II.2-
EVOLUTION DES RECETTES PUBLIQUES
Tout comme pour les dépenses publiques nous ferons ici
une évolution en niveau et une évolution en taux de croissance
des recettes budgétaires.
II.2.1- EVOLUTION EN NIVEAU DES RECETTES BUGETAIRES
Graphique 5 :
Evolution en niveau des taux des recettes publiques
Source : Construit par l'auteur à partir
des données de la DSCN
L'on peut remarquer en observant le graphique ci-dessus que
l'évolution des recettes budgétaires est similaire à celle
des dépenses budgétaires. Cette similarité dans
l'évolution des deux grandeurs budgétaires peut être
expliquée par le principe d'équilibre budgétaire qui
sous-tend la préparation du budget. En effet si les principales recettes
(impôts et droit douanier) ne peuvent financer toutes les dépenses
prévues dans le budget, le gouvernement peut équilibrer le budget
en procédant aux emprunts qu'il devra ensuite rembourser.
Aussi peut-on observer une évolution en trois
phases :
- Une première phase allant de l'exercice
70/71à 86/87marquée par une augmentation modérée
des recettes budgétaires.
- Une seconde phase allant de l'exercice 88/89 jusqu'en 94/95
marquée par une diminution et une stagnation des recettes
budgétaires.
Une troisième et dernière phase allant de 95/96
jusqu'en 2001/2202 marquée par une reprise de l'accroissement des
recettes budgétaires. A une telle évolution de ces recettes
correspond des taux de croissance.
II.2.2- EVOLUTION EN TAUX DE CROISSANCE DES RECETTES
BUDGETAIRES
Graphique 6 :
Evolution en taux de croissance des recettes budgétaires
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
Tout comme les quantités, les taux de croissance
évoluent en trois phases. Cependant, à ce niveau on observe des
phases de fluctuations.
- La première phase correspond à des
fluctuations positives et modérées de l'exercice 70/71
jusqu'à l'exercice86/87
- La seconde phase établit des fluctuations
négatives revenant tout au plus à un niveau avoisinant 0. Le
minimum se situant à plus de (-0.2%.
- La troisième et dernière phase établit
des fluctuations positives. Le taux de croissance maximum à ce niveau se
fixant à près de 0,4% entre 97/98 et 98/99.
En somme, les recettes budgétaires ont une
évaluation tant en niveau qu'en croissance qui s'apparente à
l'évolution des dépenses publiques. Et tout comme ces
dépenses, les recettes obéissent à l'évolution de
la conjoncture dans le pays de 1970 à 2002. En effet, la hausse de la
part de l'impôt sur les revenus et les profits dans le PIB reflète
la hausse des revenus tirés du pétrole par l'Etat, à
travers la redevance SNH (Société Nationale d'Hydrocarbure) et la
fiscalité sur les compagnies pétrolières.
- De 1980 à 1985, la hausse de la part de cette
catégorie d'impôt dans le PIB (de 8 à 12%) et, partant de
l'ensemble des recettes de l'Etat est considérée avec celle de la
part des impôts directs dans les exportations de pétrole (40
à 70 %).
- Avant les années 1985 à 1993, la forte
réduction des recettes pétrolières est à l'origine
du déséquilibre des finances publiques au Cameroun. Entre 1985/86
et 1992/93, les recettes de l'Etat diminuent de moitié passant de 877
à 431 milliards de FCFA. En pourcentage du PIB. Les recettes
budgétaires baissent de 21 % à 16 % de 1985 à 1987 aux
années 1988 - 90 pour remonter de près d'un point en fin de
période.
- A partir des années 1994, le rebond des
prix du pétrole (+ 10 % puis + 6 %) permet une stabilisation des
recettes pétrolières à l'exportation. Les recettes
agricoles et la baisse du taux d'épargne (gains de richesse) permettent
une hausse importante de la consommation des ménages. Pour provoquer une
amélioration du taux de pression fiscale ; plusieurs facteurs se
combinent : un rétablissement des taux de recouvrement des
impôts sur la production intérieure et sur les importations,
l'augmentation du prélèvement pétrolier, la forte
augmentation des taux de TVA liée à la réforme
fiscalo-douanière, et enfin la mise en place d'un droit unique de sortie
sur les exportations agricoles. La hausse des recettes et la poursuite de
l'ajustement des dépenses débouchent sur un rétablissement
spectaculaire du déficit public, qui atteint - 2.8 % du PIB en 95/96, et
même - 1,1 % en 96/97 selon les estimations.
Au terme de ce chapitre, l'on peut commencer à
comprendre pourquoi la politique budgétaire est un élément
fondamental dans l'analyse des cycles politico-budgétaires. En effet,
pour mener à bien les décisions publiques que les dirigeants
politiques prennent, un instrument de politique économique est à
leur disposition : Il s'agit de la politique budgétaire. Bien que
celle-ci garde son caractère d'instrument de politique
économique, il ne demeure pas moins qu'elle constitue également
une sous-catégorie de politique économique, dans le sens
où la manipulation des éléments comme le solde
budgétaire peut permettre d'atteindre des objectifs de politique
économique tels que la croissance ou le plein-emploi. Cependant, il faut
noter que comme tout instrument de politique économique, la politique
budgétaire est soumise à des rigidités qui
réduisent sa marge de manoeuvre. Au rang de ces dernières l'on
peut citer les anticipations des agents économiques,
l'incohérence temporelle, qui remettent en cause l'efficacité de
l'utilisation d'un tel instrument. D'un autre côté, elle fait
l'objet de quelques dilemmes à l'instar de l'arbitrage entre le
chômage et l'inflation, ou entre la croissance et l'équilibre du
solde extérieur.
Toutes ces caractéristiques, du moins une grande
partie de celle-ci peuvent être applicables à la façon dont
la politique budgétaire est mise en oeuvre au cameroun. La politique
budgétaire au Cameroun est très influencée par la
conjoncture mais également par d'autres facteurs tels que la dette (qui
favorise l'omniprésence des bailleurs de fonds bilatéraux et
multilatéraux), l'interdépendance des économies de la zone
CEMAC et une opinion publique de plus en plus intéressée par le
débat politique.
Si tous ces facteurs conditionnent la mise en oeuvre de la
politique budgétaire au Cameroun, notre souci ici est d'analyser le
comportement des dirigeants camerounais en matière budgétaire
à la lumière de réaction de l'opinion publique dans le
cadre des échéances électorales, ceci afin de mettre en
évidence le cycle politico-budgétaire au Cameroun.
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