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Le cycle politico-budgetaire au Cameroun

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par Dorothe Virginie Ngondjeb Yong
Universite de Yaounde II Soa - DEA en sciences economiques et Gestion 2004
  

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II- DECISIONS PUBLIQUES AU CAMEROUN : LA NECESSITE D'UNE NORMALISATION

L'existe au Cameroun d'un cycle politico-budgétaire pour certaines dépenses rejoint dans une certaine mesure ce qui se passe généralement dans les pays occidentaux, c'est à dire que les dirigeants politiques prennent des décisions au gré de leur volonté. En effet, pendant l'année de l'élection, des hommes politiques lorsqu'ils veulent agir dans le sens de leur intérêt manipulent des variables budgétaires telles que les dépenses totales, les paiements de la sécurité sociale, les dépenses du secteur agricole, les transferts (Blais et Nadeau ; 1992). Au Cameroun, nous avons pu établir que ce sont les dépenses et recettes qui ont une importance capitale aux yeux des électeurs qui sont manipulés.

Ce type de comportement suscite le désir de leur appliquer des règles intangibles en matière de politique économique en général et, budgétaire en particulier. Ceci à cause de la violation récurrente et l'insuffisance des normes déjà existantes d'une part et, d'autre part, à cause de l'inefficacité même des décisions publiques au cameroun. Toutefois, si ces règles doivent être coersitives, elles doivent intégrées les particularités Camerounaises et donc être adaptées à l'objectif de développement économique du pays.

I.1- VIOLATION RECURRENTE ET INSUFFISANCE DES REGLES EXISTANTES AU CAMEROUN

La variation de certaines dépenses et recettes budgétaires au Cameroun nous conduit à établir un cycle politico-bugétaire. Il apparaît que :

- Pour les dépenses d'éducation, on observe de fortes variations des dépenses d'éducation lors des exercices correspondant avec la période électorale. Ces dépenses ont tendance à augmenter en période électorale et diminuer en milieu de mandat électoral. L'on peut noter par exemple un fort accroissement de plus de 60% de ces dépenses lors de l'exercice 72/73 (élection législative de mai) et une forte diminution de près de 20% l'année d'après.

- Pour les dépenses de santé et affaires sociales, la quasi majorité des exercices budgétaires coïncidant avec les échéances électorales connaissent une variation positive de ce type de dépense. . A titre d'exemple pour les exercices 74/75, 79/80, 96/97 on a des augmentations de l'ordre de 13%, 38%, 25% respectivement. Par contre, les exercices hors mandat électoral constituent des périodes de diminution des deux types de dépenses (diminution de moins de 10% en 76/77).

- Pour les dépenses de travail et de prévoyance sociale, lors de la plupart des exercices précédent ou coïncidant avec une élection, on observe une augmentation de ces dépenses au détriment des autres exercices budgétaires se situant après ou en milieu de mandat. A titre d'exemple, les exercices 84/85, 91/92, 92/93, 96/97 et 97/98 connaissent une variation positive des dépenses, alors que les exercices tels que 78/79, 90/91, et 95/96 (une baisse de près de 10%) connaissent des variations négatives puisque ce sont des exercices hors mandats électoraux

- Pour ce qui est des recettes fiscales, entre l'exercice 88/89 et l'exercice 92/93, on observe une diminution de Près de 50%. De même entre l'exercice 95/96 et l'exercice 96/97, on a une diminution de près de 10% par contre, l'exercice 84/85 connaît un pic d'augmentation de plus de 60% car on se trouve ici juste après une échéance électorale.

Ce qui donne lieu à un non respect des engagements que prennent les politiciens auprès des électeurs à la veille des élections. De plus, une augmentation des dépenses publiques ou une diminution des recettes budgétaires à l'approche des élections sans fondement économique, fait supporter de divers coûts. Parmi ceux-ci, l'on peut relever un possible accroissement du déficit budgétaire financer à court terme par un endettement supplémentaire de l'Etat dû à un non respect de paiement de la dette en cours ou encore à un relèvement des taxes et des impôts après les élections.

L'accroissement du déficit public et celui de la dette publique qu'a connu le Cameroun au plus fort de la crise économique, c'est à dire la période 1986 jusqu'à 1994, ne se justifie pas seulement par la baisse des cours des principales matières premières et la dépréciation du dollar. En effet, des rigidités sociales et politiques dont certaines persistent encore actuellement à un moindre degré, peuvent expliquer les difficultés rencontrées par un gouvernement politiquement contesté pour mettre en oeuvre l'ensemble des reformes préconisées, notamment celles ayant un coût social élevé.

Par exemple, les prix officiels aux producteurs de cacao, n'ont pu être diminués que lors de la campagne 1989/90, soit deux ans après la chute des cours. La masse salariale de la fonction publique n'a été réduite qu'en 1993(de 4 à 20% en Janvier et de 50% en Novembre), lorsqu'il s'est avéré que le budget de l'Etat ne pourrait plus régler les échéances de la dette aux bailleurs de fonds multilatéraux. De même, en ce qui concerne l'emploi, on a continué d'augmenter les effectifs de l'administration publique entre 1985/86 et 1991/92(exercices précédent les élections) en recrutant de jeunes diplômés (ce qui avec 10% d'effectif supplémentaire en faisait le seul secteur en croissance) et on a préféré réduire le traitement des fonctionnaires plus tôt que les effectifs.

Une telle absence de discipline dans la gestion publique a occasionné la suspension du Cameroun des PAS des institutions de Bretton Woods en 1992 d'une part, et d'autre part les Etats-Unis et l'Allemagne ont interrompu leur aide. Si les accords que le Cameroun passe avec les bailleurs de fonds internationaux comportent des sanctions en cas de leur non respect, ceci n'est pas le cas sur le plan interne. En effet, comme dans bon nombre de pays au monde, il n'existe pas au Cameroun de règles fixes suffisamment explicites et contraignantes pour les gouvernements

L'insuffisance de la règle budgétaire, plus connue sous le nom de loi de finances réside entre autre dans la manière dont elle est votée ou adoptée au niveau de l'Assemblé nationale. Car, bien qu'elle soit soumise au vote des députés, contrairement aux USA ou l'on a besoin de deux tiers des membres du Congrès pour adopter les textes, au Cameroun l'alinéa 1 de l'article 19 de la constitution établit que «  L'Assemblée Nationale adopte des lois à la majorité simple des députés ». Ceci donne libre cours à l'adoption du budget conforme aux désirs des gouvernements en place, pour peu que la majorité simple des députés de l'Assemblée Nationale soit constituée en totalité par des membres du parti politique au pouvoir. Même si l'unanimité de l'hémicycle était requise pour l'adoption des lois, certes la marge de manoeuvre serait plus réduite mais l'on peut toujours imaginer une situation ou, l'Assemblée Nationale soit constitué en totalité des députés d'un même parti. A cet effet, la règle de la majorité ne limite pas suffisamment l'action gouvernementale sur les questions budgétaires.

En plus de la violation récurrente et de l'insuffisance des normes économiques actuelles au Cameroun, l'on peut également remettre en cause l'efficacité même des décisions des gouvernements au Cameroun. La manipulation de certaines données budgétaires peu constituer une décision inefficace, car si pour former leur anticipation, les entreprises et les ménages utilisent au mieux l'information, le système économique Camerounais peut atteindre spontanément un état de plein emploi des ressources. Ce qui rendrait donc par exemple improductive la politique d'augmentation des dépenses d'éducation, de santé, d'emploi et de prévoyance sociale, ou encore une diminution des recettes fiscales à l'approche des échanges électorales au Cameroun. Ceci découlant du fait que les agents privés au Cameroun peuvent effectuer des prévisions bien informées des évènements futurs en s'appuyant sur une connaissance pertinente des rouages des l'économie Camerounaise. Dès lors que l'on considère qu'ils peuvent anticiper le comportement du gouvernement, les actions publiques ne sont pas temporellement cohérentes. Ils peuvent ainsi envisager que le décideur public est porté à enfreindre ses engagements et réviser en conséquence leurs décisions. D'où la nécessité d'adoption des règles fixes telle que la règle de maîtrise du déficit budgétaire pour faire face aux violations et à l'inefficacité des règles existantes.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams