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Le baccalauréat: Un rite de passage dans une société moderne occidentale comme la France ?

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par Abdou Khadre LO
Université de Caen Basse-Normandie - Maîtrise de Sociologie 2000
  

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2. Les réformes sous la troisième république

La troisième république est établie le 4 septembre 1870 après la chute de Sedan dans la guerre contre les Prussiens.

La défaite française dans cette guerre a accentué la lutte entre l'Etat et l'Eglise sur les questions scolaires. Pour les républicains la cause principale de la défaite était à chercher dans le niveau insuffisant d'éducation de la population en général et des soldats en particulier. Ainsi jugeaient-ils que l'éducation devait être gratuite pour tous les enfants. Pour les catholiques, par contre, la France a été défaite parce qu'elle a tourné le dos au christianisme. De ce fait considéraient-ils que l'éducation catholique était plus que jamais nécessaire.

Le désastre de 1870, en montrant combien les classes dirigeantes s'étaient révélées inférieures à leur tâche, avait fait surgir des critiques très vives contres l'enseignement qu `elles avaient reçu. Pour beaucoup de français le véritable artisan de la victoire allemande était l'instituteur prussien. « Le grand public, dit M. Weill, indifférente à la pédagogie, ne songeait qu'aux résultats visibles et tangibles. Il avait constaté que les officiers allemands savaient le français, que les officiers français ne savaient pas l'allemand : on devait apprendre les langues vivantes. Ces formules simplistes obligeaient le gouvernement à faire quelque chose... »1(*).

Ainsi l'occasion était trop belle pour les détracteurs de l'enseignement étatique.

En effet, les catholiques militants, bien que les officiers qui avaient perdu la bataille de Sedan n'eussent pas tous, loin de la, été éduqués dans les lycées, trouvèrent dans un tel état d'esprit un nouveau prétexte pour reprendre leur vieille campagne contre l'enseignement de l'Etat. Leurs critiques portèrent cependant leurs fruits, du moins dans la nouvelle organisation du baccalauréat. Il fallait maintenant introduire dans l'enseignement terminal ainsi que dans l'examen, les langues vivantes.

Les décrets des 9 avril et 25 juillet 1874 scindèrent ainsi le baccalauréat ès lettres en deux séries d'épreuves : la première série ayant lieu à la fin de la classe de rhétorique et la seconde une année plus tard à la fin de la classe de philosophie.

Nous avons ainsi le schéma suivant :

1ère partie

Ecrit :

Composition de latin

Traduction de latin

Oral :

Grec,

Latin et français,

Rhétorique,

Histoire-géographie.

2ème partie

Ecrit :

Philosophie

Langue vivante (anglais ou allemand)

Oral :

Philosophie

Histoire de la philosophie

Mathématiques

Physique

Langues vivantes

Histoire et géographie

Cependant cette nouvelle organisation ne donnait aux sciences qu'une place moindre. Elle mettait à mal les efforts de Duruy de combiner littérature et science pour la culture de l'élève.

C'est donc l'arrivée de Jules Ferry, le 4 février 1879 qui remit à l'ordre du jour les méthodes pédagogiques préconisées par Duruy ou d'autres comme Jules Simon 1(*).

Ferry eut à coeur, selon Piobetta, de « créer entre les lettres et les sciences cet accord étroit que Duruy avait essayé de leur donner, et d'instituer une « éducation harmonique », c'est-à-dire l'éducation portant sur l'universalité des connaissances et reposant sur l'égale culture de toutes les facultés. »

Avec son projet de réforme du plan d'études, Ferry avait soumis à l'approbation du conseil supérieur de l'Instruction publique un projet de décret relatif au baccalauréat ès lettres. Il avait pour but de mettre l'examen « en harmonie avec l'esprit de la réforme du plan d'études et d'y introduire toutes les améliorations propres à faire du baccalauréat une constatation d'études équitable et sincère » 2(*).

Le principe du baccalauréat scindé, établi par le décret du 9 avril 1874 et mis en pratique par celui du 25 juillet 1874 étant admis, la commission se trouva d'accord avec le projet du ministre pour reconnaître la nécessité de porter à trois le nombre des épreuves écrites de la première partie de l'examen. Mais cela n'était pas l'essentiel.

Des modifications plus importantes furent apportées au baccalauréat ès lettres en 1880.Mais ce qui caractérise véritablement l'administration de Jules Ferry, c'est la création, le 28 juillet 1882 d'un nouveau baccalauréat. Le baccalauréat de l'enseignement secondaire spécial.

Victor Duruy en instituant l'enseignement secondaire spécial avait spécifié que cet enseignement serait sanctionné par la délivrance d'un diplôme de fin d'études.

En fait, Duruy escomptait de cet examen un double effet :

- premièrement engager les élèves et leurs familles à conduire jusqu'à leur terme, des études formant un ensemble bien déterminé ;

- deuxièmement amener promptement l'opinion publique à attacher une sérieuse importance à un brevet qui, pour certaines administrations publiques ou particulières, pour des chefs d'usine ou de grandes fermes ou encore pour des patrons de maisons de commerce offriraient plus de garanties d'aptitude immédiate que le grade de bachelier.

L'administration de Jules Ferry créa aussi une commission dirigée par Duruy. Et cette commission substitua au système des « cercles concentriques » une répartition nouvelle.

Le système des « cercles concentriques » permettait aux élèves de quitter le collège à la fin de telle ou telle classe, en emportant avec eux, selon la durée de la scolarité, un bagage de connaissances plus ou moins élémentaires, et ce de façon encyclopédique.

La nouvelle organisation comprenait outre un cours élémentaire exactement semblable à la division correspondante de l'enseignement classique, un cours moyen et un cours supérieur. Le cours moyen se formant de trois années tandis que le supérieur se compose de deux années.

Ainsi la commission décida qu'il y avait lieu de créer, comme sanction des études du cours supérieur, un diplôme spécial. Le certificat étant pour les uns le seul titre recherché, pour les autres la condition même de leur passage dans le cours supérieur, devait être délivré, conformément à l'article 4 de la loi du 21 juin 1865. Quant au diplôme final, ambitionné par l'élite des élèves, la commission proposa de lui donner le nom de baccalauréat de l'enseignement secondaire spécial.

Cependant cette résolution ne fut pas adoptée sans débat.

Selon Piobetta, quelques membres de la commission voulaient que ce titre soit réservé aux diplômes de l'enseignement secondaire classique autant par égard pour une tradition consacrée que pour récompenser par un privilège légitime des études plus longues et plus difficiles. Ces conservateurs, détracteurs du nouveau baccalauréat raisonnaient en ces termes : « le baccalauréat constate au moins la connaissance de l'antiquité latine dont nous sommes les héritiers les plus directs, qui a marqué d'une empreinte si forte notre langue et notre civilisation ; c'est là un élément de supériorité intellectuelle ; et il n'est que juste de la caractériser par un signe à part ». Ils considéraient que prodiguer le diplôme de bachelier, c'était le déprécier ; c'était en même temps pour eux lui enlever, par une confusion regrettable, le sens précis qu'on lui attribuait . (Nous reviendrons plus tard sur cet aspect respectueux du baccalauréat).

Tous redoutaient en fait que l'enseignement classique ne fut délaissé, si l'on ouvrait aux élèves un chemin plus court et moins pénible qui les conduisait au même but. Il faut dire qu'aujourd'hui encore, les mêmes questions surgissent concernant les baccalauréats technologiques et professionnels. Si à la fin du 19ème siècle d'aucuns redoutaient que le baccalauréat classique soit délaissé au profit du baccalauréat secondaire spécial, comparativement, à l'orée du troisième millénaire, le baccalauréat général ne concerne plus que 53,6% de l'ensemble des bacheliers. Les 46,4 restant se répartissent dans les baccalauréats technologiques et professionnels.

* 1 Le ministre Georges Weill cité par Piobetta. J. B, in Le baccalauréat, op. cit., p132.

* 1 Voir Piobetta, Le baccalauréat, chap Conflit pédagogique.

* 2 ibid.

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