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Le baccalauréat: Un rite de passage dans une société moderne occidentale comme la France ?

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par Abdou Khadre LO
Université de Caen Basse-Normandie - Maîtrise de Sociologie 2000
  

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II. L'efficacité symbolique du baccalauréat

« En tant qu'action symbolique le rite agit sur la société et sur ses membres, non seulement en reproduisant un certain consensus autour des valeurs dominantes, mais également en offrant aux individus la possibilité d'utiliser le rite en vue d'une efiicacité sociale toute particulière : celle d'exprimer à la face de tous, à travers leurs comportements rituels, qu'ils détiennent désormais un certain pouvoir social qui leur permet de mieux maîtriser le fonctionnement symbolique de nos sociétés »1(*)

Les élèves considèrent le baccalauréat comme une obligation. Mais avant de voir dans quelle mesure et comment le baccalauréat représente une obligation pour nos interviewés, il importe de souligner que l'examen est aussi une immense obligation politique pour tout gouvernement en France.

En effet, nous pouvons dire sans risquer d'être démentis que le baccalauréat est une des obligations politiques sinon la principale d'un ministre de l'Education nationale. Nous pouvons effectivement nous demander ce qui se passerait, si le baccalauréat n'avait pas ou ne pouvait avoir lieu.

Prenons deux exemples permettant d'illustrer cette obligation de réussite. Ils sont tous les deux issus de moments historiques exceptionnels, la Seconde Guerre mondiale et l'année 1968.

D'abord le 4 juin 1943, le cabinet du ministre de l'éducation nationale publie une directive pour les examens qui, tout en demandant aux jurys de prendre en compte les particularités de l'époque, tente de conserver au baccalauréat son statut de « clef de voûte du système » : « Au moment où des examens vont conclure une année scolaire qui a été particulièrement gênée par des difficultés de toute espèce, je crois nécessaire de fixer, aussi bien pour les examinateurs que pour les candidats, dans quel esprit il convient d'aborder ces épreuves. D'une part il faut, malgré les circonstances où nous nous trouvons, faire en sorte qu'elles gardent une valeur réelle ; car prodiguer des diplômes qui ne voudraient rien dire, ce serait aller autant contre l'intérêt des candidats que contre celui de la nation tout entière. D'autre part, nous manquerions à la fois de sensibilité et d'intelligence si nous ne prenions pas en considération ces circonstances même où s'est trouvée la jeunesse de notre école (...). Mais l'esprit qui m'inspire c'est précisément, cette année, de demander moins aux examinés pour demander davantage aux examinateurs. Qu'ils pèsent à des balances plus fines le mérite des candidats... » (circulaire du 4 juin 1943)1(*).

Le second moment historique concerne les événements de 1968. Les mouvements de grève de mai 1968 ont paralysé les établissements scolaires et les services administratifs un mois et demi avant les dates de la session normale des épreuves du baccalauréat. Lorsque le mouvement s'essouffla, début juin, il ne semblait plus possible d'organiser les examens selon une procédure ordinaire. En effet, d'une part, l'année scolaire sérieusement amputée, n'avait pas permis de traiter l'ensemble des questions prévues par les programmes. Donc, il eût été jugé inéquitable de mesurer les élèves à l'aune de sujets conçus avant les événements, sur la base d'acquisitions prévues sur l'année entière. D'autre part, il n'était plus guère possible d'organiser un baccalauréat écrit dans le laps de temps qui séparait la reprise des cours du départ en vacances. La question était donc de savoir s'il était possible de reporter les épreuves en septembre.

Pour pallier ces difficultés, le ministère de l'Education nationale modifia par décret l'organisation de l'examen : l'ensemble des candidats fut évalué par oral dans l'ensemble des disciplines.

Donc en cette année 1968, il n'y eut pas d'écrit au baccalauréat, mais l'année scolaire était sauve car le baccalauréat avait eu lieu. C'était l'essentiel. Pour le reste quelques aménagements suffiraient. Aussi l'arrêté du 7 juin 1968 précisait les répartitions des coefficients par série et par discipline. Le même arrêté mettait en place des procédures de prise en compte de la dimension exceptionnelle : « les examinateurs auront à tenir compte du dossier scolaire des candidats, qui comportera, en sus des renseignements habituels :

- La liste des questions non traitées, visée par leurs professeurs et le chef d'établissement ;

- Une mention de l'avis global du conseil de classe visé réglementairement par le chef d'établissement » (article 3).2(*)

Le baccalauréat de 1968 ne répond ainsi en aucune manière aux canons de l'académisme traditionnellement défendu et promu par la majorité des acteurs sociaux. L'écrit anonyme est absent des modalités d'évaluation, et la prise en compte systématique des conditions locales d'enseignement par un livret scolaire « étoffé » fait penser à l'introduction du contrôle en cours de formation dans l'évaluation terminale. Même si les taux de réussite furent nettement plus élevés que les années précédentes et suivantes, les titulaires de ce baccalauréat sont néanmoins comme légitimés par le social.

Ces deux extraits de textes réglementaires issus de périodes différentes attestent que le baccalauréat doit avoir lieu quoiqu'il arrive. Quelles raisons pouvons - nous invoquer pour expliquer cette nécessité d'organisation de l'examen ?

Dans les deux cas, qu'il s'agisse de 1943 ou de 1968, le passage des examens et celui du baccalauréat en particulier (et en ce qui nous concerne ici), sont le signe du maintien et du rétablissement d'un ordre social et symbolique que d'aucuns auraient pu oublier. L'organisation du baccalauréat symbolise une société qui fonctionne ou qui connaît le retour à la « normale ».

Donc le baccalauréat est aussi un rite de passage pour le ministre de l'Education Nationale. En effet si un ministre ne réussit pas l'examen de passage politique que constitue l'organisation du baccalauréat, il risque la remise en cause de sa capacité à gérer le quotidien dans la sérénité réclamée par des électeurs, plus soucieux d'être rassurés par ceux qui les gouvernent que d'être bousculés par l'abandon soudain de points de repère constitutifs de leur manière de penser. Le baccalauréat ne lasse pas : il rassure. C'est un élément de la permanence et de l'identité du corps social.

On peut même penser que ce phénomène est d'autant plus prégnant que

L'organisation du baccalauréat signifie également que l'année scolaire qui s'achève remplit les conditions académiques attendues. Cependant, le baccalauréat en tant qu'examen achève certes l'année, mais il représente aussi et surtout l'achèvement de la scolarité secondaire, et celui de statut d'élève pour marquer l'aboutissement par lequel, l'élève accède à un autre statut : celui d'étudiant.

Le point marquant, dans tous nos entretiens, est la perception du baccalauréat par les élèves, comme une nécessité. Certains parlant même spontanément de « passage obligé ». Ce qui interpelle ici c'est moins la notion de « passage » que celle de « obligé ». Ce terme se justifiant à plusieurs titres pour les élèves. Le passage du baccalauréat est tellement « obligé » qu'ils s'y préparent de leur mieux. Si au Sénégal, par exemple, les élèves se garantissent contre l'angoisse en invoquant le surnaturel par des prières, des promesses ou encore des procédés « magiques », il faut dire qu'en France, le passage est appréhendé autrement. Le passage même est moins appréhendé que ce vers quoi il mène.

Les interviewés entretiennent, à notre grande surprise, une relation très particulière avec l'examen. Ils appréhendent le baccalauréat non pas parce qu'il leur permet d'entrer dans le monde du savoir, de la connaissance ( l'université et l'enseignement supérieur en général ) ou de découvrir ce qui se cache derrière l'épreuve mais parce qu'il leur est « nécessaire » pour avoir plus tard du travail. C'est cette relation au travail futur qui justifie, pour l'essentiel, l'emploi du terme « obligé ».

On est loin ici des adolescents Sara dont nous parle Robert Jaulin dans son ouvrage éthnographique1(*). Les adolescents Sara rêvent d'être initiés pour pouvoir enfin passer de l'autre côté de la barrière, celui où les secrets sont dévoilés, celui où on apprend, bref le monde du symbolique, des significations tandis que « nos » lycéens ont quant à eux une vision beaucoup plus utilitariste de leur « passage » : le savoir soit, mais s'il donne ensuite accès à un travail.

En effet, ils soulignent régulièrement l'importance pédagogique de l'examen. Les élèves des terminales littéraires du lycée Victor Hugo (qui nous ont été autorisés à interroger) semblent être très convaincus par la fonction d'abord pédagogique ou scolaire du diplôme. Jeanne (19 ans) nous dit « je veux avoir le bac pour poursuivre mes études. Je veux l'avoir pour venir à la fac » alors que Hélène (18 ans) considère le baccalauréat comme «  le papier qui permet de faire une autre école ». Guillaume (19 ans) nous explique qu'il « faut le bac ; il faut l'avoir pour continuer ses études »

En fait, ils sont quelques-uns uns à privilégier le rôle de passerelle vers les études supérieures du diplôme. Le baccalauréat est normalement le maillon reliant l'enseignement secondaire à l'enseignement supérieur. Il faudrait donc, avant tout, lui restituer cette fonction de passeur d'un niveau scolaire à un autre. Julien (17ans), élève de ce même établissement, traduit bien cela lorsqu'il nous dit : « je veux avoir le bac pour d'abord poursuivre les études ». Lorsque nous demandons à Stéphanie (18 ans) ce que représente le baccalauréat pour elle, sa réponse est sans ambiguïté : « c'est une clé pour aller plus loin. En tout cas le bac général ».

Ce sont donc les littéraires qui ont fait le plus apparaître leur attachement au baccalauréat comme continuum dans la construction de l'édifice scolaire et faisant apparaître la notion de culture générale. Qu'est-ce que cela peut-il signifier ? Leur raisonnement traduit -il une certaine liaison entre les études littéraires et une culture dite intellectuelle qui privilégie la connaissance pour la connaissance à l'utilitarisme forcené ? Nous ne nous engagerons pas ici dans ce débat. Ces premières déclarations nous réconfortèrent, néanmoins, dans notre hypothèse selon laquelle le lycéen (de l'enseignement général sentant) ne peut envisager sa scolarité sans l'obtention du diplôme qui ouvre la porte aux études supérieures.

En effet, nous pensions que cet examen avait autant de significations parce qu'il permettait d'accéder à l'ultime étape de la scolarité, c'est-à-dire les études supérieures et que la réussite à l'examen représentait l'agrégation à ce monde de statut plus élevé ( par opposition à l'enseignement secondaire ). Cette hypothèse s'est confrontée à diverses formes d'expressions qui l'ont confirmée tout en introduisant des motivations de trois sortes.

II.1. Trois raisons de passer le baccalauréat

Pour « mesurer » l'importance du baccalauréat chez les élèves, nous leur avons demander sur quel événement entre « les dix huit ans», « le baccalauréat » et « le permis de conduire » se porterait leur choix s'ils avaient en à faire et pour quelles raisons. Le choix se porte, pour tous sans exception, sur le baccalauréat. Pour diverses raisons les interviewés jugent le diplôme plus important que le permis de conduire ou la majorité.

Dans un ordre qui n'est pas celui de l'importance, nous avons pu établir que les interviewés voient en leur probable arrivée à l'université :

- D'abord un moyen de continuer les études et d'acquérir une culture générale

- Ensuite de bénéficier de plus de liberté

- Enfin de pouvoir exercer plus tard une profession.

II.1.1 Le baccalauréat pour continuer les études et acquérir une culture générale..

Les élèves que nous avons interrogés mettent en avant « la nécessité » d'obtenir le diplôme intitulé baccalauréat parce qu'il leur permet de continuer les études et d'acquérir la culture générale que l'enseignement supérieur est sensé leur apporter. Le baccalauréat crée la distance entre le bachelier et le non-bachelier. C'est le diplôme qui permet à celui qui en est détenteur de continuer les études s'il le souhaite. C'est cela que transcrivent les propos de Pierre - Autrique : « la différence entre celui qui a le bac et celui qui l'a pas est simple. Celui qui a le bac, il peut entamer des études supérieures s'il le veut après. Celui qui l'a pas, il est obligé de passer par le bac sinon il peut rien faire. La différence c'est la barrière du diplôme ».

Le rôle du baccalauréat en tant que continuum du cursus scolaire est bien intégré par les élèves. Comme cela semble aller de soi, certains élèves n'insistent pas sur ce rôle, préférant évoquer l'importance du baccalauréat à long terme. Les autres (essentiellement les littéraires ) ne perdent pas de vue la place du baccalauréat dans l'édifice scolaire ; c'est un diplôme prépondérant et ils sont « obligés » de l'avoir. « Un bac c'est reconnu pour continuer les études, c'est pas reconnu pour trouver un boulot, en tout cas pas le bac général » (Marc, 18 ans, terminale ES). Louisiane (19 ans, terminale L) pense la même chose lorsqu'elle estime que « le bac est un passage obligé ; pour moi en tout cas puisque je suis dans une filière générale donc je suis obligée de l'avoir pour aller à la fac et continuer à apprendre ». Emmanuel (17 ans, terminale S) est encore plus catégorique lorsqu'il fait remarquer qu'il n'y a aucune différence entre un bachelier et un non-bachelier. Lorsque nous lui demandons alors pourquoi tenait -il « absolument » à avoir « son bac », il répond : « pour faire des études supérieures. Si jamais on s'arrête au bac ça sert pas à grand chose d'avoir été jusque là. Je pense que c'est plutôt une porte ouverte sur la faculté ».

Le baccalauréat est perçu par ces élèves comme le seul moyen de poursuivre leurs études. Ce qui est d'ailleurs vrai. Ce diplôme est le sésame qui permet la poursuite des études, dans le sens de la continuité bien entendu. En effet, on peut toujours, sans baccalauréat, s'inscrire dans une autre voie de formation ( professionnelle par exemple).

La notion de culture générale apparaît dans leurs discours, surtout, lorsqu'il s'agit de marquer une différence entre ceux qui ont le bac et ceux qui ne l'ont pas. En aucune manière les élèves n'établissent une hiérarchie de valeur entre les bacheliers de la société et les non-bacheliers. Ils font en revanche volontiers apparaître leur certitude quant à la différence de culture entre ces deux catégories de personnes.

En effet, lorsque nous leur posons la question de savoir s'il y aurait une différence entre ceux qui ont le bac et ceux qui ne l'ont pas, les réponses des élèves se rejoignent toutes. « Non. Enfin y'en a qui sont doués à l'école et d'autres qui sont doués ailleurs, qui sont manuels » fait remarquer Laurent (17 ans, terminale S) avant d'être repris par Paul (19 ans) [nous avons interrogé ces deux élèves en même temps]. Ce dernier précise sa pensée en ces termes : « ça dépend. Ceux qui sont arrêtés plutôt dans les études n'ont pas la culture que nous nous avons en terminale et que nous allons améliorer à la fac mais ils ont une plus grande culture dans leur domaine. S'ils sont musiciens, cuisiniers, menuisiers etc. » Laurent rajoutera que « ceux qui poursuivent leurs études ont une culture générale plus vaste ».

Comme certains de nos interrogés, ces deux élèves mettent en avant la culture générale que l'on acquiert dans le système scolaire français. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui soulignent l'importance du baccalauréat en tant que passerelle entre le lycée et l'université qui parlent de ce diplôme comme d'un moyen d'acquérir une culture générale plus vaste à travers des études supérieures. « Quelqu'un qui a pas le bac, il a déjà une certaine forme d'intelligence par rapport à quelqu'un qui n'a pas fait d'études du tout parce que la terminale c'est une accumulation de connaissances, en tout cas pour moi. Alors celui qui est à l'université... C'est plus une capacité à raisonner, une différence de culture ». (Hélène, 19 ans, terminale L)

En fait même si le doute peut exister pour certains quant à la différence de niveau de culture générale, il est assez souvent écarté par d'autres « certitudes ». Cet état d'esprit est très bien symbolisé par les propos de Guy - Joël (18 ans, terminale S). Il nous fait remarquer (avec humour) que le baccalauréat est « en fait une excuse pour être sûr qu'on a la culture, qu'on puisse suivre les études après. Mais si ça se trouve on peut avoir le niveau sans le bac. Quoi que non, celui qui est à l'université est quand même plus cultivé que l'autre qui y est pas. Regarde toi et moi ».

La conviction qu'il existe une liaison entre le niveau d'étude et la culture générale est assez partagée chez les lycéens. Cela est d'autant plus marquant qu'ils emploient le même terme de « culture générale » pour spécifier une des différences entre le lycéen et le bachelier. Ils soulignent le rôle du baccalauréat comme moyen d'acquisition de cette culture dans l'enseignement supérieur. « Les études supérieures sont un mode d'accès à la culture. La différence entre les bacheliers et les non-bacheliers est une différence de culture, même si un non-bachelier peut être très cultivé » Jeanne (17 ans, terminale L).

Ainsi la réussite au baccalauréat peut être conçue (du moins pour beaucoup de lycéens) comme un moyen d'enter dans un monde de culture, le monde de ceux qui savent.

Même si les propos sont plus nuancés chez certains lycéens, le contenu du discours est le même. « Celui qui a le bac il peut aller à la fac alors que celui qui l'a pas ne peut pas. Mais il y a des copains à moi qui ont pris des B.E.P ou d'autres choses disons plus professionnels. Le bac ils l'ont pas mais ils ont une expérience professionnelle que moi j'ai pas. Donc ils auront peut être une plus grande chance de trouver du boulot plus vite que moi. Mais moi je serai..., comment dire ? Je serais plus intello, disons plus cultivée. Enfin tout est relatif » ( laure, 18 ans, terminale ES).

Ainsi, le baccalauréat apparaît, chez certains lycéens, comme un moyen d'enrichissement intellectuel. L'acquisition du diplôme est synonyme de démarcation avec le monde lycéen et d'intégration au monde étudiant, jugé plus cultivé. Jérôme (19 ans, terminale L) traduit bien cette marge entre le secondaire et le supérieur en ces termes : « La différence entre un lycéen et un étudiant c'est que l'étudiant sait les mêmes choses que le lycéen puisqu'il a été lui-même lycéen mais il en sait plus puisqu'il est dans un milieu où on apprend d'autres choses encore ».

Cette conviction qu'il existe une différence de niveau de culture générale entre l'étudiant et le lycéen est - comme nous l'avons souvent rappelé - assez partagée chez les lycéens. Cependant, faut -il voir dans cela une forme de complexe dû à leur position de lycéen par rapport à celle de l'étudiant dans la hiérarchie scolaire ?

Les étudiants que nous avons rencontrés parlent moins de « culture générale » que de « maturité » et /ou de « responsabilité ». Pour eux, la différence subsiste dans cette maturité due à un âge souvent plus avancé et à l'expérience acquise dans les études supérieures. L'enseignement supérieur met « l'étudiant devant ses responsabilités » selon Kelly (étudiante en BTS au lycée Fresnel ). Elle entend par-là le fait que les rapports avec le corps enseignant ne soient plus les mêmes. Une relation plus distante que souligne son camarade Guillaume lorsqu'il dit : « les professeurs savent que nous ne sommes plus des gamins, ils ne nous collent pas aux baskets. Ils savent que nous savons ce que nous devons faire et surtout ce que nous voulons ».

A l'université, les étudiants que nous avons rencontrés mettent encore plus en avant cette différence de maturité. Le monde universitaire ne semble rien à voir avec le lycée ; c'est un monde d'adulte où l'apprenant est laissé à son propre compte. En tout cas les interviewés en sont convaincus. Yannick, (étudiant en 1ère année de L.E.A ) considère que le baccalauréat est « bien sûr la rupture entre le lycée et l'université. Ce sont deux mondes totalement différents, nous dit -il, il faut être responsable pour réussir à la fac. Personne ne te pousse à travailler comme au lycée ; personne ne te dit ce qu'il faut faire, les profs c'est pas leur problème, alors si tu n'es pas mûr tu es mort ».

Des deux cotés de la barrière que constitue le baccalauréat, ceux qui vont passer l'examen et ceux qui l'ont déjà réussi, le constat est le même : l'étudiant est différent du lycéen soit parce qu'il a plus de culture générale ( selon les lycéens) soit parce qu'il est plus mûr (selon les étudiants).

* 1 Pouteau. Hélène, « La magie sociale du rite baptismal », in L'impératif rituel, cahiers du LASA, N°10, 1er Semestre 1989, p.91.

* 1 Archives du M.E.N.

* 2 ibid.

* 1 Jaulin. R, LA MORT SARA, l'ordre de la vie ou la pensée de la mort au Tchad, Plon, Paris, 1967.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984