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Une expérience d'art thérapie à dominante danse/ expression corporelle auprès de personnes àągées atteintes de la maladie Alzheimer ou d'autres troubles apparentés( Télécharger le fichier original )par Isadora FORTINO faculté libre de médecine universitaire catholique de Lille - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2013 |
A.2.3 L'expérience du plaisir kinesthésique lié à la danse peut permettre également une affirmation de soi dans une personne atteinte de démence sévèreLe kinésithérapeute exalte l'image du corps. L'art-thérapeute engage la personne malade de démence vers la recherche d'une bonne qualité existentielle, par l'intermédiaire de l'art. Dans la danse, le mouvement, instrument et raison d'être du danseur, est ainsi un instrument du corps, pris comme une entité « psychocorporelle ». Emotion a la même racine que mouvoir. Le mouvement, qui procure du plaisir, procure ainsi de l'émotion. L'état de base de Mme L. ne permettait pas une exploitation du potentiel créatif, ni de communiquer. Les fonctions cognitives, outil d'apprentissage, de communication et de l'épanouissement de l'activité imaginative, étaient déficitaires. L' apprentissage d'une maîtrise technique demande des savoirs, qui requièrent une bonne mémoire. Ce qui caractérise la maladie d'Alzheimer, au contraire, c'est l'atteinte de la mémoire épisodique et celle des événements récents. L'apprentissage par mimétisme n'est pas possible, pas plus qu'une réflexion, ni qu'une action créative qui demande des facultés de rappel, d'analyse et d'adaptabilité constantes. Alors la maîtrise technique semble impossible pour les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer. Il existe cependant une mémoire sensorielle et émotionnelle qui stocke les stimuli bruts, mais permet également à la personne âgée atteinte de la maladie d'Alzheimer d'utiliser son savoir-faire, fondé sur des ressentis. « L'artiste dément a accès ainsi aux savoirs par les saveurs ressenties. Il existe notamment un seuil émotionnel qui, une fois dépassé, les ressentis éprouvés sont suffisamment conséquents pour être mémorisés.»26(*). En danse primitive, l'utilisation de certains rituels se traduit par des gestes répétitifs croissant et de manière cathartique. Et la gratification d'un plaisir archaïque sensoriel, par un ressentir corporel vibrant au rythme donné par la musique, qui permet la synchronisation de mouvements croissants de danses primitives (en frappant un pied ou en tapant dans les mains), mènent à une gratification sensorielle kinesthésique et un entraînement émotionnel : à une harmonie corps/esprit. Par le plaisir ressenti par Mme L. et Mme C. leur goût de la danse a été renforcé. Le plaisir est une source de motivation et permet au patient pris en charge d'évoluer et de solliciter des prises d'initiative. « L'appréciation d'une gratification sensorielle va inciter le patient à chercher à nouveau cette sensation agréable »27(*). Mme L. a cherché à nouveau la situation agréable vécue avec une prise d'initiative surprenante: la recherche de l'instrument musical, la guitare. * 26 Mémoire de C. PERRET cité, p. 22 * 27 Mémoire de C. PERRET cité, p 60. |
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