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Le role de l'AGEFOP dans le développement de la formation professionnelle en cote d'ivoire: enjeux et perspectives

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par Djézoho BOLI
Centre Africain d'Etudes Spérieures en Gestion / Dakar - DESS/Ingénierie er Gestion de la Formation 2008
  

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CHAPITRE II : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

Dans ce chapitre, nous présentons les fondements théorique et méthodologique qui ont guidé notre démarche pendant l'étude.

II.1. CADRE THEORIQUE

Ce cadre théorique ou conceptuel nous donne les éléments idéels qui ont aidé à rendre intelligible et donc à problématiser ce qui fait l'objet de notre étude. Pour arriver à ces éléments, nous avons fait référence aux publications d'auteurs qui, par leurs recherches, ont fourni les concepts explicatifs des rapports sociaux dans tout environnement donné.

II.1.1 Revue de littérature

L'idée force qui transparaît à travers notre thématique est celle du rôle que l'AGEFOP joue. Qui parle de rôle, parle aussi d'acteur qui en est porteur et d'un espace où ce rôle est joué. L'AGEFOP est donc mise dans un rôle d'acteur social et le dispositif étatique ainsi que le secteur d'activité auquel il appartient constituent les espaces où est déroulée son action. Son rôle ne peut par conséquent échapper à l'influence des atouts dont elle dispose et qui fondent son pouvoir d'une part, et de celle des rapports qu'il entretient avec les autres acteurs du secteur de la formation professionnelle d'autre part.

Cette étude nous situe ainsi dans la thématique de la théorie des organisations, dont les principaux concepts sont le pouvoir, les conflits, les rapports sociaux, l'analyse des configurations et la communication dans les groupes, pour ne citer que ceux-là. Cette thématique a inspiré de nombreux auteurs sociologues tout comme des experts de la formation professionnelle. Nous pourrons citer entre autres :


· TAYLOR W. F. (1856-1915) & FAYOL H (1841-1925): Ces deux ingénieurs, le premier américain et le deuxième français, sont considérés comme les précurseurs de la théorie des organisations pour leurs études portant respectivement sur l'organisation scientifique du travail (l'OST) et l'organisation administrative du travail (l'OAT) dans la période du développement industriel. Leurs travaux ont permis d'éclairer les acteurs du monde du travail sur le rôle imparti à chaque acteur dans l'espace et le temps mais aussi sur les relations fonctionnelles qui existent entre les différents acteurs du même espace.

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· WEBER Max (1864-1920) : Economie et Société, Paris, Plon, 1977. Sa réflexion sur les formes d'administration, appelée la bureaucratie, trace véritablement les sillons de plusieurs travaux d'analyse sur les fonctionnements et dysfonctionnements des organisations. Ainsi de M. Weber à Michel Crozier, en passant par d'autres chercheurs tels Robert K. Merton, Philip Selznick et Peter Blau, la notion de bureaucratie a connu une évolution sémantique et a fini par être substituée par celle d'organisation. Les travaux de recherche de ces différents chercheurs, notamment, M. Crozier ont fourni des concepts tels, le système, le pouvoir, le désir, la stratégie qui sont des ressources utiles dans l'analyse stratégique des organisations.

· MERTON K. Robert, Bureaucratic Structure and Personality, Social Forces, XVIII, 1940, pp.560-568. Issu du courant structuro-fonctionnaliste de la sociologie américaine, R. Merton s'est intéressé particulièrement aux dysfonctionnements causés par la rigidité des règles bureaucratiques (règles caractérisant l'idéal-type d'autorité wébérien) dans le fonctionnement des administrations.

· CROZIER M. et FRIEDBERG E., l'Acteur et le Système, 1977 : C'est par Michel Crozier que la réflexion sur la sociologie des organisations connaît un essor en France. Dans le Centre de Sociologie des Organisations (CSO) qu'il crée au début des années 1960, ses recherches faites avec son équipe et en collaboration avec E. Friedberg lui permettent d'aboutir pour la première fois à la formalisation théorique de l'analyse stratégique des organisations. Dans le livre l'Acteur et le Système, M. Crozier et E. Friedberg s'interrogent sur la marge de liberté dont disposent les acteurs sociaux dans leurs rapports pour une action collective, les contingences et contraintes auxquelles leur coopération est soumise et enfin la stratégie adoptée pour renforcer leur position ou leur pouvoir.

· Eugène ENRIQUEZ, Les jeux du pouvoir et du désir dans l'entreprise, Paris, Declée de Brouwer, 1997. Dans cet ouvrage constitué de trois parties, E. Enriquez dans la première partie, met en relief l'influence des organisations sur la vie des individus qui la composent, le degré d'identification de ces personnes à leur organisation selon le pouvoir que leur octroie la structure de l'organisation et qui les met en action. Dans la deuxième partie, il ressort le rôle joué par la formation et la psychosociologie dans la

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transformation des organisations. Pour lui, « la psychosociologie est une discipline qui favorise l'exploration du plus intime de l'être, en l'étudiant concrètement dans ses actions individuelles et collectives. Elle ne met pas de côté le champ politique dans lequel s'inscrivent les décisions et les actes ». Enfin dans la troisième et dernière partie, il met en lumière le changement et la volonté d'émergence du sujet humain. Le rôle de ce dernier dans la création et l'animation du lien organisationnel et social constituent la question principale développée.


· BERIOT Dominique, Manager par l'approche systémique, 2006, dans cet ouvrage, l'auteur par ailleurs grand spécialiste français des entreprises pour avoir occupé pendant plusieurs années de hauts postes de direction, comme DRH par exemple, dans différentes sociétés, puis comme expert consultant dans des entreprises publiques et privées, se sert des outils conceptuels entrant dans le cadre de l'analyse stratégique des organisations pour proposer des pistes de résolution de problèmes. Il se sert notamment de l'approche systémique qui s'appuie sur la configuration des rapports entre les éléments d'un système pour identifier la source du dysfonctionnement au sein du système et le levier catalyseur du changement.

Les travaux de ces différents auteurs sociologues et spécialistes des organisations ont servi de repères pour la canalisation de notre étude. Nous nous sommes surtout appuyé sur l'approche systémique telle qu'inspirée par le dernier auteur cité, à savoir, Dominique Bériot pour l'analyse du rôle de l'AGEFOP. Mais en fait, qu'est-ce que la systémique ?

II.1.2. La systémique

Il est important et utile pour une bonne compréhension de l'évolution de notre réflexion de s'accorder sur les concepts et terminologies utilisés, aussi, nous paraît-il important de présenter brièvement la systémique à travers sa définition, son origine et son évolution dans le temps.

II.1.2.1. Définition du concept

La systémique peut être définie comme une démarche scientifique dont le but est d'étudier des phénomènes dans leur contexte environnemental. Pour certaines sources, elle s'oppose à la démarche analytique qui isole l'élément étudié de son ensemble pour le comprendre tandis que la systémique s'intéresse plutôt à la complexité de l'ensemble. Pour d'autres elle

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« complète la méthode analytique classique et met l'accent sur l'ensemble et les propriétés.1 ». Quel que soit l'angle sous lequel ce concept est pris, les adeptes de la systémique défendent deux hypothèses.

La première est que « un ensemble possède des propriétés qui se révèlent beaucoup mieux par l'étude des ensembles que par celle des parties qui le composent.2 » La deuxième est que « la connaissance de l'objet doit passer par l'étude des relations et des interactions qu'a cet objet ou cet ensemble avec son environnement.3 ».

Ce sont ces hypothèses qui fondent notre choix de l'approche systémique pour comprendre le rôle de l'AGEFOP dans le développement de la formation professionnelle en Côte d'Ivoire. L'agence ne gérant qu'un aspect de la politique globale de la formation professionnelle initiée par l'Etat, notre réflexion sur ce sujet paraîtrait partielle si les dimensions de financement et d'insertion des populations cibles n'étaient pas intégrées. Et Watzlawick et Al nous confortent dans notre choix quand ils reconnaissent « qu'un phénomène demeure incompréhensible tant que le champ d'observation n'est pas suffisamment large pour qu'y soit inclus le contexte dans lequel ledit phénomène se produit.4 ». Pour une meilleure compréhension du concept, il est bon de le reprendre depuis son origine jusqu'à sa conception actuelle en passant par son évolution.

II.1.2.2. Origine du concept

La systémique ou encore le concept de la systémique tire son origine du mot « système ». Selon le dictionnaire français Le Grand Larousse, le mot système, en latin « systema » ou en grec « sustêma », désigne un « ensemble organisé de principes coordonnés de façon à former un tout scientifique ou un corps de doctrine.5 » Cette définition est enrichie par l'apport d'auteurs tels De Rosnay et Mélèze.

Pour De Rosnay, « un système est un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organisés en fonction d'un but.6 » p.93. Quant à Mélèze, il définit le système en ces termes : « Des finalités et des buts étant exprimés sur un environnement, un système finalisé est un ensemble organisé de moyens, méthodes, règles et procédures qui permet d'obtenir des réponses satisfaisantes de l'environnement.7 ».

1 EDUCATECHNOLOGIQUES : Jacques Lapointe, L'approche systémique et la technologie de l'éducation

2 EDUCATECHNOLOGIQUES : Jacques Lapointe, L'approche systémique et la technologie de l'éducation

3 EDUCATECHNOLOGIQUES : Jacques Lapointe, L'approche systémique et la technologie de l'éducation

4 Watzlawick et Al

5 Le Grand Larousse, Vol.4, p. 2942, 1989.

6 Rosnay J. De, Le macroscope : Vers une vision globale, Paris, Seuil, 1975

7 Mélèze : L'analyse modulaire des systèmes de gestion, Puteaux, France : Editions hommes et techniques

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Le système fait donc appel à des terminologies telles « ensemble, relation, interaction, dynamique, organisation, but », pour ne citer que ceux-là, qui ont servi d'outils à de nombreux chercheurs dans le domaine des sciences sociales.

II.1.2.3. Evolution du concept

Il s'est construit peu à peu dans une acception moderne aux Etats-Unis dans les années 1940 avec l'apport des sciences comme les mathématiques, la physique, l'ingénierie, la gestion et la biologie à travers les travaux de certains chercheurs parmi lesquels l'on peut citer N. Wiener, C. E. Shannon, V. Bertalanffy qui fut l'un des pionniers.

En 1937, V. Bertalanffy avance le concept « de système ouvert1 » qui évolue vers la théorie générale des systèmes. L'objectif de cette théorie était de fournir des principes explicatifs de l'ensemble considéré comme système à l'aide desquels on pourrait modéliser la réalité.

C'est le français Michel Crozier, qui de retour en France après un long séjour aux EtatsUnis, favorise le développement de ce concept quand il crée le Centre de Sociologie des Organisations (CSO) dans les années 1960. Avec son équipe de chercheurs et en collaboration avec E. Friedberg, il publie son oeuvre L'acteur et le Système, 1977 op.cit., oeuvre dans laquelle il formalise pour la première fois la théorie de l'analyse stratégique. Les outils de cette analyse sont les concepts de pouvoir, stratégie, système d'actions concret (SAC). Avec ce dernier concept, M Crozier identifie la structuration réelle des rapports entre les éléments du système pour expliquer la quête de pouvoir et la stratégie de positionnement de chaque élément par rapport aux autres éléments du système. En effet, selon l'analyse croziérienne, cette stratégie de positionnement des éléments du système pour le renforcement du pouvoir de chacun à l'intérieur du même système fait insidieusement passer les acteurs sociaux de la poursuite des objectifs de l'action collective vers celle d'objectifs personnels, « lesquels ne sont pas nécessairement compatibles avec ceux de l'organisation.2 ». Il n'est donc pas surprenant de constater la survenance de conflits et de rupture dans les rapports entre les éléments du système.

C'est pour proposer des pistes de résolution des conflits liés à la déviation des objectifs de l'action collective que Dominique Bériot, s'inspirant de cette analyse croziérienne propose dans son livre Manager par l'approche systémique, (op. cit.) l'un des outils de l'analyse stratégique qu'est la modélisation.

1 V. Bertalanffy, La Théorie Générale des Systèmes (General system theory).

2 Claudette Lafaye, La sociologie des organisations, Armand Colin, 2007.

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II.1.3. Problématique et hypothèses

A la lumière de ce concept de la systémique, en quels termes se posent le ou les problèmes liés au rôle de l'AGEFOP ? Quelles réponses peuvent être avancées dans la compréhension de ces problèmes ? La problématique nous permet d'identifier le ou les problèmes à résoudre et par les hypothèses nous esquissons des réponses plausibles à ces problèmes.

II.1.3.1. Problématique

C'est au séminaire de Grand-Bassam marquant assurément un tournant décisif dans le recadrage de ses missions que l'AGEFOP exprime mieux sa volonté de répondre à sa vocation de Cabinet d'ingénierie de l'Etat ivoirien. Un regard sur les nouvelles orientations arrêtées à cette rencontre et sur la stratégie de leur mise en oeuvre révèle sur le plan technique, la prise en compte des trois (03) niveaux d'intervention selon la démarche d'ingénierie de la formation à savoir les niveaux micro, mezzo et macro.

Au niveau micro, les actions telles « accroître les effectifs de l'encadrement AGEFOP, perfectionner et former les agents à tout le processus d'ingénierie1 » traduisent l'intérêt porté à la formation et au renforcement des capacités des ressources humaines de l' AGEFOP pour un meilleur encadrement des populations cibles constituées des employés d'entreprises, des acteurs des différents secteurs d'activités (les coopératives, les collectivités décentralisées etc.), et des groupements sociaux tels les femmes, les jeunes déscolarisés, les diplômés, les retraités etc.

Au niveau mezzo, le souci est porté sur « la réhabilitation, l'équipement, l'extension et la création des centres de formation par apprentissage en relation avec les secteurs porteurs et le `village AGEFOP'2 ». Ce deuxième axe d'action de l'agence prend en charge le cadre et l'environnement dans lesquels les formations vont être données.

Au niveau macro, « faire le toilettage des programmes, contenus et filières de formation pour leur adaptation aux nouvelles orientations et défis de la formation et de l'insertion des jeunes3 », « créer des passerelles dans tous les ordres d'enseignement 4» sont entre autres, des actions qui viennent compléter le plan d'action de l'agence.

Mais, la mise en oeuvre effective de cette démarche d'ingénierie suffit-elle pour permettre à l'AGEFOP de cerner la question de la formation professionnelle dans tout son contour ?

1 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23 au 25 Janvier 2007, p.105

2 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23 au 25 Janvier 2007, p.105

3 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23 au 25 Janvier 2007, p.105

4 Actes du Séminaire bilan de l'AGEFOP du 23 au 25 Janvier 2007, p.105

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Pour élucider ce questionnement, nous avons exploré l'environnement interne et externe de l'agence.

Au niveau de son environnement interne, l'intérêt est porté aux ressources de l'agence. En effet, la couverture de tout le territoire ivoirien et des différents secteurs d'activités (secteurs primaire, secondaire et tertiaire) est un aspect non négligeable de la question dont la prise en compte requiert que l'agence dispose d'importantes ressources. Ces ressources sont d'autant importantes qu'elles constituent les facteurs de production déterminants pour l'efficacité de l'action de l'AGEFOP. L'agence en dispose-t-elle en quantité et en qualité ? Parvient-elle à couvrir tout le territoire et tous les secteurs d'activités susmentionnés ? Dans quelle proportion parvient-elle à le faire face aux besoins exprimés sur l'ensemble du territoire ? La Côte d'Ivoire étant un pays essentiellement agricole, un équilibre est-il observé dans l'encadrement de ces différents secteurs d'activités ?

Au niveau de l'environnement externe, notre intérêt s'est focalisé dans un premier temps sur les rapports de l'agence avec les autres services publics (FDFP, AGEPE, FNS) puis dans un deuxième temps sur ses rapports avec les autres acteurs du secteur de la formation professionnelle.

Il faut rappeler que l'AGEFOP n'est qu'un maillon dans le dispositif mis en place par l'Etat ivoirien pour le développement de la formation professionnelle, dispositif qui outre l'AGEFOP, comprend comme mentionné plus haut, le FDFP chargé du financement de la formation professionnelle, de l'AGEPE chargée de l'insertion professionnelle des populations cibles formées et du FNS pour le financement de projets individuels ou collectifs. Tout en ayant sa mission inspirée et définie par le politique, chacune des différentes structures et notamment l'AGEFOP devrait se trouver ainsi imbriquée dans un rapport de collaboration avec les trois autres, rapport duquel aucune d'entre elles ne devrait se soustraire - au risque de s'isoler du dispositif et faire échec à l'objectif politique global. Et pourtant, dans les actes du séminaire de Grand-Bassam, hormis la récente PFS, aucune référence significative n'est faite à un quelconque cadre de collaboration entre ces différentes structures.

Pour nous, le rôle de l'AGEFOP ne peut être apprécié à sa juste valeur que s'il est situé dans le cadre de ce dispositif. Aussi, des facteurs tels l'existence même d'un cadre de collaboration, la configuration des rapports entre les éléments le composant et l'influence de ces rapports sur l'action de l'agence sont à prendre en compte dans l'analyse de son rôle. En d'autres termes, existe-t-il un cadre formel de collaboration entre l'AGEFOP et les trois autres services publics? Bénéficie-t-elle systématiquement du financement de ses programmes de

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formation par le FDFP par exemple? Ses programmes de formation répondent-ils aux résultats d'une étude préalable du marché du travail menée par l'AGEPE? L'AGEFOP peut-elle se passer d'un tel cadre de collaboration et mettre efficacement en oeuvre sa mission ?

Par ailleurs, le secteur de la formation professionnelle regorge de nombreux autres acteurs que sont les chambres consulaires comme la Chambre Nationale d'Agriculture de Côte d'Ivoire (CNA-CI), la Chambre Nationale des Métiers de Côte d'Ivoire (CNMCI), la Chambre de Commerce et d'Industrie de Côte d'Ivoire (CCI-CI), les organisations professionnelles comme la Confédération Générale des Entreprises de Côte d'Ivoire (CGECI), la Fédération Ivoirienne des PME/PMI (FI-PME/PMI), enfin les centres, cabinets et écoles de formation professionnelle existant sur l'initiative d'investisseurs privés. Quels rapports l'AGEFOP a-t-elle avec ces acteurs de la formation professionnelle ? Sont-ils concurrents ou partenaires de l'AGEFOP? Y a-t-il un contrôle exercé sur l'ensemble des moyens humain, matériel et technique utilisés par ces acteurs privés du secteur de la formation professionnelle ? Sur leurs programmes et contenus de formation ? L'AGEFOP a-telle l'autorité institutionnelle de certification de ces programmes en tant que cabinet d'ingénierie de l'Etat ?

Quelles réponses à toutes ces questions ? Nous pouvons avancer les hypothèses suivantes.

II.1.3.2. Hypothèses

Au niveau de son environnement interne :

· L'insuffisance en quantité et en qualité des ressources dont dispose l'AGEFOP réduit considérablement la portée de son action sur les plans géographique et sectoriel.

Au niveau de son environnement externe :

· L'efficacité du rôle de l'AGEFOP reste en partie dépendante d'une coordination des actions entre les différentes composantes du dispositif de la formation professionnelle que sont le FDFP, l'AGEFOP, l'AGEPE et le FNS.

· Le positionnement de l'AGEFOP en tant que cabinet d'ingénierie de l'Etat reste partiellement lié à sa collaboration avec les spécialistes de la formation du monde professionnel et académique.

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II.1.4. Définition des concepts

Il est important de donner le contenu sémantique des mots clés des différentes hypothèses avancées. Ces définitions nous permettent de nous accorder sur l'interprétation contextuelle que nous donnons à ces termes.

Dans la première hypothèse, l'on retient :

· L'insuffisance : Selon le dictionnaire français Le Grand Larousse (p.1638), ce mot est un nom féminin et désigne « un manque de capacités, d'aptitudes, de qualités ou encore l'impossibilité pour un organe ou une glande de remplir ses fonctions normales. ». Le mot manque étant synonyme d'absence, nous ne disons pas qu'il y a absence des ressources de sorte à rendre l'AGEFOP incapable de fonctionner mais plutôt un déficit de ces ressources. Nous interprétons donc insuffisance en termes de déficit.

· Les ressources : Selon Le Grand Larousse1 (pp.2637-2638), ce mot est féminin et a pour racine latine « resugere », c'est-à-dire « ce qui tire d'embarras, améliore une situation difficile ». Ou encore, la « possibilité d'action de quelqu'un, moyens intellectuels dont il dispose. ». Enfin les « moyens et possibilités qu'offre quelque chose. ». Nous entendons donc par ressources les moyens dont dispose l'agence sur les plans humain, matériel et technique et qui lui permettent d'agir pour sortir le secteur de la formation professionnelle de l'impasse.

· La quantité: Issu du mot latin « quantitas », c'est un nom féminin que le dictionnaire Le Grand Larousse (p.2546) définit comme la « propriété de ce qui peut être mesuré ou compté. ». Dans le cas de l'AGEFOP, c'est le nombre des différentes sortes de ressources.

· La qualité : Dans le dictionnaire français Le Grand Larousse (p.2545), c'est un nom féminin d'origine latine « qualitas » et qui signifie la « manière d'être de quelque chose, chacun des aspects positifs de quelque chose qui font qu'il correspond au mieux à ce qu'on en attend. ». A cette signification il faut ajouter

1 Le Grand Larousse, dictionnaire français, Vol.4, pp.2637-2638., 1989.

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celle d'un autre dictionnaire français Le Petit Robert1 (p1574) qui trouve des synonymes tels « attributs, caractères, propriétés. Ce qui fait qu'une chose est plus ou moins recommandable. ». Enfin, selon AFNOR2, la qualité est « l'ensemble des caractéristiques d'une entité qui lui confère l'aptitude à satisfaire des besoins exprimés et implicites. ». Sur la base de ces définitions, nous entendons par qualité les aspects ou propriétés positifs des différentes sortes de ressources dont l'AGEFOP dispose et qui la rendent recommandable ou lui confèrent l'aptitude à satisfaire les besoins exprimés ou implicites dans le domaine de la formation professionnelle.

· La portée d'une action : C'est « l'étendue du champ d'action de quelque chose. » selon Le Grand Larousse (p.2466). Il s'agit donc pour nous d'avoir une idée de l'étendue de l'action de l'AGEFOP sur les plans géographique et sectoriel.

Dans la deuxième hypothèse, les termes tels l'efficacité, la dépendance, la coordination ont retenu notre attention.

· L'efficacité : La définition donnée à ce nom féminin d'origine latine « efficacitas » est, selon Le Gand Larousse, (p.1039), « le caractère d'une personne ou d'un organisme qui produit le maximum de résultats avec le minimum de moyens. L'AGEFOP arrive-t-elle à produire suffisamment avec les moyens dont elle dispose ? Tel est le sens que nous donnons à `son' efficacité.

· La dépendance : Selon Le Grand Larousse (p.908), ce nom féminin désigne le « rapport de liaison étroite entre quelque chose et ce qui le conditionne, le régit. », ou encore « situation de quelqu'un, d'un groupe qui n'a pas son autonomie par rapport à un autre, qui n'est pas libre d'agir à sa guise. ». Cette définition nous éclaire car elle nous permet d'évaluer les limites de l'AGEFOP dans ses rapports soit avec le FDFP, soit avec l'AGEPE. Comment l'inaction ou le refus de l'AGEPE ou du FDFP peut empêcher l'AGEFOP de jouer le rôle qui est le sien ?

1 Le Petit Robert1, dictionnaire français, 1987

2 AFNOR : Association Française des Normes

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· La coordination : Dans une première définition, il désigne un nom féminin d'origine latine « coordinatio » et renvoie à « l'action de coordonner. Harmonisation d'activités diverses dans un souci d'efficacité.». Dans une deuxième, c'est « l'agencement des parties d'un tout selon un plan logique, pour une fin déterminée. ». Ces deux définitions respectivement de Le Grand Larousse (p.761) et de Le Petit Robert (p.389) se rapprochent et mettent en exergue trois (03) facteurs importants qui déterminent la coordination : le souci d'une efficacité, l'application d'un plan logique et un objectif visé. Dans le cadre du dispositif de la formation professionnelle mis en place par l'Etat, la mission assignée à chacune des composantes devrait, si coordination il y a, aboutir à ces résultats. Qu'en est-il depuis leur création ? Et après l'avènement de la Plateforme de Service (PFS) ?

Dans la troisième et dernière hypothèse :

· Le positionnement : Ce mot masculin est mieux expliqué à travers son dérivé qu'est le verbe « positionner ». Dans Le Grand Larousse (p.2473), « positionner » c'est « déterminer la position qu'un produit occupe sur un marché donné et le promouvoir en ciblant une catégorie de clientèle. ». Le positionnement de l'AGEFOP dans notre entendement renvoie donc à la détermination de sa position dans le secteur de la Formation Professionnelle par rapport à tous les acteurs de ce secteur.

· La collaboration : Selon Le Grand Larousse, c'est « l'action de collaborer, de participer à une oeuvre avec d'autres. ». Le sens du mot se précise davantage à travers le verbe « collaborer » qui, toujours selon la même source, signifie « travailler de concert avec quelqu'un d'autre ; participer avec un ou plusieurs autres à une oeuvre commune. »

La collaboration de l'AGEFOP avec les organisations professionnelles, les cabinets et centres de formation professionnelle doit donc être comprise dans ce sens.

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Enfin dans la thématique :

· Le rôle : Entre autres définitions, Le Grand Larousse (p.2674), définit le rôle comme « ce que doit dire ou faire un acteur dans une pièce de théâtre, genre d'action ou de comportement, à la place qu'on occupe, fonction remplie par quelqu'un, attribution assignée à une institution. ».

Notre compréhension du terme `rôle' cadre bien avec cette définition. Nous considérons par conséquent l'AGEFOP dans une position d'acteur, et son rôle est déterminé par la mission à elle assignée.

· L'enjeu : C'est un nom masculin et désigne selon Le Grand Larousse (p.2674) « ce que l'on risque dans un jeu, en particulier une somme d'argent et qui revient au gagnant. Ce que l'on peut gagner ou perdre dans une entreprise quelconque. ». A la lumière de cette définition, l'on peut donc avancer que l'enjeu est ce que mise le joueur ou encore ce qu'il met à risque. En ce qui concerne l'AGEFOP, l'enjeu se situe à deux niveaux.

D'abord à son propre niveau en tant que service public, elle joue sa notoriété, sa crédibilité, ensuite sur le plan national, étant chargée de la mise en oeuvre d'une politique de développement il y va de la stabilité sociale du pays.

· La perspective : Toujours selon Le Grand Larousse, p.2362, la perspective qui est un mot féminin désigne un « ensemble d'évènements, de projets ou évolution, devenir de quelque chose qui se présente comme probable ou possible ; éventualité, horizon. »

Telle est notre compréhension des perspectives pour l'AGEFOP, c'est-à-dire ce qui attend l'agence comme formes d'évolution possibles si son rôle est renforcé avec des moyens adéquats pour atteindre les résultats escomptés.

II.1.5. Définition des indicateurs

Les définitions des différents concepts nous ont permis d'identifier des indicateurs à même d'aider à la mesure des variables à expliquer dans chacune des hypothèses. Ces indicateurs sont donnés dans les tableaux suivants :

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Tableau 1 : l'hypothèse 1

Concept

Dimension 1

Dimension 2

Indicateurs

Ressources

Humaines

Quantité

-Nombre par rapport aux besoins en couverture territoriale

- Nombre par rapport aux domaines professionnels à couvrir

 

- Nombre d'années d'expérience

- Niveau de formation

-Périodicité dans le renforcement des capacités -Variété de compétences

 

Quantité

-Nombre par rapport aux besoins en couverture territoriale -Disponible par rapport au besoin

-Ratio agent/matériel de travail

 

-Niveau technologique -Age

-Performance

-Fonctionnalité

 
 

-Maîtrise de l'utilisation du matériel -Maîtrise de la méthode de travail -Adéquation formation-emploi

 

Tableau 2 : l'hypothèse 2

Concepts

Dimensions

Indicateurs

Efficacité

Statistiques

-Nombre d'actions réalisées avant et après l'avènement de la PFS

-Niveau de couverture des secteurs d'activités avant et après l'avènement de la PFS

-Niveau de couverture du territoire avant et après l'avènement de la PFS

Dépendance

 

-Difficultés voire blocages d'une action liée au refus ou à l'inaction de l'une des composantes avant et après l'avènement de la PFS

-Survenance de conflits liée au refus ou à l'inaction avant et après

l'avènement de la PFS

Coordination

Communication

-Echange de correspondances avant et après l'avènement de la PFS. -Nombre de réunions de travail avant et après l'avènement de la PFS. -Existence d'un cadre formel de collaboration.

 

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Tableau 3 : l'hypothèse 3

Concepts

Dimensions

Indicateurs

Positionnement

Professionnel

- Niveau de collaboration avec les cabinets de formation

- Niveau de collaboration avec les organisations et associations du secteur de la formation professionnel

 

- Niveau de collaboration avec les Grandes Ecoles ;

- Niveau de collaboration avec les centres et écoles de formation professionnelle

- Renommée au sein des élèves et étudiants des Grandes Ecoles et centres de formation professionnelle

 

II.2. APPROCHE METHODOLOGIQUE

Pour réaliser ce travail de recherche, nous avons eu recours à la méthode qualitative. Comprendre le rôle de l'AGEFOP tel qu'indiqué dans le thème de ce travail de recherche requiert que l'on échange non seulement avec l'AGEFOP mais également avec les autres acteurs du secteur de la formation professionnelle qui sont tous porteurs de différents rôles dont la conjugaison mène au développement de la formation professionnelle. Mais, qu'est-ce que la méthode qualitative ?

II.2.1. Méthode d'analyse qualitative

Selon Wikipédia, l'Encyclopédie libre, « Les méthodes qualitatives regroupent un ensemble de méthodes de recherche utilisées en sciences sociales, comme par exemple en sociologie, en ethnologie et anthropologie, et également en mercatique. Elles laissent délibérément de côté l'aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l'analyse de l'objet d'étude. Pour cela diverses techniques, basées sur l'administration de questions ouvertes et l'exploration du langage, sont mises en oeuvre1. ».

C'est donc cette méthode que nous avons jugée comme convenant à ce type d'étude dont le but est de comprendre la complexité des relations et interactions à l'intérieur d'un système. Elle repose sur des techniques précises dont nous présentons les plus utilisées.

II. 2.2. Les techniques de collecte de données

Nous avons eu recours aux différentes techniques relatives à l'approche qualitative pour mener à bien notre recherche.

1 Définition des méthodes qualitatives selon Wikipédia, l'encyclopédie libre

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II.2.2.1. L'observation

La possibilité nous a été donnée, par notre présence physique à l'AGEFOP lors de la première alternance de nous enrichir de façon empirique en observant les agents du Département de l'Ingénierie de la Formation (le DIF) dans la conduite de leurs tâches et de ceux du Centre d'Eveil et d'Innovation Technologique (CEVIT), un centre de formation de l'AGEFOP. Cette expérience nous a permis de voir leurs conditions de travail.

II.2.2.2. La recherche documentaire

Afin de réunir le maximum d'éléments d'information susceptibles de nous éclairer dans la formulation de la problématique, nous avons eu recours à plusieurs sources. La première source est relative aux bibliothèques et salles de documentation ou d'archives des différents services publics. Nous avons visité leurs sites web respectifs. Enfin grâce à la disponibilité et à la diligence de la plupart des agents qui nous ont été recommandés, nous avons eu à notre disposition des rapports d'activités, des actes de séminaires et bilan d'activités. Des bulletins internes d'information. Toutes ces sources nous ont été d'un apport appréciable.

II.2.2.3. L'échantillonnage

Il a été fait sur la base de la représentativité selon le type de population à enquêter. Ayant travaillé sur trois groupes différents de population, les critères dominants pour le choix des personnes à enquêter ont reposé essentiellement sur la représentativité et la qualité des personnes par rapport aux charges ou responsabilités qui sont les leurs dans leurs services.

II.2.2.4. L'enquête

Elle s'est faite avec les outils habituels que sont l'entretien, le questionnaire, le guide d'entretien. Son déroulement s'est fait non sans difficultés sur lesquelles nous reviendrons à la suite des outils de l'enquête.


· Entretien : C'est l'outil que nous avons utilisé le plus. Nous avons eu des entretiens avec les personnes qui nous ont été recommandées au niveau des différents services publics et privés. Ces entretiens ont été faits à différents moments pendant la phase exploratoire et tout au long du travail de recherche quand cela s'est avéré nécessaire. Nous avons par moments utilisé le téléphone ou les Nouvelles Technologies d'Information et de Communication (NTIC) à savoir les courriels et les fenêtres de

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conversation tel Yahoo ! Messenger, Skype à travers l'Internet à cause de la distance et du temps qui constituaient des contraintes.

· Questionnaires : Ils ont reposé sur les indicateurs définis pour mesurer les variables à expliquer pour chacune des trois hypothèses. L'étude ayant consisté en l'exploration de l'environnement interne et externe de l'AGEFOP, la série des questions a été relativement longue pour nous assurer que nous prenions en charge tous les aspects de notre étude. Certains questionnaires ont été renseignés sur rendez-vous avec les personnes ressources, d'autres ont été déposés et repris plus tard.

· Guide d'entretien : Cet outil nous a servi de boussole quand il s'est agit de rencontrer les responsables ayant en charge des départements ou directions des différentes structures concernées par notre recherche. Ils ont été conçus selon le type d'information recherché.

· Difficultés rencontrées : Nous avons rencontré des difficultés de tous ordres. La sollicitation des rencontres avec les personnes ressources soumise à la démarche administrative avec la lourdeur et la lenteur qui la caractérisent. Cela nous a valu d'attendre des semaines voire des mois pour avoir la suite à notre demande quand nous avons été chanceux, sinon, nos démarches sont parfois restées vaines avec d'autres personnes après de longs mois de démarches et de négociation pour une hypothétique rencontre. L'exemple patent est celui de la Direction de la Promotion de l'Emploi à l'AGEPE. Un autre facteur des difficultés est lié à l'indisponibilité des personnes ressources du fait soit des congés, soit des missions. Nous avons eu aussi à notre niveau propre, outre les conditions financières difficiles, à intégrer les contraintes des charges professionnelles avec la pression de l'impératif du délai accordé pour la fin de ce travail de recherche.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery