I.1.2 UN INSTRUMENT SOUMIS À PLUSIEURS
ENTRAVES
La mise en oeuvre de la politique budgétaire se
heurte très souvent à bon nombre de difficultés
liées aux limites et contraintes qui l'entourent.
A-LES
LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire rencontre un certain nombre de
limites qui remettent en cause son efficacité dans la conduite de
l'activité économique.
1-Les
anticipations des agents économiques
Si l'on se réfère à la théorie des
anticipations rationnelles, les effets de la politique budgétaire ne se
réalisent que dans de faibles proportions. Les agents économiques
anticipent les effets d'un déficit budgétaire. Que celui-ci soit
financé par emprunt (anticipation d'une hausse future des impôts,
pour rembourser plus tard) ou par création monétaire
(anticipation d'une inflation future), les ménages vont épargner
pour faire face aux échéances futures (hausse des impôts,
hausse des prix des biens et services). Par ailleurs, toujours selon la
théorie des anticipations rationnelles, un budget en équilibre
peut être interprété comme une volonté durable
de réduire les impôts. Une anticipation de la baisse des
impôt conduirait alors les ménages à consommer
davantage : une croissance de la demande permettrait ainsi de soutenir
l'activité économique. D'où l'inefficacité de
l'utilisation du solde budgétaire par les pouvoirs publics.
2-L'incohérence temporelle des décisions
publiques
Les dernières contributions des prix NOBEL
d'économie 2004, Kydland et Prescott viennent corroborer l'idée
d'une inefficacité des politiques économiques. L'idée de
base de leurs travaux est que les politiques économiques de
régulation conjoncturelle sont totalement inefficaces. Et ici, c'est
l'incohérence temporelle qui met en cause l'efficacité des
décisions publiques. En effet, pour Kydland et Prescott (1977), les
agents privés forment des prévisions bien informées des
évènements futurs en s'appuyant une connaissance pertinente des
rouages de l'économie. Dès lors que l'on considère qu'ils
peuvent anticiper le comportement du gouvernement, les actions publiques ne
sont pas temporellement cohérentes. Ils peuvent ainsi envisager que le
décideur public est porté à enfreindre ses engagements et
réviser en conséquence leurs décisions.
Si cette contribution vient enrichir l'idée de
l'inefficacité de la politique budgétaire, les conclusions qui en
découlent sont encore plus contraignantes pour la politique
économique en général et la politique budgétaire en
particulier. Ces auteurs stipulent que du fait de l'incohérence
temporelle des décisions publiques, les gouvernements doivent opter pour
des règles fixes et explicites en mesure d'assurer la
crédibilité et la transparence de leurs décisions et de
créer les conditions nécessaires à la stabilité de
l'économie. C'est ainsi que les règles de convergence à
l'instar d'un déficit budgétaire ne pouvant dépasser le
seuil de 3% du PIB, agissent au sein de l'Union Européenne comme une
véritable épée de Damoclès pour les gouvernements
de la communauté. Ceci a pour conséquence d'encadrer la politique
budgétaire et de restreindre encore un peu plus la marge de manoeuvre
d'un tel instrument.
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