identité du journal. Les articles des hebdomadaires étant souvent ceux qui cherchent le plus à faire réagir le lecteur. Ainsi l'article du Point, n°1837, daté du 29/11/2007 commence ainsi :

« C'est l'une des plus belles plages de Corse. Une langue de sable blanc qui s'étire sur une dizaine de kilomètres. Il est 11 heures et, malgré l'automne qui tire à sa fin, le soleil est généreux. Alignées face à la mer, douze cannes à pêche sont plantées dans le sable. Deux pêcheurs commentent leurs prises. Un superbe loup qu'ils cuisineront ce soir, peut-être au barbecue. Plus haut sur les dunes, contre la pinède, un homme tire sur sa cigarette, un bouquin entre les mains. Tandis que trois autres fixent en silence, comme hypnotisés, l'horizon bleu indigo. Partout où se porte le regard, on ne voit que des hommes. La plupart d'entre eux ont été condamnés pour viol, pédophilie ou inceste. »

Après avoir montré un visage idyllique du lieu, on assène, presque brutalement, l'identité pénale des bénéficiaires du lieu : les « violeurs, pédophiles et incestueux » ! Comment ne pas voir dans l'accroche de cet article l'envie de faire du sensationnel. Exercice périlleux qui peut nuire à l'image de cet établissement.

Pourtant, la communication est nécessaire pour un centre de détention aussi atypique. Ne pas accepter de recevoir la presse reviendrait à dissimuler son existence, autorisant par là le développement de divagation ou de fantasmes médiatiques qui pourraient être, eux, bien plus nuisibles encore pour CASABIANDA.

Dans son numéro du 5 juillet 2007, le magazine LIEN SOCIAL, presse spécialisée dans les questions socioculturelles, consacre son édito et un long article à l'établissement. Le papier est moins caricatural que le précédent, il n'échappe cependant pas à la mise en avant, pour accrocher le lecteur, de quelques rapprochements qui interpellent :

« A 70 kilomètres au sud de Bastia, dans la pleine orientale Corse, s'étend une prison hors norme. Dans cette exploitation agricole sans mur d'enceinte, les détenus, condamnés à 80% des cas pour de graves affaires de moeurs, sont bien plus qu'un numéro d'écrou. »

Le développement qui suit sera cependant lui plus étudié, la présentation de l'expérience de CASABIANDA, moins caricaturale. Une volonté de comprendre émerge même de l'article. Un bon exemple d'une présentation médiatique sincère, bien qu'incomplète, de CASABIANDA.

La presse spécialisée serait elle, peut être, plus capable que son homologue grand public de saisir les subtilités du lieu ?

Dans une autre forme, le nouveau média que représente Internet permet à certains sites spécialisés de réagir selon leur centre d'intérêt respectif :

- www.investigateur.info, 28/08/2003 : Manifestation de surveillants à Casabianda.

- www.unita-naziunale.org, 20/05/2007 : CASABIANDA : TERRA NOSTRA !

- www.corsematin.com, 21/05/2007 : A Casabianda, 70% des détenus ont commis des délits sexuels.

Et les bloggeurs ne sont pas en reste :

- www.blogg.org, le blog de Mac Léon III, 18/07/2006 : Paradis pour pédophiles et violeurs.

- www.wmaker.net/apiazzett, 28/05/2008 : Pédophiles, consanguins, assassins : benvenuti in Casabianda. (en corse dans le texte).

Et ce sont là pour les deux derniers exemples, des réponses à ma requête indexée parmi les 10 premières réponses d'une recherche de l'item CASABIANDA sur Google ! La preuve que les simples citoyens qui s'expriment au sujet de ce centre de détention, le font souvent, par ignorance sans doute, avec agressivité, voire vulgarité. Je n'ai, en outre, pas trouvé à ce jour de site Internet ou de blog de citoyens lambda, qui s'efforce de présenter l'expérience de CASABIANDA comme une originalité positive.

Il est donc plus que jamais nécessaire de faire oeuvre de pédagogie autour de CASABIANDA. En laissant la communication autour de ce centre de détention dans les seules mains des journalistes, et des apprentis journalistes du Net, il y a fort à penser que l'avenir de l'image de CASABIANDA sera terni par la quête de sensationnel, et par le défoulement de quelques indépendantistes ou ignorants de toutes sortes. Voilà pourquoi il faut expliquer ouvertement ce lieu, l'étudier et le conceptualiser. Remettre le débat sur la table de la recherche, le dépassionner, sans pour autant l'interdire aux médias qui pourront, et ce alimenté par un juste message, présenter ce lieu pour ce qu'il est : un progrès pour l'administration pénitentiaire.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote