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Le cycle politico-budgetaire au Cameroun

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par Dorothe Virginie Ngondjeb Yong
Universite de Yaounde II Soa - DEA en sciences economiques et Gestion 2004
  

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I.2 CONSTITUTIONNALISME ECONOMIQUE : UNE APPROCHE DISCUTEE

L'infraction récurrente des règles économiques, conséquence de l'incohérence temporelle des décisions des gouvernants, d'une part et, d'autre part, de l'insuffisance des moyens de pression sur les décideurs publics, a éveillé la volonté de certains auteurs à préconiser aux pouvoirs publics des règles. Celles-ci se traduisent notamment par une maîtrise de l'inflation et du déficit public. Cependant, des voix s'élèvent de plus en plus pour remettre en cause la pertinence des normes fixes. Cette remise en cause peut se traduire par l'inefficacité de ces prescriptions, ou même par leur caractère non démocratique.

Dans les pays occidentaux, et les pays Africains de la Zone Franc, l'on assiste à une politique économique pratiquée avec inflexibilité et qui est régie par des normes fixes qui traduisent la recherche de la crédibilité. C'est ainsi que, les deux principaux instruments de politique économique sont confinés dans une logique d'atteinte des objectifs intermédiaires (la maîtrise du déficit et le contrôle de l'inflation). La politique monétaire et la politique budgétaire sont élaborées dans les buts principaux de maîtrise de ces objectifs.

Pourtant, même au niveau interne, des auteurs comme Taouill (2005) dans son analyse sur l'économie marocaine aux prises avec des règles fixes, montre que ces objectifs intermédiaires sont atteints au détriment de l'objectif final qui est la croissance. Même dans un cadre communautaire à l'instar de l'Union Européenne des auteurs comme Le Cacheux (2005) relève des externalités négatives qui traduisent les coûts supportés par l'application des règles fixes. Pour lui, « le respect du pacte de stabilité fait supporter aux gouvernements des Etats membres des coûts individuels de divers types -coûts politiques et de réputation, coûts en terme de contraintes pesant sur les objectifs spécifiques de chaque gouvernement, coût résultant de la moindre souplesse de la politique budgétaire, stabilisateur automatique inclus,... qui expliquent qu'en dépit des risques de sanction, pécuniaires ou de réputation notamment, certains choisissent d'enfreindre la règle ».

L'exigence d'un solde budgétaire de base supérieur ou égale à 0 ou du moins d'un déficit budgétaire ne pouvant excéder 3% du PIB, est une règle destinée à assurer la maîtrise des finances publiques. Une telle rigueur de la politique budgétaire impose la restriction des dépenses d'investissements, la vente d'actifs publics, et la diminution relative de la dette publique. Ce faisant, « elle sacrifie la qualité des finances au profit d'une approche comptable centrée sur la gestion du solde budgétaire » (Taouil, 2005).

En cantonnant la politique budgétaire à cette gestion, les pouvoirs publics Européens (dans le souci du respect de la règle communautaire) se privent de leur fonction de régulation. En s'en tenant à cette discipline budgétaire quelque soient les chocs qui affectent l'économie, ils s'abstiennent d'utiliser le budget à des fins conjoncturelles en vue de réduire l'ampleur des fluctuations du niveau de l'activité. Ainsi dans le cadre d'une croissance faible, le strict respect de la discipline budgétaire impose des mesures de contraction de la demande globale qui accentue la logique récessive.

La règle budgétaire peut également apparaître contre productive. La facilité en matière de finances publiques permet d'adapter la décision aux évolutions conjoncturelles. Dans un contexte de sous-emploi ou de chômage dans l'Union Européenne, une politique expansive est à même de participer à la résorption du déficit de la demande sans générer nécessairement une hausse des prix. La réduction de la part relative de l'endettement extérieur et l'existence de liquidités oisives augmentent la marge de manoeuvre quant à la gestion des finances publiques. La pratique d'un déficit de régulation, financé par l'emprunt interne est de nature à avoir une efficacité à la fois macroéconomique et microéconomique. Ce déficit est en mesure de rehausser significativement le niveau d'activité, de soutenir la demande auprès du secteur privé, d'améliorer les perspectives de profit des entreprises, et d'engendrer les ressources nécessaires à son autofinancement.

De plus,l' expérience démontre que les catégories de règles susceptibles de s'avérer utiles dans une phase donnée de réduction du déficit peuvent ne plus suffire à un stade ultérieur. Les évolutions récentes ont mis en lumière un certain nombre d'inconvénients et de carences dans la mise en oeuvre. Aux USA, le cadre a été de plus en plus contourné et les règles sont arrivées à expiration sans être prorogées. Dans la zone Euro, le cadre est actuellement remis en question et le problème de la conception et de l'application optimale des règles occupe le devant de la scène. Les USA, engrangeant des excédents, la contrainte des plafonds de dépenses a été levée par une série d'ouverture de crédits d'urgence en 1999 et 2000, puis par une révision à la hausse des plafonds pour 2001 et 2002. Dans plusieurs pays Européens, le plafonnement du déficit n'a pas empêché la rechute décrite plus haut et la prescription d'un budget « proche de l'équilibre ou excédentaire » n'a pas été plus efficace.

Au total, les effets de règles et budgétaires intangibles peuvent engendrer un biais restrictif qui se manifeste dans une croissance atone, accompagnée d'un chômage de masse dans un contexte de stabilité inefficace. Dans ce contexte donc, on ne peut que s'interroger sur la pertinence de l'adoption des règles fixes dont le coût en terme de croissance et d'emploi soit élevées.

A la suite de l'inefficacité plausible des règles fixes pour le Cameroun, nous pouvons également relever que ces normes n'obéissent à aucun processus démocratique. En effet, ces prescriptions sont l'oeuvre de certains économistes qui conseillent un strict encadrement des décisions publiques. De telles directives font que les décisions qui engagent l'organisation institutionnelle, les objectifs et les instruments de la politique économique sont soustraits aux délibérations publiques. L'immunité dont jouissent par exemple les règles d'un plancher de déficit à 3% dans l'Union Economique et Monétaire est exemplaire de ce déficit démocratique. Ce qui fait dire à Taouill (2005) que : "La soumission de la politique à des règles à priori implique un déni de la démocratie 

Il n'est cependant pas toujours aisé d'établir une similitude entre la volonté des bureaucrates et celle du peuple sur certaines questions sociales. Le rejet de la constitution Européenne est un exemple patent du fossé qui peut séparer les aspirations du peuple des conclusions parfois trop concessionnelles et techniques de la bureaucratie. De plus, même si le gouvernement est un produit des élections (c'est à dire de la volonté du peuple), la théorie sur les cycles politico-économiques et surtout l'incohérence temporelle des décisions prises par les décideurs publics montrent une inadéquation entre les promesses et les réalisations.

Les idées économiques n'agissent pas uniquement sur les ressources et les revenus des citoyens, mais aussi sur leurs droits de liberté. Pourtant comme le souligne Sen cité par Taouill (2005) « on ne peut trancher les dilemmes sociaux qu'à travers des processus de choix publics fondés sur la participation, le dialogue, les débats ouverts... Le pilotage unilatéral y compris s'il est le fait du meilleur des experts, ne saurait en soit constituer une solution » L'économie est alors trop importante pour être laissée aux seuls experts.

C'est ainsi que se penchant sur l'indépendance des banques centrales comme préalable de la crédibilité de la politique monétaire, Hetzel (1990) pense que « la politique monétaire émerge comme partie du processus général des décisions démocratiques plutôt que des paradigmes économiques des économistes ».Toujours sur cette autonomie des banques centrales, Aubin (1999) établit que «  la politique monétaire d'un pays doit demeurer compatible avec un équilibre du système social, dans ces dimensions à la fois économiques et politiques. L'indépendance de la banque centrale qui reste toujours conditionnelle à un état de la législation n'est peut-être pas tant alors la cause d'une plus grande stabilité des prix que le signe d'une détermination de la société à renoncer aux facilités de politiques monétaires plus laxistes ».

En somme donc, la recherche de la crédibilité qui sous-tend l'adoption de règles peut ne pas être établie dans la mesure où le cantonnement de la politique budgétaire peut s'avérer inefficace car où la maîtrise du déficit budgétaire et le contrôle de l'inflation peuvent être atteins au détriment de la croissance et de l'emploi. En outre, une norme immuable du déficit budgétaire ne pouvant excéder 3% par exemple, dictée sans consultation préalable des populations sous quelque forme que ce soit, couve en elle un déficit démocratique.

L'observation dans un cadre global de l'impérativité d'un constitutionnalisme économique tend à montrer que celui-ci est justifié. Toutefois, certains économistes estiment que la définition de normes économiques devraient épouser les particularités des pays ou groupements de pays pour être efficace et notamment, la nécessité d'un soutient du développement économique qui passe par une stimulation de la croissance à la croissance et à l'emploi pour les pays comme le Cameroun.

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