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L'insécurité dans la ville de Grand-Bassam

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par Wobè Michel KOFFI
Université d'Abidjan Cocody - UFR Criminologie  - Maitrise 2008
  

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INTRODUCTION

Le phénomène de l'insécurité n'est pas le propre de nos sociétés actuelles. Peu importe le lieu ou l'époque que l'on considère, mais ce phénomène a de tout temps existé et l'homme s'est aussi préoccupé de rechercher ses causes et plus particulièrement de rechercher des moyens pour le combattre.

En effet, le phénomène de la criminalité de par son ampleur a permis de prendre un certain nombre de mesures : la répression, le maintien de l'ordre et la sécurité des biens et des personnes (publics et privés).

Malheureusement, les dispositions prises pour réduire ou même enrayer l'insécurité (dans les grandes agglomérations et les villes satellites) ne pourront jamais être efficaces, d'une part à cause de l'accroissement sans cesse de la population et de la dégradation de l'environnement socio-économique et politique, et d'autre part à cause d'une politique de suivi des mesures négligée.

Aujourd'hui la crise militaro-politique que connaît la Côte d'Ivoire depuis le 24 décembre 1999 a d'ailleurs accentué le phénomène de la criminalité, du fait de la circulation massive d'armes de toutes sortes qui, si l'on n'y prend garde, risque de se généraliser. Du reste, la lecture rétrospective des statistiques criminelles de la police donne un aperçu de ce phénomène.

A titre d'exemple, nous avons de 1996 à 1998 ; 416 837 affaires criminelles traitées, 171 488 personnes interpellées, 1315 armes saisies et 30 159 munitions saisies.

Plus attristantes sont les statistiques du mois d'avril 1999 où l'état-major de la sécurité a enregistré 11 368 infractions, 309 vols à domicile (20 à Abidjan et 289 à l'intérieur du pays). Alors qu'en mars 1999, il n'y a eu que 192 vols à domicile, soit une augmentation de 34.86%1.

La ville de Grand-Bassam, champ de notre étude n'échappe pas au phénomène de la criminalité. Il ne se passe pas de journée sans que la police et

1 -Statistiques criminelles de la Préfecture de police d'Abidjan, extrait du quotidien Ivoir'soir n°3480 du Jeudi 17 Mai 2001, p.6.

la gendarmerie ne soient saisies d'un fait lié à l'insécurité. En 2003, le seul commissariat de Grand-Bassam a enregistré 1163 infractions ; soit 97 infractions en moyenne par mois. Nous ne saurions passer sous silence la hausse constatée en 2004 avec 1250 infractions ; un taux de croissance de 7,48%1. Ces chiffres veulent dire qu'à Grand-Bassam, l'insécurité a atteint une telle dimension qu'il nous est paru intéressant de nous attarder dessus. Notre intention ou notre objectif n'est pas de faire une quelconque énumération de ses manifestations et ses causes, mais bien plus une étude approfondie de ce phénomène pouvant nous permettre après obtention de résultats probants, de lutter de la manière la plus efficace et concrète contre la criminalité.

Et comme le souligne NEPOTE J. (1966)2 : «il ne faut jamais oublier, en effet que la criminalité, considérée à la fois dans son importance et dans ses manifestations, est le produit d'une certaine forme de la vie sociale ».

Devons-nous laisser une telle forme de vie envahir nos cités et nos villes sans réaction sociale conséquente ?

La ville de Grand-Bassam, cadre de notre étude vit-elle l'insécurité au même rythme que les autres villes ivoiriennes avec les mêmes manifestations, les mêmes causes et les mêmes conséquences ?

Pour mieux cerner l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam et avoir une bonne compréhension du sujet, nous avons articulé notre travail autour de trois axes.

Dans une première partie, nous parlerons de la manifestation de l'insécurité après une présentation de la ville de Grand-Bassam.

Ensuite, dans une deuxième partie, il s'agira pour nous de montrer les causes et les conséquences de l'insécurité à Grand-Bassam.

Enfin, la troisième partie nous permettra de proposer quelques mesures et solutions pour lutter contre l'insécurité à Grand-Bassam.

1 -Service de statistiques criminelles de la Préfecture de police d'Abidjan, Années 2003 et 2004.

2 - NEPOTE J. (Janvier 1966), Revue Internationale de la Police Criminelle, 21è Année, n°194, Paris, Organisation Internationale de Police Criminelle, p.2.

PROBLEMATIQUE

1- Justification du choix du sujet

Nous nous sommes intéressé à ce sujet parce qu'il semble à notre connaissance que tous les travaux déjà effectués se sont généralement limités aux communes de la ville d'Abidjan en criminologie. Ces études effectuées ont certes donné des résultats qui, pour nous, nécessitent d'être complétés et mis à jour du fait des transformations quotidiennes que connaissent nos sociétés, mais aussi à cause de l'évolution du phénomène de la criminalité et des formes sous lesquelles il se présente aujourd'hui.

En effet, selon les statistiques assemblées par l'ONU, la criminalité n'a cessé d'augmenter dans le monde depuis les années 1970 et elle est devenue très importante dans les années 20001.

En Côte d'Ivoire, malgré les efforts fournis pour la réduction de la criminalité (créations d'unités spéciales (Police Judiciaire : PJ), publicité des prouesses de la police dans les médias...) afin de tendre vers une amélioration de la sécurité des biens et personnes, l'équilibre social demeure plus que jamais perturbé. Car nous assistons à une montée des actes délictueux avec une violence sans pareille.

Nous avons aussi choisi ce sujet afin de diversifier les sources d'information sur le phénomène de la criminalité dans notre pays pour mieux envisager un programme général de lutte appropriée à ce fléau.

Il s'agit pour nous de rechercher les facteurs criminogènes et de montrer le caractère scientifique dans la maîtrise de la gestion de la sécurité. Il s'agit également de faire ressortir nos capacités dans la procédure et la méthodologie de gestion sécuritaire, c'est-à-dire les différentes étapes pouvant contribuer à la mise en pratique de la sécurité des biens et des personnes.

1 -DJEDJE A.(2001-2002), L'insécurité dans la commune du Plateau, Mémoire de Maîtrise, UFR Criminologie, Université de Cocody, p. 8.

En nous fondant sur le cas de la ville de Grand-Bassam, nous voudrions aider à notre manière les municipalités à résoudre le problème de l'insécurité dans les milieux urbains et semi-urbains dont elles ont la responsabilité.

Le choix particulier de la ville de Grand-Bassam réside dans le fait que nous vivons depuis plus d'une dizaine d'années dans cette ville et ayant pris le niveau de l'insécurité, il nous a paru intéressant de lever le voile sur ce phénomène. C'est pourquoi les autorités administratives et politiques sont restées unanimes pour dire qu'une étude d'un criminologue sur les questions de l'insécurité à Bassam est d'un grand apport.

2- Définition des concepts

La justification du choix de notre sujet faite, nous passons à la définition des concepts le composant afin de « le rendre plus opérationnel et clair »1.

2-1- Les concepts explicites L'insécurité

Selon le dictionnaire, Le Petit Larousse Illustré2, l'insécurité se définit comme le manque, l'absence de tranquillité ou de sécurité. Ainsi, le concept de sécurité se trouvant opposer à celui d'insécurité, se définit comme la confiance, la tranquillité d'esprit de celui qui se croit à l'abri, mais aussi la situation sûre à l'absence réelle de tout danger.

Le Dictionnaire Encyclopédique3, lui reste précis et donne un sens scientifique de la sécurité. La sécurité selon ce dictionnaire, est l'ensemble des mesures matérielles, politiques, économiques et sociales destinées à assurer la protection des biens et des personnes (assurer la sécurité publique).

Retenons après analyse que d'insécurité provient de l'absence de sécurité.

1- N'DA P. (2000), Méthodologie de la recherche scientifique ; De la problématique à la discussion des résultats : Comment réaliser un mémoire, une thèse, en sciences sociales et en éducation, EDUCI, Abidjan, p.41.

2- Le Petit Larousse Illustré (Juillet 2004), Paris, Edition Larousse.

3- Dictionnaire Encyclopédique (2002), (Mise à jour 30 juin 2002), Paris, Edition Philippe AUZOU.

La ville est définie dans le Dictionnaire Encyclopédique comme une agglomération d'une certaine importance, dont les habitants exercent en majorité dans les domaines secondaires (industries et administration) et tertiaires (commerce).

En Afrique, la particularité des villes se résume en la cohabitation de deux modes vies (moderne et traditionnel), d'autant plus que la plupart des villes naissent des cendres des villages (lieu par excellence des valeurs traditionnelles).

Grand-Bassam, notre cadre d'étude s'inscrit dans les caractéristiques décrites dans la définition faite par le Dictionnaire Encyclopédique.

2-2- Les concepts implicites

« Le crime, pour le psychiatre canadien ELLENBERGER, est un acte anti-éthique et antisocial grave généralement interdit par la loi et résultant de processus complexes d'ordres sociologiques, psychologiques et souvent biologiques »1.

Dans le Lexique des termes juridiques2, le crime est défini comme une infraction grave jugée par les cours d'assises et passible d'une peine afflictive et infamante.

Pour la conduite de notre étude, nous nous servirons de l'approche d'ELLENBERGER qui est plus criminologique. Mais nous tiendrons essentiellement comptes des aspects juridique, sociologique et psychologique dans nos analyses car n'ayant pas eu de cas lié au complexes d'ordre biologiques.

Le criminel est une personne qui est coupable d'une infraction grave à la morale ou d'une infraction que les lois punissent d'une peine afflictive ou infamante selon le Dictionnaire Universel3.

1- ELLENBERGER, cité par N'DRIN Allou D., Cours de criminologie générale DEUG I, 2000-2001.

2- Lexique des termes juridiques (2000), Paris, 12ème Edition Campus, DALLOZ.

3- Dictionnaire Universel (1998), Paris, Edition Hachette.

Selon le Dictionnaire Universel, l'acte criminel est un acte qui est condamnable, répréhensible du point de vue de la morale. Par ailleurs, le Dictionnaire Encyclopédique dit que la criminalité est l'ensemble des actes criminels commis dans un groupe social pendant une période donnée. La criminalité est le caractère de ce qui est criminel, d'une personne ou accusée d'une culpabilité.

Le Dictionnaire Encyclopédique permet de distinguer le délit en Droit Civil et en Droit Pénal.

En Droit Civil, le délit est une infraction à la loi entraînant un préjudice pour autrui ; alors qu'en Droit Pénal, le délit est une infraction punie d'une peine correctionnelle par opposition au crime et la contravention.

L'infraction est, quant à elle, définie comme une action ou omission déterminée par la loi pénale et punie de certaines peines également fixées strictement par elle. Le Lexique des termes juridiques qui nous octroie cette définition en donne une vingtaine de types telle l'infraction complexe, l'infraction continue, l'infraction d'habitude...

Selon le Dictionnaire Encyclopédique, le délinquant est une personne qui a commis un délit, qui commet régulièrement des délits. Le Petit Robert1 lui définit en conséquence, la délinquance comme une conduite caractérisée par des délits répétés, considérés surtout sous son aspect social. Elle est également l'acte du délinquant.

En définitive, le Dictionnaire Universel définit la violence comme la force brutale exercée contre quelqu'un ou encore une contrainte illégitime, physique ou morale. D'une façon générale, la violence est l'illustration de la force brutale ou intimidation pour agir sur quelqu'un ou le faire agir contre son gré, sa volonté. La violence est tout acte responsable qui porte atteinte à l'homme.

1- Le Petit Robert de la Langue Française (mis à jour et augmenté) (2002), Paris, Dictionnaires Le Robert-VUEF.

Aussi, GRAVIER B. (2006)1 définit-il l'acte de violence comme l'impossibilité pour un individu de mettre en mots, en images, en représentations des émotions qui pourraient dire la colère, le vide, le traumatisme etc.

Mais que dire du sentiment de l'insécurité ?

Le sentiment d'insécurité peut être individuel ou collectif. Il combine le danger réel ou imaginaire et la perception de sa gravité. CHENAIS J-C. (1981)2 définit le sentiment d'insécurité comme le risque, au même titre que les risques naturels ou technologiques, les conflits armés etc....d'être victime d'un danger. Il peut donc susciter chez tout individu la peur, la méfiance et même la haine.

2-3- Objectifs

Nous nous sommes assigné un objectif général et deux objectifs spécifiques :

- Objectif général

Connaître l'évolution de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam et son impact sur la population.

- Objectifs spécifiques

a- Identifier les manifestations de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.

b- Identifier les facteurs explicatifs de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam.

1- GRAVIER B. (26 Janvier 2006), Comportements violents, DIU Psychiatrie criminelle et médico-légale, Poitiers, p.5.

2- CHESNAIS J. C. (1981), Histoire de la violence en Occident de 1800 à nos jours, Edition Laffont, Paris, p.34.

3- Revue littéraire

Le phénomène de la criminalité a fait l'objet de plusieurs études. Mais celles-ci se distinguent de par leurs contenus.

La majeure partie des oeuvres étudiant le phénomène de l'insécurité évoquent et expliquent les facteurs liés à ce phénomène, mais elles restent sensibles non seulement au problème de l'évolution de l'insécurité et aussi des politiques applicables en matière de lutte contre ce fléau.

S'agissant des facteurs explicatifs de la criminalité, sociologues et psychologues s'accordent pour dire qu'elle est le fait d'individus souffrant d'un processus défectueux de la socialisation selon la vision du psychologue KOUDOU KESSIE R. (1996)1.

Quant au Professeur SISSOKO A.2, il souligne pour sa part que la criminalité est le fruit de la désobéissance des individus aux lois naturelles et sociales sur une période donnée.

Pour RENNER M. (1999)3, les facteurs explicatifs de l'insécurité résident dans l'évolution de la société, de l'économie et de l'environnement de plus en plus marqué non seulement par la fragmentation à la montée du « tribalisme », mais aussi par la mondialisation. A ce propos, PINATEL J. (1966)4 dira : « La criminalité de nos fours n'est plus un phénomène résiduel, mais un phénomène caractéristique de notre société en mutation... ».

D'autres auteurs se sont quant à eux intéressés aux politiques et aux moyens applicables afin de venir à bout du phénomène de la criminalité. C'est dans cette optique que GASSIN R. (1994)5 propose la prévention comme une piste. Pour lui, prévenir la criminalité consiste à faire une typologie de la

1- KOUDOU KESSIE R. (1996), Education et développement moral de l'enfant et l'adolescent, Paris, Harmattan, col.espace culturel, pp.58-59.

2- SISSOKO A., Cours de sociologie criminelle, DEUG II (2001-2002).

3- RENNER M. (1999), Combat pour la survie : la dégradation de l'environnement, affrontement social, le nouvel âge de l'insécurité, Paris, Nouveaux Horizons, p.9.

4- PINATEL J. (1972), La société criminogène, Paris, CALMANN-LEVY, p.21.

5- GASSIN R. (1994), Criminologie (3è édition.), Paris, éd. DALLOZ (1è édition 1988), pp. 635-648.

prévention en fonction de la nature de la criminalité observée dans un milieu donné.

L'étude réalisée par GROGUHE Y. (2001-2002)1, sur « Les dispositifs sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la commune de Cocody.», présente certes toutes les stratégies et les moyens utilisés par les habitants de cette commune pour prévenir le vol. Mais elle ne nous définit pas avec exactitude les conditions de leur application ou utilisation pour une prévention efficace du vol.

Pour ANCEL M. (1954)2, prévenir l'insécurité consiste non seulement à lutter contre la personnalité anti-sociale de l'individu, mais aussi la protection de la société dans laquelle il vit.

Les travaux de l'étudiant NDIHOKUBWAYO E. (2001-2002)3 (mémoire de maîtrise) exposent comme moyens de lutte contre la criminalité, l'occupation de la jeunesse désoeuvrée par l'apprentissage de métiers pour leur insertion sociale dans le secteur professionnel, mais aussi et surtout une franche collaboration entre les forces de défense et de sécurité et la population.

Enfin, d'autres écrits ont mis en relief l'existence de la criminalité dans les milieux urbains.

ROBERTSHAW R. (1996)4 souligne que si la criminalité existe dans les milieux urbains, c'est dû au simple fait que les Etats sont fragilisés par les politiques de transformation qui du coup créent des problèmes d'inadaptation et d'intégration sociale comme ce fut le cas en Afrique du Sud (passage du régime Apartheid au régime démocratique).

1- GROGUHE Y. A. (2001-2002), Les dispositifs sécuritaires en matière de lutte contre le cambriolage de domiciles et magasins de vente à Abidjan : le cas de la Commune de Cocody., Mémoire de maîtrise, UFR de Criminologie, Université de Cocody Abidjan.

2- ANCEL M. (1954), La défense sociale nouvelle, un mouvement de politique criminelle humaniste, 2ème édition revue, Paris, CUJAS.

3- NDIHOKUBWAYO E. (2001-2002), L'insécurité dans les villages d'Abidjan : le cas du village d'Anono, mémoire de maîtrise, UFR Criminologie, pp.44-47.

4- ROBERTSHAW R. (1996), Safter Cities? Crime Political Transition and Changing Forms of Control in South Africa, Institue for Defense Policy, Johannesburg, Monograph Series, p.9.

L'enquête réalisée par la Banque Mondiale1 dans 63 pays et auprès de 30600 entreprises privées à travers le monde montre l'existence et la constance de la criminalité d'autant plus que près de 80% des chefs d'entreprises interrogés affirment avoir été victimes d'un acte criminel. Et cela pour la raison que certains pays, notamment de l'Afrique, de l'Amérique Latine, de la Communauté des Etats Indépendants (C.E.I.) et des Pays d'Europe et Orientale (P.E.C.O.) paraissent souffrir d'un vide institutionnel total propice à la criminalité et à la violence et, d'une manière générale, à l'insécurité des biens et des personnes.

De ce qui précède, nous dirons que la sécurité reste une préoccupation majeure et une condition nécessaires au maintien de l'Etat de droit. Dans le cadre du développement de « L'Etat social actif », dont les pierres angulaires sont la croissance économique et la protection sociale, la gestion de la sécurité par les autorités s'impose. La réalisation de tels objectifs concerne aussi bien les pays développés que les pays en voie de développement.

« L'insécurité dans la ville de Grand-Bassam », problématique de notre mémoire, soulève l'épineuse question de la violence urbaine dont la tendance à l'augmentation est plus marquée dans les villes satellites de Côte d'Ivoire (Grand-Bassam, Divo, Agboville, Dabou, Grand-Lahou...) que dans les grandes villes (Abidjan, Yamoussoukro, San-Pédro, Bouaké, Daloa...).

Le cas de Grand-Bassam dont la particularité a attiré notre attention se résume en la variation des infractions criminelles qu'on y rencontre, mais bien plus par la violence avec laquelle elles sont perpétrées.

Pour comprendre cette montée significative de la violence urbaine et mieux conduire notre étude, nous nous sommes posé quelques questions :

1-Quelle est la particularité de la ville de Grand-Bassam pour que l'insécurité y règne régulièrement ?

1- Banque Mondiale (1997), L'Etat dans un monde en mutation, Rapport sur le développement dans le monde, New York, pp. 38-42.

2-Quelles sont les manifestations de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam ? 3-Quelles sont les causes et les conséquences de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam ?

4-Que peut-on faire face à cette insécurité grandissante ?

Ces différentes questions nous on conduit à formuler les hypothèses suivantes :

Hypothèse 1

L'insécurité à Grand-Bassam est liée à sa proximité avec la ville d'Abidjan très criminogène.

Hypothèse 2

L'existence des bidonvilles avec des maisons inachevées favorise l'insécurité à Grand-Bassam.

Hypothèse 3

La pauvreté est un facteur de la criminalité.

Hypothèse 4

L'insécurité a provoqué la peur et la méfiance au sein des populations à Grand-Bassam.

METHODOLOGIE

1- Cadre d'étude

Nous trouvant dans l'impossibilité d'étudier l'insécurité dans toutes les villes satellites de la Côte d'Ivoire, nous avons centré notre recherche sur la ville de Grand-Bassam à cause de sa situation géographique et du pôle d'attraction qu'elle constitue au plan touristique.

2- Population d'enquête

La population d'enquête est composée de toutes les catégories sociales qui habitent et travaillent dans la ville de Grand-Bassam.

Pour avoir plus d'informations, nous nous sommes orienté vers les chefs de communautés religieuses, traditionnelles, le commissariat et la gendarmerie de Grand-Bassam, la préfecture de police d'Abidjan et le maire de Grand-Bassam.

3- Echantillonnage et échantillon 3-1- Echantillonnage

Conscient du fait qu'il est techniquement difficile d'interroger ou de toucher toute la population de la ville de Grand-Bassam, nous avons tiré au hasard quelques éléments dans toutes les catégories sociales de la population de cette ville. Ce qui nous a permis de composer notre échantillon.

3-2- Echantillon

Notre échantillon est constitué de :

- 30 agents des FDS (3 officiers et 27 sous-officiers de police et de gendarmerie)

- 65 opérateurs économiques (Industrie hôtelière, commerçants, propriétaires de PME et PMI...)

- 100 professionnels (Groupes de métiers)

- 350 personnes résidant et travaillant dans la ville de Grand-Bassam (Jeunes, adultes et vieillards)

- 15 chefs de communautés traditionnelles (Roi des Abouré, Roi des N'Zima et les chefs des communautés allogènes)

- 15 chefs de Communautés religieuses (Pasteur, Prêtre et Imam) - 10 agents de société privée de gardiennage

- 15 conseillers municipaux de commune de Grand-Bassam.

Nous justifions les cas de ces catégories de population par notre souci d'objectivité dont la diversification des sources de données et d'informations est l'émanation.

4- Méthodes d'enquête

Une recherche sans démarche méthodologique est vouée à l'échec. C'est donc pour éviter tout échec que nous avons eu recours à divers procédés de travail pour mener notre recherche. Ainsi, comme méthodes d'enquête, nous avons utilisé le questionnaire constitué de questions ouvertes et de questions fermées, le tout dans une même série. Il faut souligner que le questionnaire était destiné aux personnes sachant lire et écrire en français. Nous avons-nous même rempli le questionnaire pour les personnes ne sachant correctement lire ou bien écrire.

Ensuite, l'entretien direct et simple en vue de pallier les insuffisances d'une part du questionnaire, mais ressortir les sentiments véritables et les aspirations des populations d'autres parts.

Nous avons aussi eu recours à l'interview pour nous entretenir avec les autorités administratives et politiques de la ville de Grand-Bassam et cela en milieu fermé tout comme nous l'avons fait avec les opérateurs économiques.

Enfin, la recherche documentaire a été la plus laborieuse du fait de la quantité et surtout de la qualité des documents à notre disposition. Elle nous aura fourni les orientations dans les débuts de nos recherches mais aussi nous aura situé dans nos travaux.

5- Méthodes d'analyses et approches disciplinaires 5-1- Méthodes d'analyses

La recherche de l'exactitude dans notre travail nous a conduit à l'utilisation de la méthode qualitative pour mieux cerner le sujet. Celle-ci nous a permis de mesurer l'ampleur du phénomène criminel et d'éclairer le comportement des populations. Mais la méthode quantitative a elle permis la connaissance quantitative de la criminalité.

Toujours est-il que ces deux méthodes sont complémentaires.

5-2- Approches disciplinaires

Nous avons choisi d'appréhender notre sujet sous l'approche criminologique tout en nous appuyant sur les volets sociologique, psychologique et juridique.

L'aspect sociologique, nous donnera de maîtriser l'impact de l'insécurité sur la ville de Grand-Bassam.

L'approche psychologique, nous permettra d'avoir des renseignements sur les motivations conscientes et/ou inconscientes qui poussent les individus à commettre des actes délictueux.

Quant à l'approche juridique, elle nous aidera à découvrir et à connaître l'arsenal juridique existant en vue d'une répression juste et prompte de la criminalité sous toutes ses formes.

6- Difficultés rencontrées

La réalisation de notre étude dans la ville de Grand-Bassam, nous a confronté à des difficultés de tout ordre :

- Au niveau du questionnaire, il nous ait des fois arriver après plusieurs rendez-vous non respectés par les enquêtés de le reprendre sans réponse aucune. Certaines personnes nous ont même pris pour des indics des bandits qui seraient en préparation de leur future attaque et cela malgré tous les documents que nous leur présentions pour les rassurer de nos bonnes intentions. Par endroit, l'on nous prenait comme agent des FDS.

- La deuxième difficulté est relative à l'obtention des documents administratifs devant nous autoriser à faire l'étude sur le terrain. Ce fut une rude bataille à mairie de Grand-Bassam après des mois de défilé dans les locaux de cette institution. Aussi avons-nous à maintes reprises demandé un temps de travail avec le commissariat de police de Bassam qui non seulement nous donnait les statistiques criminelles de façon globale, ne nous indiquait pas les personnes ressources devant nous informer.

Nous avons rencontré des difficultés financières d'autant plus que le budget prévu a été supplanté. Ce qui nous a conduit à nous dispenser à certaines démarches qui nous auraient permis d'avoir de plus amples informations.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo