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Le baccalauréat: Un rite de passage dans une société moderne occidentale comme la France ?

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par Abdou Khadre LO
Université de Caen Basse-Normandie - Maîtrise de Sociologie 2000
  

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2. La marge : du passage des épreuves à la publication des résultats

Le baccalauréat entraîne, de ce que nous en avons dit jusqu'ici, une rupture spatio temporelle dans la vie de l'élève. Celui -ci passe du statut de lycéen à celui d'étudiant, du lycée à un établissement supérieur.

S'il est rite de passage, le baccalauréat prend en charge cette discontinuité en venant marquer l'avant et l'après en créant un lien entre la séparation et l'agrégation : c'est la marge ou la séquence « liminaire ». Cette séquence place l'individu dans un moment d'incertitude et de flottement.

Entre le moment où il a terminé la série d'épreuves et la publication des résultats, le candidat est difficilement « classifiable ». Quel est son statut ? Est-il toujours lycéen ou bien est-il déjà étudiant ? Il n'appartient plus clairement à aucune structure scolaire. Comment le nommer alors, les mots ayant leur importance? L'élève n'est plus lycéen à part entière et pas encore tout à fait étudiant. Il n'est ni l'un ni l'autre et il comme il est à la fois l'un et l'autre. Il est placé dans une zone d'ambiguïté ou plus exactement d'ambivalence.

Mais cette ambivalence est le propre même de la séquence « liminaire » dans un rite de passage. Après avoir passé les épreuves, l'élève est dans ce moment crucial, d'attente des résultats qui vont déterminer la suite de sa vie : il changera de statut ou connaîtra le statu quo. Cette phase « liminaire » qui est un moment d'attente et d'anxiété ( pour la plupart des élèves ) marque la scansion du temps. Elle impose la prise de conscience qu'une période s'achève pour faire apparaître une autre. Cette marge place l'élève dans la situation inconfortable de l'entre-deux ; il est situé entre la séparation d'avec le passé ( donc une certaine mort ) et l'éventuelle introduction dans un monde autre (une renaissance ).

Ce qui est important de noter ici, c'est l'existence d'une marge qui semble intrinsèque au rite de passage du baccalauréat. Comme le rappelle Nicole Belmont1(*) les changements brusques, les discontinuités de la vie humaine ne fournissent pas naturellement de stade de marge, ce qui nécessite souvent d'en créer un pour donner une épaisseur temporelle au passage et élargir en même temps le seuil entre la séparation et l'agrégation. Cette marge, ainsi créée permet de séparer de manière appréciable ce qui était auparavant de ci qui va advenir.

Dans le cadre du passage du baccalauréat, c'est l'existence de la marge qui sous-tend le rite. Elle lui est nécessaire. L'examen, dans sa forme actuelle, c'est-à-dire tel qu'il nous apparaît comme un rite de passage est constitué d'une série d'épreuves dont la correction et la publication des résultats permettent de désigner ce qui sont « habilités » à recevoir le diplôme de bachelier. C'est seulement, et à partir seulement de ces résultats ( sauf les cas litigieux qui nécessitent la consultation du livret scolaire ) que l'élève peut passer du statut de lycéen à celui d'étudiant. Donc, comme le stipulait l'article 17 de la loi du 10 mai 1806, le grade de bachelier doit être conféré par les facultés à la suite d'examens et d'actes publics or la correction et la publication de ces résultats (et l'organisation du baccalauréat en générale) nécessitent toute une mobilisation de moyens humains2(*), techniques et financiers qui implique la « séquence » de la marge.

Le baccalauréat satisfait depuis le 24 octobre 1863 à une règle immuable : donner les mêmes sujets dans toutes les Académies ; des sujets destinés à être traités, le même jour et à la même heure, par la série de candidats appelés ce jour-la à prendre part à l'épreuve.

C'est dire que si le baccalauréat était mixé ou remplacé par les contrôles continus, comme d'aucuns le suggèrent, c'est-à-dire la disparition de l'examen et des actes publics qui le caractérise, la marge serait très certainement très faible, voire inexistante, dans la mesure où les élèves en faisant le calcul de leur moyenne annuelle, connaîtraient, ipso facto leur position : admis ou recalés. C'est peut-être la marge qui fait la magie et la ritualité du baccalauréat.

* 1 Belmont. N, La notion de rite de passage, in Les rites de passage aujourd'hui, op. cit., p.17.

* 2 Environ 119.000 correcteurs selon le Ministère de l'Education Nationale

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