PREMIERE PARTIE :
POLITIQUE BUDGETAIRE ET
CYCLE ELECTORAL: DEUX NOTIONS INDISSOCIABLES
Dans cette première partie, avant de décrire la
mise en évidence du cycle politico-budgétaire au Cameroun, il
convient que nous évoquions dans un premier temps la politique
budgétaire comme fondement du cycle politico-bugétaire.
CHAPITRE I :
LA
POLITIQUE BUDGETAIRE : FONDEMENT DU CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU
CAMEROUN
La justification des cycles politico-économiques
amorcée à l'introduction nous a permis d'établir une
influence des échéances électorales sur les grandeurs
budgétaires dans les pays industrialisés. La confirmation de
cette influence dans les pays africains et au Cameroun notamment,
nécessite que l'on se penche sur la grandeur économique qui
apparaît la plus à même à être manipulable par
les gouvernants, en l'occurrence le budget de l'Etat. Parler du budget de
l'Etat renvoie nécessairement à la politique budgétaire.
Celle-ci s'appuie sur l'élaboration du budget de l'Etat qui n'est autre
chose que la prévision de l'ensemble des recettes et dépenses de
l'Etat pour l'ensemble de l'année. La politique budgétaire est
alors un instrument de politique économique dont l'objet est
l'utilisation des dépenses et des recettes publiques pour modifier
l'équilibre global de l'économie. En ce sens donc, étant
élaborée par le gouvernement, la politique budgétaire peut
être sujette à des manipulations aux fins
électoralistes.
Aussi nous parait t-il propice dans le présent
chapitre, dans un souci perpétuel d'établir une éventuelle
liaison entre les grandeurs budgétaires et l'agenda électoral au
Cameroun, d'évoquer avant l'évolution du budget de l'Etat
Camerounais, la mise en oeuvre de la politique budgétaire
I : LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
AU CAMEROUN
L'examen de la politique budgétaire au Cameroun
en tant qu'instrument de la politique économique, voire comme
sous-catégorie de politique économique, permet de poser les
jalons de l'explication d'une éventuelle influence du calendrier
électoral sur les décisions publiques dans ce pays. Ainsi, de par
l'importance qu'elle revêt, il nous semble pertinent avant
d'évoquer sa mise en oeuvre au Cameroun, de faire un arrêt sur les
caractéristiques de la politique budgétaire en
général.
I.1
LA POLITIQUE BUDGETAIRE UN INSTRUMENT SOUMIS A PLUSIEURS CONTRAINTES
L'évocation de la politique budgétaire se
traduit aussi bien par la définition du concept que par les dilemmes qui
peuvent entourer sa mise en oeuvre.
I.1.1
INSTRUMENT DE POLITIQUE ECONOMIQUE OU SOUS CATEGORIE DE POLITIQUE
ECONOMIQUE
Toute politique économique consiste à poursuivre
un certain nombre d'objectifs, à l'aide d'instruments. Et à ce
titre , les instruments qu'on relève traditionnellement sont la
politique budgétaire et la politique monétaire , auxquelles l'on
peut ajouter ou associer la politique de revenus( liée à la
politique budgétaire ) et la politique de change.
La politique budgétaire comme tous les autres
instruments permet alors d'atteindre des objectifs de politique
économique, au quel cas, elle constitue elle-même, une
sous-catégorie de politique économique. Silem et Albertini (1992)
la définissent d'ailleurs comme « une politique
économique conduite au moyen du budget de l'Etat pris globalement,
incluant l'action par les recettes et l'action par les dépenses
publiques ».
Toutefois, si l'on admet que la politique budgétaire a
toujours existé, il faut reconnaître que c'est avec la publication
de « la théorie générale » de Keynes
en 1936 qu'elle est consacrée. En effet, la politique budgétaire
apparaît dès lors comme le moyen le plus efficace pour
résorber le chômage et entretenir une forte croissance. En
s'appuyant sur l'élaboration du budget et notamment sur le solde de
celui-ci, les décideurs publics peuvent agir sur l'activité
économique du pays. Aussi, dans une perspective keynésienne,
grâce au multiplicateur d'investissement notamment, un déficit
budgétaire peut permettre de relancer l'activité
économique grâce au supplément de revenu distribué
aux agents économiques. La croissance des revenus qui en résulte
va permettre, en retour, d'augmenter les recettes fiscales et de diminuer le
déficit budgétaire. Par exemple, une redistribution des revenus
par l'intermédiaire du budget au profit des ménages à
forte propension à consommer peut permettre un soutien de la demande ou
de la consommation. D'un autre côté les économistes
favorables à la politique budgétaire estiment que cette
dernière peut lutter efficacement contre les tensions inflationnistes.
Pour eux l'accroissement du taux d'imposition diminue les revenus d'un montant
plus élevé que sa cause et cet effet entraîne à son
tour une réduction de la demande. La réduction des
dépenses publiques ou leur stagnation nominale diminue la demande
réelle de l'Etat puis par effet de multiplication, le revenu des autres
agents et enfin leur demande.
Cependant si la politique budgétaire peut être
préconisée, elle reste tout de même soumise à
plusieurs contrariétés.
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