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Le cycle politico-budgetaire au Cameroun

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par Dorothe Virginie Ngondjeb Yong
Universite de Yaounde II Soa - DEA en sciences economiques et Gestion 2004
  

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CHAPITRE IV :

CONSTITUTIONNALISME ECONOMIQUE ET CYCLE POLITICO-BUDGETAIRE AU CAMEROUN

L'idée de plus en plus répandue d'un encadrement des décisions publiques en matière de politique économique en général et de politique budgétaire en particulier découle d'un constat établi depuis longtemps dans la littérature économique : la volonté délibérée des gouvernants de manipuler les grandeurs économiques notamment budgétaires en fonction de leur aspirations. Une telle attitude tranche avec celle qui devrait être normalement adoptée, c'est-à-dire prendre des décisions qui épousent les intérêts communs des agents économiques. Dès lors, la définition des normes économiques inflexibles et obligatoires à tous les gouvernants s'inscrit dans une logique de restriction de ces manipulations délibérées auxquelles se livrent les dirigeants politiques. Le constitutionnalisme économique épouse donc cette argumentation dans la mesure où il « représente un ensemble de principes de gouvernement : des restrictions effectives aux pouvoirs des gouvernants, la garantie des droits fondamentaux de la personne, l'absence de toute forme d'arbitraire » (Friedrich, 1968 ; Nwabueze, 1973). De plus comme le souligne ces auteurs, le constitutionnalisme dans son application pénètre la conscience collective des gouvernants et des gouvernés. Ceci suppose une approche démocratique, une conscience limitée du pouvoir et un sens des responsabilités de la part des gouvernants.

De telles prescriptions trouvent également résonance au Cameroun dans la mesure où comme nous l'avons évoqué plus haut, les variables budgétaires font l'objet d'une modification en fonction de l'agenda électoral. Aussi, après avoir dans une première section, élucidé le constitutionnalisme d'un point de vu général, nous consacrons la deuxième section au cas particulier du Cameroun.

I. CONSTITUTIONNALISME ECONOMIQUE : UNE VISION GLOBALE

L'observation de l'évolution de la vie économique dans le monde et notamment dans les pays occidentaux consacre l'idée d'une volonté de plus en plus récurrente de l'encadrement des décisions économiques. Si au plan national, les agents économiques désirent une constance dans les décisions des gouvernants, la tendance des pays à se regrouper dans des ensembles économiques et/ou politiques accroît cette volonté de normalisation des décisions en matière de politique économique. Toutefois si le constitutionnalisme économique est souhaité et parait justifié, l'on peut néanmoins relever qu'il ne constitue pas une solution à tous les cas.

I.1 JUSTIFICATION DES REGLES FIXES

L'encadrement des décisions des gouvernants en matière économique à travers des règles fixes peut trouver une justification aussi bien du fait de l'infraction et l'insuffisance des règles existantes, mais également de l'incohérence temporelle et de l'inefficacité des décisions publiques.

I.1.1 INCOHERENCE TEMPORELLE ET INEFFICACITE DES DECISIONS PUBLIQUES

L'inefficacité reconnue à la politique budgétaire par certains auteurs économistes repose sur bons nombres de facteurs parmi lesquels l'incohérence temporelle occupe une place de choix. Selon Kydland et Prescott (1977), la notion d'incohérence temporelle développe l'idée selon laquelle même en absence d'incertitude, les dépenses qu'un agent prend en t sont parfois en contradiction avec celles qu'il avait prévu de prendre auparavant. Ce principe ne repose pas sur une hypothèse d'irrationalité des comportements et/ou des anticipations. Les décisions sont optimales au moment où elles sont prévues ou mises en oeuvre. Les dirigeants politiques n'appliquent pas toujours les décisions qu'ils annoncent. Cette inconstance dans les décisions des dirigeants politiques au cours du temps suscite beaucoup de préoccupations auprès de l'opinion publique. Un tel comportement n'engendre pas un climat économique favorable d'après Kydland et Prescott(1977).

La justification de la prescription de règles aux gouvernants pour les obliger à respecter impérativement leurs décisions, trouve également une place favorable à ce niveau. En effet, en plus de l'insuffisance et de nombreuses violations dont elles font l'objet par les gouvernants, on peut aussi relever l'inefficacité même des décisions que prennent ces derniers en terme de politique de régulation conjoncturelle. L'incohérence temporelle des mesures publiques occupe donc une place prépondérante pour justifier l'adoption des règles fixes et explicites. Celles-ci seraient en mesure d'assurer la crédibilité et la transparence des décisions gouvernementales, et de créer des conditions favorables à la stabilité de l'économie.

Le mérite d'une telle vision revient à Kydland et Prescott. Leurs travaux sur l'incohérence temporelle des décisions publiques « n'ont pas seulement transformé la recherche économique, mais ont également profondément influencé les politiques en matière de politique économique en générale, plus particulièrement en matière de politique monétaire (...) dans de nombreux pays les dix dernières années », d'après l'académie royale des sciences de Suède.

En réponse à l'incohérence temporelle des décisions de politique économique, les mêmes auteurs prescrivent que les pouvoirs publics doivent engager leur crédibilité en fixant des règles de conduite qu'ils respecteront inéluctablement. Aussi doivent-ils renoncer à leur pouvoir discrétionnaire au profit des règles codifiées par des lois ou des traités. Ces prescriptions semblent être progressivement suivies ou appliquées. C'est ainsi que par exemple, le principe de l'indépendance des banques centrales apparaît de plus en plus comme une solution idoine à l'incohérence temporelle, en matière de politique monétaire. Ceci est une réaction à la tentation qui peut être grande, pour tout gouvernement (dont dépend la politique monétaire) d'opter par exemple à la veille d'élection pour une inflation surprise dans l'optique de réduire le chômage. Pour lever l'équivoque sur un tel comportement, l'exercice de la politique monétaire est confié à des institutions indépendantes du gouvernement en l'occurrence les banques centrales des pays. Ces nouvelles autorités monétaires assignent alors librement l'objectif de stabilité des prix. Un tel mouvement tend à se généraliser de nos jours dans le monde.

Les gouvernants ou les décideurs publics ayant une propension à ne pas respecter leurs engagements, un transfert de la définition et de la conduite de la politique monétaire à une institution indépendante revêt d'après ces auteurs un avantage : la Banque Centrale annonce des objectifs fixes et immuables. Ce qui permet l'ancrage des prévisions des agents, ceux-ci sachant que cet objectif ne peut être révisé de façon surprise. Si dans le domaine monétaire l'incohérence temporelle des mesures gouvernementales peut justifier une adoption de normes intangibles et explicites, le domaine budgétaire n'est pas en reste.

En effet, des politiques budgétaires de régulation conjoncturelle peuvent s'avérer totalement inefficaces. Si par exemple, les entreprises et les ménages utilisent au mieux l'information pour former leurs anticipations, le système économique atteint spontanément un état de plein emploi des ressources. Dès lors, toute décision budgétaire s'avère inapte à agir sur l'emploi et à créer un surcroît de bien-être social

L'incohérence temporelle remet ainsi en cause l'efficacité des décisions publiques en matière budgétaire. D'où la nécessité d'adoption des règles intangibles. L'institutionnalisation de telles prescriptions permettrait alors d'ancrer les prévisions des agents économiques. Ainsi, en matière de finances publiques, la règle de maîtrise de déficit budgétaire impose la restriction des dépenses d'investissement, la vente d'actifs publics, et la réduction de la part relative de la dette publique.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein