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Le cycle politico-budgetaire au Cameroun

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par Dorothe Virginie Ngondjeb Yong
Universite de Yaounde II Soa - DEA en sciences economiques et Gestion 2004
  

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II.2 DES REGLES PLUS CONTRAIGNANTES ET PLUS ADAPTEES AU CONTEXTE CAMEROUNAIS

La violation permanente des règles économiques au Cameroun, conséquence du non respect des engagements pris par les pouvoirs publics auprès de l'électeur donne lieu à un environnement économique plus ou moins incertain. Dans un tel contexte, le constitutionnalisme économique semble trouvé sa place pour répondre à l'insuffisance des règles existantes, l'on pourrait mettre en place des règles plus contraignantes et mieux adaptées au cas Camerounais qui ne sont pas un frein aux objectifs de développement.

L'action gouvernementale sur la monnaie a commencé à être limitée depuis par la création en 1972 de la Banque des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC). L'article 1er des statuts de la BEAC établit que la Banque Centrale définit et conduit la politique monétaire de tous les Etats membres avec pour objectif la stabilité de leur monnaie commune, le FCFA. L'indépendance reconnue à la BEAC, ainsi que l'évolution de sa réglementation au cours du temps limite sans cesse l'influence des gouvernements. La programmation monétaire par exemple, en cours au Cameroun depuis 1992 constitue une nouvelle avancée dans ce sens. Désormais l'augmentation de la masse monétaire est conditionnée par la création de richesses dans chaque Etat membre, dont le Cameroun. Dans ce contexte, il est difficile voire impossible aux dirigeants politiques camerounais d'agir volontairement sur la masse monétaire aux fins électoralistes.

Comme autre règles, l'on pourrait par exemple définir dans la constitution une loi qui fixerait les modalités d'augmentation et de réduction des dépenses budgétaires, qui soit immuable et non adaptable aux volontés des gouvernants, mais plutôt à des situations précisées à l'avance dans la constitution.

Les règles communautaires connues sous le nom de critères de surveillance multilatérale au sein de la CEMAC, peuvent par exemple être érigées en lois imposables à tout gouvernement au Cameroun. Ces lois seraient en plus encadrées par des sanctions en cas de leur violation par le gouvernement. En outre, la modification éventuelle d'un de ces critères ferait désormais l'objet d'un amendement préalable de la constitution.

Ainsi, les critères suivants pourraient être requis comme constitutionnelles et leur violation passible de sanctions pour les auteurs :

- Le solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal supérieur ou égal à 0

- L'inflation maintenue à moins 3% par an

- La non accumulation d'arriérés de paiement extérieure sur la gestion de la période courante

-L'encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB minimal n'excède pas 70%.

Auxquels l'on ajouteraient « les critères du second rang » du pacte de convergence, de stabilité de croissance entre les Etats membres de UEMOA suivants :

- La masse salariale n'excède pas 35% des recettes fiscales

- Les investissements publics financés sur ressources internes doivent être supérieurs ou égaux à 20% des recettes fiscales

- Le déficit extérieur courant hors dons/PIB nominal n'excède pas 5%

- Les recettes fiscales son supérieures à 17% du PIB nominal.

La règle du déficit budgétaire contenu dans les critères de convergence impose la restriction des dépenses d'investissement, la vente d'actifs publics et la réduction de la part relative de la dette publique. Une telle discipline budgétaire peut certes priver le décideur public camerounais de sa fonction de régulation, mais elle peut permettre par contre de limiter le laxisme dans la gestion publique et surtout des manipulations opportunistes du budget , bien que  la pilule soit amère à avaler pour les autorités camerounaises .

L'exemple des réformes économiques que le Cameroun a conclus avec les bailleurs de fonds et notamment les institutions de Bretton Woods depuis bientôt 20 ans, montre toute la difficulté qu'éprouvent les gouvernements successifs à tenir leur engagement. D'ailleurs la coïncidence entre certaines années d'élection au Cameroun (1992 à 2004, par exemple) et la mise « off-track » du pays des programmes du FMI et la Banque Mondiale  les mêmes années , restent très révélatrice. Cependant, l'avantage de ces accords est qu' à tout moment le pays peut-être sanctionné par une exclusion de ces programmes. Et par ricochet, se voir priver du financement des autres bailleurs de fonds bilatéraux (France, Allemagne, Union Européenne...) pour qui, le respect des accords du FMI est la condition sine qua non d'un éventuel appui. Ce qui met constamment le pays sous pression et contraint l'action gouvernementale.

L'on pourra alors imaginer que de telles pressions soient requises au niveau des lois constitutionnelles du pays. Ce qui obligerait les gouvernements à respecter leur engagement. De la sorte, leurs décisions ne seraient plus temporellement incohérentes et ne constitueraient plus une entrave aux prévisions des agents économiques. L'on s'avancerait alors vers un environnement économique stable dicté par des prévisions des agents bien informés. Cependant, si ces normes doivent lier les mains aux dirigeants Camerounais, elles ne doivent pas pour autant d'une part freiner le développement économique du pays, et d'autre part ne doivent pas être dénués de toute saveur démocratique. C'est ainsi que la politique budgétaire ne doit pas seulement se confiner à atteindre les objectifs intermédiaires comme la maîtrise du déficit, mais doit également atteindre l'objectif final qui est la croissance. Même dans le cadre du respect des critères de surveillance multilatéral de la CEMAC les règles fixes doivent d'abord être ériger pour satisfaire l'objectif premier du pays à savoir le développement économique et non l'entraver.

A titre d'illustration La définition d'une cible d'inflation à 3% par la BEAC pour l'ensemble des pays membres de la zone CEMAC traduit l'engagement en faveur de la stabilité des prix définie comme l'objectif prioritaire de la Banque Centrale. Une telle règle peut s'avérer inefficiente.

Le niveau élevé des taux d'intérêt réels imposés par l'objectif de la stabilité des prix produit un double impact négatif sur l'investissement privé d'une part; il décourage de part son impact sur le coût du crédit, les projets de développement des capacités de production. D'autre part, il leste les charges financières des entreprises en mettant certaines dans l'incapacité d'honorer leur dette. Conséquence, de nombreuses petites et moyennes entreprises au Cameroun éprouvent des difficultés financières récurrentes qui donnent lieu soit à une évasion fiscale de celles-ci soit à leur disparition pure et simple. Dans ces conditions, les banques sont amenées à constituer des provisions sur créances douteuses et à rationner le crédit en imposant des taux d'intérêt exorbitants. D'où une situation de surliquidité des banques actuellement d'une part, et d'un déplacement de l'activité bancaire vers des opérations de banque moins traditionnelles : assurance, transfert d'argent ..., d'autre part.

Par ailleurs, « loin d'être vertueuse, une inflation trop basse est un obstacle à l'ajustement » Taouill (2005). De ce fait, les entreprises, soumises à la concurrence par les prix sont amenées faute de pouvoir ajuster les coûts de production, à réduire l'emploi. La crédibilité poursuivie par l'engagement en faveur de la stabilité des prix peut donc s'avérer inefficace, et les retombées escomptées en termes de surcroît d'investissement et de croissance, amoindries. Ceci du fait d'une demande d'investissement insuffisante entraînant une diminution de la formation brute du capital fixe ; d'autant plus que celle-ci dépend surtout de l'investissement étranger dopé par des privatisations en cours au Cameroun.

Un tel état de choses peut également avoir des conséquences sur l'investissement privé national. Celui-ci ne serait pas entravé par le brouillard des signaux du marché par l'inflation, mais par la gestion restrictive de la demande globale. Le ciblage de la stabilité des prix, quelque soit la conjoncture, peut créer des rigidités qui entraînent un sacrifice en terme de production. Dans une situation de sous utilisation des ressources financières telles qu' au Cameroun, les autorités monétaires peuvent user de leur pouvoir discrétionnaire en stimulant l'offre de crédit. Une inflation modérée a l'avantage d'alléger les frais financiers à travers la réduction des taux d'intérêt réels et d'accroître la production et la demande de travail. Une règle de ciblage souple de l'inflation peu apparaître mieux adéquate à la résorption des chocs de surliquidité bancaire en cours, et un soutien aux prêts bancaires à l'équipement. Ces discrétions apparaissent d'autant mieux appropriées qu'il n'y a pas au regard de la faiblesse de la demande globale actuelle, de tensions sur le prix qui justifient un objectif strict en matière monétaire. Il apparaît alors que bien que les pouvoirs publics Camerounais soient dépossédés de la définition et de la conduite de la politique monétaire, l'adoption des règles fixées en matière monétaire par la BEAC ne constitue pas une garantie quant à la santé de l'économie.

De telles réserves prouvent bien que la définition des normes intangibles en matière économique au Cameroun doit tenir compte des particularités du pays et surtout de l'objectif primordial qui est le développement économique, qui nécessite une croissance soutenue et une stimulation de l'emploi.

Notre volonté dans ce chapitre était d'évoquer la nécessité d'un constitutionalisme économique au regard du cycle politico-budgétaire que nous avons pu établir dans les chapitres précédent. Dans un premier temps, l'idée d'une constitution économique aboutit à une application de plus en plus accrue de celui-ci et qui semble être justifié dans bon nombre de pays dans le monde, notamment aux USA et dans l'UE. Cependant, certains auteurs économistes estiment que l'encadrement des décisions publiques n'est pas toujours efficace et porte en lui un déni de démocratie. Au Cameroun, la nécessité de la normalisation économique trouve son explication dans le contexte de notre travail au niveau de la manipulation des variables budgétaires aux fins électoralistes par les dirigeants politiques camerounais. Cependant, il nous parait utile de rappeler que si les règles intangibles sont indispensables au fonctionnement, de l'économie Camerounaise tant sur le plan national que dans le cadre de la CEMAC, ces règles doivent toutefois tenir compte des objectifs de développement économique auxquels aspire le pays.

Au terme de cette deuxième partie de notre travail, nous avons pu mettre en relief le cycle politico-budgétaire au Cameroun de façon effective. L'analyse de ce dernier nous a conduit à travers un modèle économétrique sur le cas Camerounais (chapitre3), de ressortir les variables budgétaires qui sont manipulées aux fins électoralistes et constituent dans ce sens les déterminants du cycle politico-budgétaire au Cameroun. Cette analyse s'est poursuivie dans la nécessité d'édictions de règles inflexibles en matière économique en général et en matière budgétaire en particulier au Cameroun. Ce qui a été fait dans le chapitre 4 intitulé constitutionnalisme économique et cycle politico-budgétaire au Cameroun.

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