3-Depuis la mi-1994 : Une politique de relance
L'annonce de la dévaluation du FCFA a
créé une onde de choc sur l'ensemble de la population,
entraînant une prise de conscience plus forte de la réalité
de la crise économique. Les résultats macroéconomiques se
sont peu à peu améliorés. On assiste à une
augmentation des recettes fiscales, une hausse des importations et une relative
stabilité des prix.
Depuis 1994, on assiste à une discipline en
matière de finances publiques. Les déficits sont de plus en plus
maîtrisés du fait non seulement de meilleurs choix en
matière de collecte de l'impôt, mais également au niveau de
l'affectation des ressources. L'on observe une reprise de l'investissement, un
abandon progressif par l'Etat du système productif au profit du
privé et un service de la dette tant intérieure
qu'extérieure, plus régulier .Toutefois Le problème de la
reprise de la croissance sur le long terme et de ses retombées en termes
sociaux reste entier. La charge fiscale demeure forte sur les entreprises, de
même que l'endettement national. Si bien que « toute nouvelle chute
des cours sur les marchés mondiaux ou l'apparition des troubles sociaux
ou politiques graves peuvent remettre en cause à tout moment, le fragile
équilibre actuel et mettre à nouveau le pays hors du cadre
macroéconomique actuel défini avec les bailleurs de
fonds » (Dubois, 1997). D'où une menace plausible sur le point
d'achèvement de l'initiative PPTE en cours.
Il découle de tout ce qui précède que la
mise en oeuvre de la politique budgétaire au Cameroun reste
influencée par la conjoncture économique. Mais d'autres facteurs
peuvent aussi être relevé.
B--LES
AUTRES FACTEURS
Parmi les autres facteurs qui influencent la mise en oeuvre
de la politique budgétaire l'on peut relever aussi bien l'importance de
l'opinion publique , la présence des bailleurs de fonds accrus par le
poids devenu insoutenable de la dette.
1-L'effet d'éviction du service de la dette
extérieure
L'un des facteurs qui influencent fortement la mise en oeuvre
de la politique budgétaire au Cameroun est l'encours de la dette
extérieure et, partant, son service. Il convient de rappeler ici que
suite au retournement de la conjoncture économique au milieu des
années 80, les finances publiques laissent apparaître un
déficit budgétaire chronique. Le financement du déficit
primaire est alors assuré pour l'essentiel, par un recours au
financement extérieur. Ceci a pour conséquence, à partir
de 86/87, un gonflement durable des tirages sur l'extérieure et un
accroissement très sensible du service de la dette. La situation n'a
d'ailleurs guère changé avec une dette extérieure
estimée à 8,5 milliards de dollars en 2002.
La charge de la dette absorbe une part disproportionnée
des recettes publiques, freinant l'investissement public, empêchant la
relance de la demande intérieure, et risquant au moindre problème
social, ou politique, de contraindre le pays à quitter de nouveau le
cadre d'équilibre macro-économique négocié avec les
bailleurs de fonds. Le gouvernement ne possède alors qu'une très
étroite marge de manoeuvre pour mener à bien les réformes
nécessaires. Le service de la dette a ainsi influencé sur la
croissance (croissance négative sur plusieurs années), en
évinçant les investissements privés et en modifiant la
composition des dépenses publiques. Dès lors le lourd service de
la dette extérieure a occasionné l'accroissement de la facture
des intérêts et du déficit budgétaire de l'Etat, de
même que l'on a assisté à une réduction de
l'épargne publique. Une telle situation a conduit les gouvernements
successifs à négocier des allègements de la dette contre
l'application des réformes économiques contenus dans les
programmes d'ajustement structurels , renforçant ainsi le pouvoir et
l'influence des bailleurs de fonds sur l'élaboration des politiques
économiques au cameroun.
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