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Le concept de développement durable : le cas de l'Afrique subsaharienne

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par Vincent Thierry BOUANGUI
Université de Reims Champagne - Ardenne - Diplôme d'étude approndie 1995
  

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A-LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE VERTIGINEUSE

L'augmentation démographique est une voie à double sens. Dans un sens aller, elle est porteuse de progrès économique et social, car par définition, la croissance de la population est une exigence pour le développement, et elle est synonyme d'augmentation des bras pour la production et de marché pour les producteurs, indépendamment de leur qualité ou de leur état de santé. Dans un sens retour, elle constitue un frein à l'augmentation de la part de chacun, car elle augmente les bouches à nourrir, mobilise une partie de l'énergie de la société qui devait être consacrée aux tâches de production, bref elle représente une menace pour l'environnement, accélère la croissance urbaine avec sa cohorte de problèmes sociaux(7).

C'est de ce dernier sens dont souffre l'Afrique subsaharienne. Dans une société sans infrastructures viables où sévit en revanche la misère, la croissance démographique constitue inexorablement une menace à l'environnement, elle constitue un supplément de prédateurs.

A cet instant, l'enjeu pour l'Afrique c'est l'équilibre nécessaire qu'il faut trouver entre l'exigence pour le développement que lui impose la croissance démographique et la maîtrise de l'accroissement de la population. Sinon au rythme d'aujourd'hui l'Afrique se fourvoie vers une menace de famine et de misère généralisée. Sa population est actuellement estimée à 600 millions d'habitants, elle croît à raison de 3,1% par an, et selon les projections, elle atteindra 1 milliards 200 millions dans 20 à 22 ans.

Mais déjà, selon la FAO, pour une dizaine de pays la population dépasse la capacité alimentaire compte tenu de l'inadéquation entre la capacité de

(7) Mbaya KWANDA op cit page 105

production et les taux très élevés de fécondité. L'indice synthétique de fécondité* est de 8,5 au Rwanda, 7,6 au Malawi, 7,3 en Ouganda, 6,6 au Madagascar, 6,3 au Kenya et 5,4 au Zimbabwe.

Dans les travaux du PNAE du Lesotho, il a été souligné que la croissance de la population combinée à la pauvreté est l'une des raisons profondes de la dégradation de l'environnement et de la stagnation économique du Lesotho. Le document final du PNAE mentionne de façon très claire que "la croissance rapide de la population...entraîne un processus sévère et croissant de la dégradation environnementale...sa réduction est préalable au développement

durable»(8).

Sous le coup de cette expansion démographique, les écosystèmes africains vivent l'une des mutations les plus rapides de la planète. Les paysages changent, le couvert végétal disparaît, les ressources renouvelables sont utilisées au-delà de leur capacité de régénération, et le capital foncier se dégrade de façon accélérée. Au Niger, par exemple, le problème de l'habitat est au centre de la dégradation de l'environnement. En effet, il faut trouver le bois, les fourches, et les pailles pour l'habitat. Or, du fait de la croissance de la population, ces matériaux deviennent de plus en plus rares, menaçant ainsi plusieurs villages à disparaître du fait de la désertification qui s'en est suivie.

Plus que toutes les autres, les Africains devaient disposer d'une information environnementale dynamique et actualisée pour mieux apprécier

* Il mesure le nombre moyen d'enfants auxquels les mères donneraient le jour si les générations futures avaient le même taux de fécondité par l'âge que les générations actuelles. Il est égal à la somme des taux de fécondité pour chaque âge (de15 à 49 ans) établis pour une année donnée. Le taux de féconditié par âge est le rapport du nombre des naissances survenues chez les femmes d'un groupe d'âge donné, à l'effectif des femmes de ce même groupe d'âge.

(8)Cité par F FALLOUX op-cit, page 68.

cette mutation et pouvoir guider rationnellement en enrayant la spirale de dégradation qui les affecte aujourd'hui.

Or, il n'en est rien, car comme le constate d'ailleurs F Falloux, " sil'information environnementale est en général déficiente sur l'ensemble des
continents, elle est encore dans les limbes en Afrique"
(9). Ce manque
d'information d'abord sur les questions environnementales et sur la croissance
démographique a des implications sérieuses sur la mise oeuvre du
développement durable, ce qui rend l'intériorisation de ces questions par les
Africains capitale. Si l'on arrive pas à réduire rapidement et fortement ce fort
taux d'accroissement démographique, les explosions sociales résultant de la
misère risqueront de se multiplier; le Rwanda (où le taux est de 3,5/an) n'est
pas le seul pays à vivre dans la précarité, mais il est allé jusqu'au génocide.

Malheureusement, les politiques tendant à réduire l'augmentation démographique trouvent toujours sur leurs voies des facteurs de résistances. De fait, à l'issue de la deuxième conférence mondiale sur la population (Mexico 1984), plusieurs programmes de planning familial ont été lancés en Afrique mais les résultats n'ont pas été brillants. Comme pour les questions de lutte contre la pauvreté, là aussi il a manqué et manque encore les moyens financiers suffisants qui puissent maintenir ce genre de programmes dans le temps afin de réduire les naissances et imprégner les populations de façon durable.

Il y a aussi la religion qui continue à jouer un rôle considérable dans cet échec; le Vatican s'est toujours levé contre toute politique de limitation de naissances y compris des méthodes contraceptives. La conférence du Caire sur

la population nous a montré combien les Africains au nom de Dieu ou de leur culte étaient très solidaires avec le discours du Saint siège.

Pour venir à bout de ces considérations religieuses et culturelles, nous pensons qu'au lieu d'imposer aux Africains une transition démographique venue d'ailleurs (ce qu'ils ont du mal à accepter), il faut au contraire permettre aux femmes de participer à un nouvel ordre mondial en leur donnant les moyens efficaces d'investir leurs potentialités ailleurs que dans la procréation. Car parler de développement durable sans procéder au plus juste partage des richesses mondiales est illusoire. Ce n'est pas par hasard que le sousdéveloppement s'accommode souvent d'une croissance démographique élevée.

Mais dans le document final de la conférence de Caire (qui était l'occasion de prescrire les vraies thérapies à ce problème) les questions de développement pourtant fondamentales pour l'Afrique n'ont été abordées qu'en six pages sur un total de quatre vingt trois. Pourtant il est établi que le sort de la population africaine est lié à celui de la pauvreté. Comme pour celle-ci, toute politique de population et environnement qui n'est pas axée sur la recherche d'un nouvel équilibre Nord/Sud est une diversion organisée(10).

Il convient donc à la communauté internationale d'intensifier son soutien à la croissance économique de l'Afrique, le principe de solidarité internationale en matière de protection de l'environnement doit jouer un rôle particulier concernant les questions démographiques, autrement elles continueront à enfreindre à toute tentative de promotion de développement durable. Mais cela ne règle pas tous les problèmes, il faut encore que les Africains intériorisent les problèmes posés par la dégradation de l'environnement.

(10)Jean Marc ELA, Développement et "diversion" démographique, le Monde diplomatique, Septembre 1994, page 8 .

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus