II.2
LES RECETTES FISCALES
Il faut noter ici que nous nous intéressons uniquement
aux recettes liées aux impôts et autres taxes, car non seulement
ce type de recettes constitue la plus grande part (90%), mais en plus elles
sont prélevées sur les contribuables. Et ce sont ces derniers qui
constituent l'électorat pour lequel se battent les politiciens. Ainsi
une diminution ou une augmentation des impôts s'accompagne le plus
souvent d'une réaction positive ou négative des
électeurs.
Graphique 12 :
Variations des recettes fiscales par rapport à l'agenda
électoral
Source : Construit par l'auteur à partir des
données de la DSCN
L'analyse graphique des variations des recettes fiscales
à partir du graphique ci-dessus traduit assez clairement une influence
des élections sur les recettes fiscales. En effet, les exercices
reliés à une élection connaissent une baisse des recettes
fiscales à titre d'exemple entre l'exercice 88/89 et l'exercice 92/93,
on observe une diminution de Près de 50% de même entre l'exercice
95/96 et l'exercice 96/97, on a une diminution de près de 10% par
contre, l'exercice 84/85 connaît un pic d'augmentation de plus de 60% car
on se trouve ici juste après une échéance
électorale.
Toutefois, si l'on peut relever qu'une augmentation des
recettes fiscales peut être liée à une croissance
économique assez soutenue et qu'un ralentissement ou une
récession de cette dernière peut être à l'origine
d'une diminution des recettes fiscales, l'augmentation des recettes fiscales
lors des exercices hors mandat électoral et une diminution de ces
mêmes recettes lors des exercices à échéances
électorales, suscite une possible influence de l'agenda
électoral.
En définitive, l'évolution comparée du
budget de l'Etat au Cameroun par rapport à l'agenda électoral au
Cameroun laisse penser à une possible relation de causalité entre
ces deux notions. Les comportements qu'adoptent les dirigeants camerounais vis
à vis des variables économiques en général et du
budget en particulier sont similaires à ceux des dirigeants des autres
pays africains. En effet, ces comportements traduisent des choix opportunistes
qui apparaissent de façon régulière à l'approche
des échéances électorales. Toutefois l'on peut noter que
ces choix sont souvent soumis à des contraintes tant internes
qu'externes, ne donnant pas à ces gouvernants la possibilité de
manipuler aisément les variables budgétaires. Néanmoins,
une analyse graphique des variations des dépenses et des recettes
budgétaires au Cameroun pousse à penser à une influence du
calendrier électoral sur le budget. Par ailleurs, le caractère
insuffisant de cette analyse qui prédit mais pas de façon tout
à fait claire la présence d'un cycle politico-budgétaire
nous pousse à approfondir notre analyse. Ainsi, pensons-nous qu'une
analyse économétrique à travers un modèle bien
élaboré nous permettra d'adopter une position plus
édifiante sur l'existence d'un cycle politico-budgétaire au
Cameroun.
Ainsi nous nous sommes attelés tout au
long de la première partie de notre travail à mettre en exergue
le comportement de la politique budgétaire mise sur pied au Cameroun
durant la période de 1970-2002. Il en ressort que comme dans tous les
autres pays la politique budgétaire reste un instrument largement
utilisé lors de cette période. Toutefois, nous avons pu relever
des rigidités qui entourent cet instrument et qui sont relatives
à des facteurs aussi bien économiques que politiques. Et à
ce dernier titre, l'environnement politique exprimé à travers le
calendrier électoral semble influencer les prévisions
économiques en général et le budget en particulier au
Cameroun. En effet, si l'évolution du budget au Cameroun subit
inéluctablement l'influence de la conjoncture économique au
Cameroun, ses principales variables (dépenses et recettes) sont
également sous l'emprise de l'incertitude électorale. Ce qui a
laissé entrevoir la possibilité de l'existence d'un cycle cycle
politico-budgétaire.
Cependant, une analyse des comportements des
dirigeants Camerounais vis à vis du budget à l'aune des
échéances électorales nous permettra, dans la seconde
partie d'adopter au vu des résultats que nous obtiendrons une position
plus édifiante là-dessus.
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