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Une expérience d'art thérapie à dominante danse/ expression corporelle auprès de personnes àągées atteintes de la maladie Alzheimer ou d'autres troubles apparentés( Télécharger le fichier original )par Isadora FORTINO faculté libre de médecine universitaire catholique de Lille - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2013 |
C.2.2 Ressenti corporel, activité réfléchie et confiance dans l'autre sont des aspects favorisants l'alliance thérapeutique en art-thérapieComment, par la danse et l'expression corporelle, peut-on entrer en contact avec l'autre, avoir confiance en lui et, donc, établir une alliance thérapeutique ? Il y a une grande différence entre l'alliance thérapeutique en art-thérapie et d'autres formes de thérapie, par exemple la psychothérapie, qui va reprendre la différence entre psychothérapie et art-thérapie. La « Psychothérapie à support
artistique » va chercher pourquoi vous trouvez une chose belle.
« L'Art-thérapie » aide à exprimer le
goût esthétique, ce que la personne trouve beau. En
art-thérapie, il s'agit simplement d'aider les patients à
exprimer leur goût esthétique et leur style artistique. Dans l'empathie psychanalytique, le ressenti du thérapeute favorisant le lien thérapeutique est l'aptitude à éprouver et reconnaître ce que l'autre éprouve sans savoir ce qu'il vit et sans pouvoir le définir. Cette notion a fait l'objet de nombreuses réflexions en psychiatrie et en psychanalyse avec les théories de Heinz Kohut, Donald Winnicott, Wilfred Bion32(*) et de la part de théoriciens et praticiens de la relation, notamment Carl Rogers. À travers le jeu des squiggles, jeux créateurs établis entre le thérapeute et son patient, en Winnicott l'accès à l'imaginaire et au monde intérieur de l'enfant se fait de façon ludique et empathique. Même la danse, utilisée à ces fins thérapeutiques : elle se base principalement sur l'expression de l'état intérieur de la personne qui danse par ses mouvements et autres expressions corporelles. Pour l'harmonie corps/esprit, ces mouvements organiques, entendus comme mouvements archaïques instinctuels et intentionnels, révèlent les besoins du sujet, ce qu'il demande, ce qu'il sent, en invitant l'autre à le comprendre, à l'accueillir. L'aptitude à comprendre par ressenti, au -delà du mot, fait partie de chaque processus thérapeutique et est un élément sur lequel le thérapeute travaille. Lui, avec sa capacité d'intuition et d'empathie, est capable d'entrer en relation avec le patient en favorisant une bonne pratique clinique. Mais, le ressenti corporel en art-thérapie, et en particulier à dominante danse-expression corporelle, se fonde aussi sur le sentiment du beau, sur une résonance esthétique, qui va renforcer le lien thérapeutique par un ressenti commun et incite à l'expression corporelle. Le psychanalyste Rudolph Schaffer, traitant de la relation mère-enfant, la pareille à une danse à deux, dans laquelle un rôle important est donné à l'activité réfléchie mutuelle, comme en art-thérapie33(*). Donc, l'art-thérapeute a une fonction réfléchie des goûts, émotions, aptitudes du patrimoine intérieur du patient et ce dernier est stimulé par la jouissance au contact du rayonnement de l'activité corporelle de l'art-thérapeute, et poussé à s'exprimer, en activant la fonction miroir, ainsi que les dernières découvertes neuroscientifiques l'ont montré. Et si le produit des réalisations dans le cadre d'une thérapie à médiation artistique se confronte à la notion d'une relation transférentielle, en psychanalyse définie comme l'ensemble des réactions du patient en face de l'analyste, dans lesquelles il transpose ses fantasmes et ses conflits en les projetant sur l'analyste34(*), en art-thérapie. « Art-thérapeute et patient sont impliqués conjointement dans un processus de création artistique. La production artistique n'est pas un support, elle est en elle-même le vecteur de transformation. Ce mot résume de façon satisfaisante l'idée que l'art (le processus de création artistique) est efficient, et donc ici thérapeutique, parce que c'est « par lui, en lui, avec lui » que le transfert opère».35(*) Ce processus, grâce à ses mécanismes, donne, donc, une meilleure efficacité thérapeutique aux projets de soin de la personne en état de souffrance. * 32 Heinz Kohut, L'introspection, l'empathie et le détour de la santé , Revue française de psychanalyse, Vol. 49, n° 5, 1985 ; Wilfred Bion, Aux sources de l'expérience, 1962 ; L'Attention et l'Interprétation, 1970 * 33 R. Schafer, Mothering, Open Books Publishing Ltd, London 1977 * 34 Laplanche & Pontalis, 1967 * 35 Anne Pouchelle, p.10 « L'atelier d'art-thérapie », publication UFR TOURS 2000,citation de Valerie Cros |
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