I.2.2- DES CHOIX PUBLICS FORTEMENT INFLUENCES
L'examen de la politique budgétaire que nous avons
effectué plus haut laisse présager un instrument de politique
économique qui reste confronté à certains aléas.
Cette réalité au niveau général se retrouve
également au Cameroun lorsqu'on vient parler de la mise en oeuvre de la
politique budgétaire. En effet, celle-ci reste très
influencée par plusieurs facteurs, parmi lesquels la conjoncture
économique occupe une place prépondérante.
A-L'EFFET DE LA CONJONCTURE
S'il est vrai que la politique budgétaire est un
instrument à la portée des décideurs publics dans
l'optique d'atteindre les objectifs de politique économique, il faut
aussi noter que celle-ci s'accommode au Cameroun des différentes
situations économiques.
L'on peut relever pour bien évoquer les effets de la
conjoncture sur les choix publics au Cameroun, trois périodes : une
période d'envol de l'économie de 1960 à 1985 ; une
période de grande morosité économique de 1986 à la
mi-1994 et une période de reprise depuis la mi-1994. A ces trois
périodes correspondent également trois types de décisions
publiques ou de politique budgétaire.
1-1970-1985 : U ne politique expansionniste
1960 marque la prise des rennes du pouvoir par des dirigeants
nationaux, suite à l'indépendance du pays. Longtemps
cantonnée entre les mains des colonisateurs, l'économie
camerounaise est dorénavant aux mains de ses fils.
Le début de la période est marqué par un
patriotisme des gouvernants qui veulent construire le pays et le doter
d'infrastructures et d'un système productif de bonne qualité.
C'est la période de gros investissements de l'Etat financés en
grande partie par les recettes d'exportations des produits de base dont les
cours sont très flatteurs. La politique économique menée
à cette période s'apparente à une politique de relance de
l'activité économique. En effet, au cours de cette période
les décideurs politiques soutiennent la croissance de la production, et
donc l'emploi, par une politique budgétaire expansionniste. Ceci
s'aperçoit par la création de plusieurs entreprises publiques
dans les années 1970 et surtout dans le secteur agricole. Au
début des années 1980, l'industrie pétrolière va
bénéficier du même engagement étatique.
L'intervention de l'Etat s'effectue par des aides à la
consommation, des revenus appréciables et surtout des subventions
à l'investissement, dans le cadre du déficit budgétaire.
Il en résulte des rentrées fiscales supplémentaires, une
baisse des coûts unitaires de production (économies
d'échelle) qui réduisent les tensions inflationnistes et
permettent de maintenir l'équilibre extérieur.
De plus, l'embellie pétrolière du début
des années 80 permet au Cameroun de faire face à la chute des
cours des produits d'exportation qui plonge déjà d'autres
économies de la Zone Franc comme la Côte d' Ivoire dans une crise
économique
Les pouvoirs publics ont adopté une politique de
stérilisation partielle des recettes dans le souci d'utiliser la manne
pétrolière durablement. Cette politique budgétaire
apparemment prudente, va s'avérer par la suite insuffisante au regard
des années qui suivront le boom pétrolier. Au niveau de la
fiscalité, les décideurs publics orientent leurs efforts sur la
fiscalité pétrolière au détriment des autres types
d'impôts.
|