II.1.2- EVOLUTION EN TAUX DE CROISSANCE DES DEPENSES
PUBLIQUES
Les taux de croissance nous permettent de mesurer l'ampleur de
l'évolution des dépenses publiques. Les graphiques ci-dessous en
font illustration.
a- Les
Dépenses Totales
Graphique 2 :
Evolution en taux de croissance des dépenses totales
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
Une vue d'ensemble du graphique 2 ci-dessus laisse
apparaître des fluctuations du taux de croissance des dépenses
totales que l'on peut subdiviser en trois phases :
- Une première phase de fluctuations positives et
modérées qui va de l'exercice 70/71 jusqu'à l'exercice
86/87 avec un maximum de 0,3 % en 72/73 et un minimum de moins de (+ 0,07 %) en
77/78. Ce qui nous donne un écart de plus de + 0,2 % entre le taux de
croissance le plus élevé et le taux de croissance le plus bas des
dépenses totales.
- Une seconde phase de fluctuations négatives et
modérées qui va de 87/88 à 92/93 avec un minimum de plus
de (- 0,2 %) et un maximum de 0. Il faut toutefois relever à ce niveau
une période de stabilité de ce taux de croissance qui avoisine
les 0 % les exercices 91/92 à 94/95.
- Une troisième et dernière phase qui va de
94/95 à l'exercice 2001/2002 où les taux fluctuent positivement
avec un minimum qui avoisine 0 % en 98/99 et un maximum de + 0,4 % en 96/97.
b- Les
Dépenses de fonctionnement
Graphique
3 : Evolution en taux de
croissance des dépenses de fonctionnement
Source : Construit par l'auteur
à partir des données de la DSCN
L'observation du graphique 3 laisse apparaître des
fluctuations du taux de croissance des dépenses de fonctionnement que
l'on peut subdiviser en trois phases :
- Une phase de fluctuations positives d'une amplitude assez
faibles +0,2 % de l'exercice 70/71 à 86/87 avec un maximum de plus de +
0,3 % et un minimum de moins de + 0,1 % en 86/87.
- Une seconde phase de fluctuations à la fois
négatives et positives d'une grande amplitude mais relativement
constante avec un maximum d' un peu plus de + 0,1 % en 90/91 et un minimum de
moins de - 0,1 % en 92/93.
- Une troisième et dernière phase de
fluctuations positives du taux de croissance allant de l'exercice 96/97
à l'exercice 2001/2002.
c- Les
Dépenses d'Investissement
Graphique 4:
Evolution en taux de croissance des dépenses
d'investissement
Source : Construit par l'auteur
à partir des données de la DSCN
On observe également une fluctuation du taux de
croissance des dépenses d'investissement.
Cependant, l'on peut remarquer deux types de fluctuations
laissant entrevoir deux phases principales :
- Une première phase de fluctuations positives et
modérées de 70/71 jusqu'en 86/87 avec un maximum de près
de (+ 0,5%) et un minimum en 74/75 de près de (+ 0,1%) en 79/80
- Une seconde phase de fluctuations positives et
négatives d'une amplitude forte (+0,8%) avec un maximum de près
de (+ 0,4%) en 95/96 et un minimum de près de moins (-0,4%) en 2000/201
cette période de 86/87 à 2001/02.
En somme, l'évolution des
dépenses budgétaires tant à niveau qu'en taux de
croissance que nous venons de faire laisse apparaître : Pour les
dépenses totales, une phase d'expansion suivie d'une phase de
récession et d'une phase de reprise. Les dépenses de
fonctionnement et d'investissement quant à elles ne laissent pas
apparaître aussi clairement cette subdivision.
En effet, les dépenses de fonctionnement si elles ont
connu une phase d'expansion jusqu'au milieu des années 1986/ 1987 ont
plutôt connu ensuite une petite phase de stabilité de 87 à
97 et une reprise à partir de 98, cette dernière se traduisant
par une augmentation du niveau de ces dépenses dépassant leur
niveau le plus élevé atteint dans le passé. Les
dépenses d'investissement à l'inverse ont connu une phase
d'expansion jusqu'en 87 suivie d'une diminution et augmentation alternative
jusqu'en 2002 ; mais jamais n'ont pu atteindre leur niveau
élevé de 1986/87. Cette évolution des dépenses
budgétaires peut traduire dans une certaine mesure l'évolution de
la situation économique au Cameroun entre 1970/2002. En effet, le
Cameroun au contraire de nombreux pays d'Afrique subsaharienne a longtemps
été considéré comme un modèle de
prospérité économique. Dans les années 1970, bien
que très dépendant de la production de produits primaires,
dynamisme repose un tissu économique diversifié et une main
d'oeuvre relativement bien adapté à ses besoins.
Au début des années 1980 voire dès la fin
de la décennie précédente alors que la plupart des pays
voisins entrent en phase d'ajustement, le Cameroun connaît une
prospérité forte et rapide qui s'interrompt brutalement au milieu
de la décennie.
-De 1970 à 1986, la croissance du Cameroun
s'accélère en termes réels : le PIB par tête
double tandis que la consommation des ménages par habitant est
multipliée par 1,5. Au cours de cette envolée on distingue 3 sous
périodes. De 1970 à 1977, la croissance atteint un rythme moyen
annuel d'environ 4%, permettant une lente amélioration du PIB par
tête.
-De 1977 à 1981, la croissance s'accélère
(+13% en moyenne) à la suite de la découverte du pétrole
et de sa mise en exploitation. De 1982 à 1985, la croissance se
maintient à un rythme soutenu (autour de 8%)
- Au cours de la période de 1970-1985, la structure des
dépenses de l'Etat, apprécie en part du PIB évolue de la
façon suivante :
- Stabilité des poids des salaires aux alentours de
5,4% ;
- Forte montée de l'investissement qui passe de 5%
à 10,7% de 80 à 85;
- Poussée des dépenses en matériel
jusqu'en 1983, où elles représentent un niveau voisin de la masse
salariale, suivie d'un reflux jusqu'en 1985 où leur part revient
à un niveau voisin 1980 ;
- Les subventions accompagnent la croissance et se
maintiennent aux alentours de 1,5% du PIB ;
- Le poids des intérêts reste faible signe d'un
développement de la croissance de l'Etat largement
autofinancée.
A la fin de l'année 1985, sans être parfaite,
la situation du Cameroun est relativement favorable. Les perspectives de
croissance sont correctes et, grâce aux recettes
pétrolières, le pays dispose d'une bonne marge de manoeuvre. Deux
ans plus tard, tout s'effondre prenant de cours l'administration camerounaise.
L'origine de cette crise est à observer dans les facteurs
externes : réajustement à la baisse du prix de
pétrole et des autres matières premières, en particulier
le café, le cacao, le coton, mais aussi la modification et la
parité du dollar en francs CFA. En revanche, son développement
rapide est dû très largement à des facteurs internes que
les possibilités offertes par la manne pétrolière
masquaient, le retard pris par l'Etat dans l'ajustement de ses dépenses,
puis de la masse salariale dans les années qui suivent.
L'exécution de l'exercice budgétaire 1986/87 fait
apparaître une hausse sensible des dépenses de l'Etat (+ 61
milliards de Frs CFA par rapport à 1985/86, dont + 26 Milliards de masse
salariale et + 20 Milliards du matériel). Les années 85/86 et
86/87 sont marquées par une croissance soutenue des dépenses +
18% : des dépenses de fonctionnement (dont 14% de hausse de masse
salariale).
Le retard pris à ajuster les dépenses, en
particulier des dépenses d'investissement financées pour
l'essentiel par des ressources pétrolières, est sans contester
à l'origine de la crise. En 1987/88, les autorités mettent en
place de façon autonome, un programme qui conduit à une
réduction de 40% de dépenses d'investissement. Sous l'impulsion
du FMI et de la BM, cette contraction des dépenses se poursuit en
1988/89 et 89/90 : l'investissement se réduit encore de 15% par
rapport à 87/88. Ce programme atteint aussi les dépenses de
matériel et les subventions, mais la masse salariale continue à
croître jusqu'en 1991/92. Ce n'est qu'en janvier 1993 que les mesures
fortement restrictives permettent de réduire ce poste de manière
significative. Il en résulte une succession de déficits du solde
primaire dont le montant cumulé atteint près de 500 milliards
à la fin de l'exercice budgétaire. Malgré les efforts
d'ajustement réel, la compétitivité globale de
l'économie apparaît comme fortement dégradée et seul
un ajustement monétaire peut permettre de corriger une telle
différence de prix.
En doublant la valeur en monnaie nationale des exportations
pétrolières et en accroissant les recettes fiscales indirectes,
la dévaluation doit également conduire à un
rétablissement moins douloureux du déficit primaire de l'Etat.
L'ajustement des dépenses se maintient les années suivantes, la
stabilité des taux de salaire moyen des fonctionnaires occasionne de
nouvelles pertes de pouvoir d'achat après les fortes baissent de 1993.
Un programme de réduction de réduction des effectifs (POE) est
mis en place. Le nombre de fonctionnaire se réduit de 10% entre 1993 et
1997, 1994 et 1995 voient une reprise notable des exportations non
pétrolières et de l'investissement privé, dopé par
les retours de capitaux et l'apurement des arriérés de paiement
intérieur de l'Etat. Cette amélioration de la situation
économique des dépenses se poursuit jusqu'en 2002.
Le budget de l'Etat étant par principe
équilibré, l'examen de l'évolution des dépenses
publiques implique naturellement un examen similaire des recettes publiques.
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