II.
2. 2- ESTIMATION DES RECETTES FISCALES
A-Tableau récapitulatif
Tableau
4 : estimation des recettes fiscales
Variables
dépendantes
Variables explicatives
|
Impôts
|
C
|
0.2 (0,1439)
|
Bud (t-1)
|
0.03 (0,05)
|
Elec3
|
0.11 (0,33)
|
Elec1
|
-0.09 (0,06)*
|
Elec
|
-0.05 (0,08)*
|
Elec2
|
0.20 (0,08)
|
Elec4
|
0.19 (0,11)
|
Trend
|
0.004 (0,28)
|
N
|
32
|
R²
|
0,62
|
R² ajusté
|
0,54
|
F
|
2,54
|
DW
|
1,92
|
Source : Construit par l'auteur
à partir des résultats présentés en annexes
Significativité à 10%
B-
Interprétation des résultats
Le tableau ci-dessus indique une estimation pour expliquer les
recettes fiscales au Cameroun.
Nous observons un degré assez élevé de la
variance expliquée (R² = 0,62). On observe que les variables Elec1
et Elec2 sont significativement différents de 0. Seulement seul Elec et
Elec1 sont négatives. Ce qui signifie que par rapport à toutes
les autres années de mandat, l'année de l'élection et
l'année précédente de l'élection est
significativement supérieure par rapport aux autres années de
mandat.
Cependant, l'on remarque que le coefficient pour
l'année précédente l'élection est moins
élevé que celui de l'année de l'élection.
Ce qui laisse présager la présence d'un cycle
opportuniste pour les recettes fiscales au Cameroun.
À la vue de ces estimations ci-dessus, il ressort
plusieurs observations.
Pour les principales dépenses budgétaires au
Cameroun, l'on peut établir la présence du cycle opportuniste
pour les dépenses d'éducation, les dépenses de travail et
de prévoyance sociale, et les dépenses de santé et
affaires sociales.
Ce qui vient d'une part corroborer les résultats
déjà obtenus pour ce type de dépenses au niveau de
l'analyse graphique et permettre de valider la première
hypothèse.
Par contre, cette hypothèse n'est pas
vérifiée pour les dépenses d'agriculture et la
présence d'un cycle opportuniste des dépenses militaires
n'apparaît pas très clairement. Ce qui à ce niveau aussi a
été révélé par l'analyse graphique faite
plus haut.
Pour les recettes fiscales, l'on peut établir la
présence d'un cycle opportuniste corroborant ainsi l'idée
déjà émise par l'analyse graphique. Ainsi
l'hypothèse d'une diminution des recettes fiscales l'année
précédente l'année de l'élection et d'une
augmentation l'année suivant l'année de l'élection se
trouve validée
L'analyse économétrique du cycle
politico-budgétaire effectué dans ce chapitre nous permet de
montrer que les décisions publiques au Cameroun sont influencées
par l'agenda politique. Plus précisément, il apparaît que
certaines de ces dépenses et recettes du budget de l'Etat camerounais
connaissent des fluctuations liées aux échéances
électorales. Ainsi les dépenses d'éducation, de
santé, et affaires sociales, de travail et de prévoyance sociale,
augmentent de manière importante lors de l'exercice budgétaire
qui abrite l'élection et lors de ce dernier exercice par rapport aux
autres exercices budgétaires des mandats présidentiels et
législatifs. Ceci s'explique sans doute par le fait qu'une augmentation
des dépenses d'éducation a un impact direct sur la population
(électorat). En effet, l'on assiste à un accroissement de
l'investissement dans les infrastructures scolaires à
l'amélioration des conditions des instituteurs, professeurs, et
enseignants.
Dans le même ordre d'idée, les infrastructures
sanitaires des recrutements du personnel sanitaire ainsi que de nouvelles
politiques de lutte contre certaines pandémies s'accroissent à
l'approche des élections. De plus, des mesures d'incitations du niveau
d'emploi et du traitement social des travailleurs et des retraités
augmentent en période électorale.
D'un autre côté, l'analyse nous a permis de
relever que les recettes fiscales diminuent considérablement un exercice
après l'élection. Ce qui se traduit par une diminution de la
pression fiscale lors des élections et d'une reprise plus forte de
celles-ci après l'élection.
Toutes ces mesures tant du côté des recettes que
des dépenses ont pour seul objectif de rendre les gouvernants en place
populaire et de conduire leurs partis ou les candidats qui les
représentent vainqueurs aux élections ; rejoignant de ce
fait l'idée de ENGUELEGUELE (2002) selon laquelle l'on observe
généralement au Cameroun des comportements des gouvernants
à la veille des élections qui tendent à prendre des
mesures incitatives et favorables aux yeux de l'opinion dans un but de se
maintenir au pouvoir.
Ainsi l'existence d'un cycle politico-budgétaire
opportuniste semble confirmer comme nous l'avions déjà
présumé avec l'analyse graphique. De même, comme nous
l'avions déjà présagé au cours de l'analyse
graphique, la difficulté à établir un cycle
électoral des dépenses militaires et des dépenses
agricoles a persisté même au niveau de l'analyse
économétrique.
Ceci peut avoir plusieurs explications. En effet, le Cameroun
étant un pays relativement stable sur le plan social et politique par
rapport aux autres pays africains, une augmentation des dépenses
militaires ne fournirait peut-être pas un signal positif à
l'électorat puisque celui-ci se sent relativement en
sécurité, les politiciens au pouvoir ne trouveraient donc pas
avantage à augmenter ces dépenses, car n'ayant aucun impact
favorable pour eux sur l'opinion. Tout au plus, les recrutements au sein de
l'armée répondraient plus à un souci de rajeunissement, de
professionnalisation et de régénération de l'armée.
De même que pour les dépenses militaires, les dépenses
agricoles ne se prêtent pas un cycle électoral. En effet leur
montant n'est pas modifié à l'approche des élections plus
qu'à d'autres années du mandat. Les explications plausibles
peuvent être trouvées dans le fait que ces dépenses
obéissent plutôt aux caprices de la conjoncture, le Cameroun
fournissant principalement des produits de base issus d'une agriculture
très peu mécanisée. Or de tels produits sont soumis
régulièrement à une instabilité des termes de
l'échange sur le marché mondial.
Un tel comportement des pouvoirs publics Camerounais qui se
traduit par une modification opportuniste de certaines variables
budgétaires nécessite que l'on se penche sur l'instauration ou
non des règles intangibles pour `lier les mains aux gouvernants
Camerounais.
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