2-Des
bailleurs de fonds plus présents
Parler de l'influence des bailleurs de fonds dans la mise en
oeuvre des politiques économiques et de la politique budgétaire
au Cameroun, c'est reconnaître que celle-ci intervient à la suite
de la crise d'endettement dans laquelle vit le pays. Aussi bien les bailleurs
de fonds multilatéraux que bilatéraux, leur intervention
croissante effective ou apparente dans la gestion publique découle de
l'insoutenabilité de la dette publique extérieure. Il faut
cependant noter que, et contrairement à bon nombre de pays africains,
ce n'est qu'en 1988 que le Cameroun se voit appliqué les premiers
programmes d'ajustement structurels énoncés par le FMI et la
Banque Mondiale. Le pays signe alors un protocole d'accords de réformes
macroéconomiques, marqués notamment par le respect des
différents équilibres monétaires et financiers. Il est
demandé au pays de procéder notamment à une meilleure
discipline budgétaire marquée par une restructuration de ses
dépenses et de ses recettes. Rappelons nous que lors de la
période faste (1980-mi-1986), les principales recettes de l'Etat
étaient assises sur des variables instables comme le prix du baril de
pétrole et le taux de change du Fcfa. Aussi, les dépenses
à l'instar de la masse salariale étant, par nature , une variable
peu flexible à la baisse, son développement aurait dû
être conçu à long terme, et donc en fonction des
potentialités de croissance en volume . C'est à dire en adoptant
un comportement plus prudent pour un pays soumis à des fluctuations des
termes de l'échange qu'il ne peut maîtriser.
a-La
prépondérance des institutions de Bretton Woods
Le laxisme dans la gestion publique va coûter
très cher au pays lorsque celui-ci entre dans le cycle de reformes,
surtout en termes de souveraineté des décisions
budgétaires. Même l'Aide Publique au Développement est
conditionnée par l'application de ces réformes. C'est ainsi que
si la convention de Lomé IV ne fait pas explicitement
référence, dans son texte, aux institutions de Bretton-Woods,
elle insiste cependant sur le fait qu'un accord sur le programme de
réformes envisagé doit préexister avec les principaux
bailleurs de fonds multilatéraux pour que l'éligibilité
soit automatique. Ces institutions sont, en effet considérés
comme les plus compétentes en matière d'analyse
macro-économique, notamment monétaire et financière , de
mise à jour des rigidités structurelles des différents
secteurs de l'économie, et d'évaluation des capacités de
financement nationales. Alors que le FMI met surtout l'accent sur
l'équilibre des agrégats monétaires et financiers, et sur
le contrôle de la demande globale, la Banque Mondiale insiste davantage
sur la restructuration des appareils productifs et administratifs, sur la
formation d'un capital national, physique, social et humain et sur le
renforcement de l'offre globale. Ces deux institutions jouent de facto un
rôle de leader incontestable dans ces domaines, ce qui leur permet de
débattre dans un dialogue permanent avec les gouvernements successifs
camerounais, des orientations de la politique économique qui sont
reprises dans des documents officiels.
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