WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Analyse des déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de glazoue

( Télécharger le fichier original )
par Gabriel LAWIN
Université d'Abomey-Calavi - diplôme d'Ingénieur Agronome Option : Economie, Socio- Anthropologie et Communication 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2. Problématique et justification

Considéré par le passé comme aliment de luxe, donc consommé seulement lors des fêtes et manifestations spéciales, le riz est progressivement entré dans les habitudes alimentaires au Bénin où d'importantes quantités sont importées chaque année en vue de satisfaire les besoins de consommation. La consommation du riz par tête et par an est estimée à 6 à 20 kilogrammes en zone rurale et à 10 à 30 kilogrammes en zone urbaine (Adégbola et al., 2003). Selon les estimations de la FAO en 1997, la production du riz blanc (riz décortiqué) était de 18000 tonnes au Bénin tandis que les quantités importées s'élevaient à 56000 tonnes. D'autres estimations indiquent que ces importations ont atteint 71200 tonnes en 1999 (FAO, 1999), et 72066 tonnes en 2001 (INSAE, 2001). Ces estimations montrent le faible taux de couverture des besoins de consommation par la production nationale. La production du riz est donc devenue un enjeu majeur pour l'autosuffisance alimentaire au Bénin.

La filière riz est prioritaire en termes d'investissements et de développement à cause non seulement de la nécessité de répondre aux objectifs de sécurité alimentaire et d'améliorer la balance des paiements, mais aussi pour permettre au pays de faire face à l'accroissement continu de la demande intérieure en riz, et de valoriser ses avantages comparatifs dans la sous région. En effet, le Bénin dispose d'un potentiel non négligeable pour la production du riz. Selon MAEP (2005) les ressources en eau du pays sont estimées à plus de 13 milliards de mètres cubes ; les ressources en terres irrigables évaluées à 322 000 hectares (117 000 ha de plaines inondables et vallées et 205 000 ha de bas-fonds) auxquelles s'ajoutent les terres de plateau pour le riz pluvial.

Le Bénin à l'instar des autres pays de l'Afrique de l'Ouest a consenti d'énormes ressources pour augmenter la production nationale dans le but de couvrir la consommation intérieure et d'exporter le riz produit localement, en vue de rapporter des devises importantes pour la nation (Adégbola, 2005). Dans ce cadre, les mesures de politique agricole ont porté leurs fruits puisque la production rizicole n'a cessé de croître depuis le milieu des années 90 grâce en partie à l'augmentation des superficies et des rendements. En effet, la production rizicole qui n'a jamais dépassé la barre des 20000 tonnes par an jusqu'en 1995 (ONASA,

1999) a progressivement augmenté pour atteindre une valeur de 52441 tonnes en 2000 (DPP /MDR, 2000), 64700 tonnes en 2004 et en 2005 (DPP/MAEP, 2005 ; Abiassi et Eclou, 2006 ; FAO, 2006). Cette performance de la politique de relance de la filière riz est due à la réalisation de micro-aménagements (Adégbola et Sodjinou, 2003) et aussi au développement et à l'introduction en milieu rural de nouvelles variétés plus productives dont les variétés dénommées "New Rice For Africa" (NERICA) mise au point par le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO)1.

Cependant, le riz localement produit n'est pas encore compétitif sur le marché local même si les études de Adégbola et al. (2004) montrent que le Bénin dispose d'avantage comparatif à la production locale du riz. Le Bénin n'a pas encore réussi à transformer son avantage comparatif en avantage compétitif.

En effet, selon CCR (2004) les consommateurs béninois choisissent leur riz principalement en fonction de la propreté, de l'arôme et du faible taux de brisures. Ces déterminants de choix constituent autant de critères de préférence qui tendent à favoriser la demande du riz importé au détriment du riz local. Aussi, une étude réalisée par l'Union Départementale des Producteurs (UDP) Mono-Couffo en collaboration avec le Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise Sociale (LARES) en 2003, a-t-elle permis de mettre en exergue quelques facteurs déterminants du choix du type de riz (local ou importé) sur les marchés de Cotonou. Cette étude a, en particulier, permis de comprendre que :

- au niveau des commerçantes, l'achat et la vente de riz local constituent une question d'opportunité en termes de marge bénéficiaire, mais également de clientèle exigeante ;

- le riz local semble jouir d'une mauvaise réputation au point que certaines commerçantes usent de stratégies propres à elles (par exemple : utilisation d'emballage de riz importé) pour vendre le riz local ;

- aussi bien les commerçantes que les consommateurs évoquent la présentation du produit sur le marché, les qualités physiques (taux d'impureté, taux de brisure), les caractéristiques organoleptiques (arôme, goût), les caractéristiques de cuis son (capacité de gonflement, caractère collant) du riz local comme des facteurs limitant leur consommation et par conséquent leur écoulement sur le marché.

Selon Houssou (2002), Amoussou et Houssou (2003) et CCR (2004) le riz local décortiqué comporte beaucoup de matières étrangères et un taux de brisure très élevé à cause de la mauvaise conduite des opérations post-récolte notamment le séchage et l'étuvage. En

1 Voir liste des variétés NERICA en annexe1

effet, selon Houssou (2005), au Bénin la méthode traditionnelle d'étuvage du paddy qui est jusque-là pratiquée par les transformatrices n'est pas performante et ne favorise pas l'obtention d'un riz de qualité meilleure. Selon Houssou (2002), la qualité du produit final obtenu avec la méthode traditionnelle d'étuvage reste inadaptée au goût des consommateurs, car il a souvent une couleur un peu terne. On note aussi la présence de grains brûlés et un taux de brisure d'environ 20%. Selon ce même auteur, cette mauvaise qualité est souvent due, d'une part au mauvais triage et lavage du paddy et, d'autre part, à l'inadéquation de la précuisson (mauvaise estimation de la quantité d'eau de cuisson), qui fait que le riz au fond de la marmite cuit plus qu'il ne faut ou se carbonise. Ainsi donc, selon Broutin (2001) peu d'efforts sont encore consentis par les transformateurs pour améliorer la qualité du riz usiné localement alors que ces efforts sont nécessaires pour concurrencer le riz importé dont la présentation et la propreté sont de meilleure qualité.

Dès lors, le développement et l'introduction de nouvelles techniques de traitement post-récolte notamment d'étuvage reste une bonne option pour améliorer la qualité du riz local et le rendre plus compétitif. C'est dans cette optique que le dispositif amélioré d'étuvage du riz a été conçu par l'INRAB-PTAA en 2000 puis amélioré avec la collaboration de l'ADRAO et de Sassakawa Global 2000 en 2005 et testé en « milieu paysan » afin d'évaluer ses performances techniques par rapport au dispositif traditionnel d'étuvage. Le dispositif amélioré d'étuvage est composé d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un bac d'étuvage (récipient en forme de seau dont le fond et le quart inférieur du pourtour sont perforés).

Les avantages du dispositif amélioré d'étuvage ont été étudiés par Houssou (2005) et WARDA (2005). A l'issue des essais, le dispositif amélioré s'est révélé plus performant que le dispositif traditionnel d'étuvage. Le riz obtenu avec le dispositif amélioré d'étuvage est qualitativement et quantitativement meilleur. Le dispositif contribue à la réduction du taux de brisure qui passe de 24% environ pour la méthode traditionnelle (MT) à moins de 15% pour la méthode améliorée (MA). Aussi, le rendement du riz à l'usinage s'est amélioré et est passé d'environ 64% pour MT à plus de 70% pour MA.

Cependant, les performances techniques de l'innovation ne suffisent pas pour justifier sa pertinence et garantir ses chances d'adoption. Les paysans, loin d'être de simples récepteurs de technologie doivent être considérés comme des acteurs, qui, face à leurs conditions propres, endogènes et exogènes, répondent avec patience aux sollicitations des " développeurs" (Adégbidi, 1992). Ainsi, il est important de connaître les facteurs qui interviennent dans le processus de diffusion des innovations depuis leur développement

jusqu'à leur adoption finale : les besoins, la structure d'intervention ou de promotion de l'innovation, le système social et ses membres, les adoptants potentiels, l'innovation même, sa genèse et sa promotion (Van Den Ban, 1994). Voila autant de facteurs qu'il faudra prendre en compte pour pouvoir mieux orienter la diffusion d'une innovation.

Le présent travail s'inscrit dans ce cadre. De manière spécifique, cette étude s'intéresse aux déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage au Centre du Bénin. Elle vise à contribuer à la connaissance de l'organisation sociale de l'étuvage du riz et des relations existant entre les différents acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé afin d'avoir des informations utiles et nécessaires pouvant permettre de déterminer les stratégies de dissémination du dispositif amélioré d'étuvage du riz à adopter dans le milieu.

Cette étude a l'avantage de présenter de manière qualitative, les appréciations faites par les populations locales sur la qualité du riz étuvé avec les méthodes améliorées d'étuvage. La pertinence de cette étude se situe à deux niveaux. Premièrement, les nouvelles méthodes d'étuvage qui ont déjà fait leur preuve en expérimentation sont à leur début de diffusion au niveau des transformatrices. Dans un second temps, en raison de l'importance de plus en plus croissante accordée à la nouvelle méthode d'étuvage et la demande d'information sur les stratégies de diffusion de cette technologie, une étude sur les déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage s'avère nécessaire.

1. 3. Objectifs de recherche

1.3.1. Objectif principal

L'objectif principal de cette étude est d'analyser les facteurs qui déterminent l'adoption et la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz.

1. 3. 2. Objectifs spécifiques

De manière spécifique, cette étude vise à :

O1- Identifier les acteurs ou groupes d'acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et analyser les relations qu'ils entretiennent entre eux.

O2- Analyser la perception des populations locales de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré d'étuvage.

O3- Analyser les perceptions des acteurs sur les atouts et les contraintes du dispositif amélioré d'étuvage du riz.

O4- Analyser l'organisation sociale de l'étuvage du riz

O5- Analyser les déterminants socio-institutionnels susceptibles de favoriser ou d'entraver l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage.

1.4. Les questions de recherche

Les questions auxquelles notre travail se chargera de répondre sont les suivantes.

1 : Quels sont les acteurs impliqués dans la promotion du riz étuvé ? Quels sont les objectifs/stratégies de chaque catégorie d'acteurs ?

2 : Les populations locales sont-elles satisfaites de la qualité du riz étuvé avec le dispositif amélioré ?

3 : Comment les acteurs perçoivent-ils les caractéristiques de l'innovation ?

4 : Quel est le dispositif organisationnel mis en place pour favoriser l'adoption de l' innovation ?

2. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE

2.1. Cadre conceptuel

Dans cette partie nous ferons la revue des points de vues des auteurs sur les concepts comme : l'innovation technologique, l'adoption et la diffusion des innovations, la perception humaine, le comportement et le changement de comportement et le concept d'organisation paysanne.

2.1.1. Innovation technologique

Plusieurs auteurs ont défini le concept innovation technologique selon leur perception. Ainsi, selon Rogers (1983) et Van Den Ban (1994), une innovation est une idée ou un objet perçu comme nouveau par un individu ou un groupe social à un moment donné. Selon Greenwald (1984), l'innovation est un concept pragmatique. Elle a trait à l'insertion de quelque chose de nouveau dans les activités du monde réel. Les innovations sont généralement censées conduire à une progression et, par conséquent à une amélioration du moins dans l'esprit de l'innovateur. L'innovation en économie, selon Adégbidi (1992), signifie l'une des trois choses suivantes :

- la mise en oeuvre de changement dans la production, c'est à dire de changement dans la fonction de production ;

- l'introduction de nouveaux types de marchandises sur le marché, c'est à dire l'application de nouvelles fonctions d'offre ;

- l'introduction de changement de procédure sur les marchés ou l'ensemble de l'économie, c'est à dire une réforme sociale.

Dans l'histoire de la pensée économique, l'analyse de l'innovation, reste associée au nom de l'Autrichien Schumpeter qui, dans ses théories du développement économique, soutient que l'innovation est l'essence du développement économique (Greenwald, 1984).

Si le point de vue ci-dessus exposé s'est plutôt focalisé sur l'aspect pragmatique de l'innovation, il faut reconnaître que c'est Adams (1982) qui fait d'abord remarquer qu'une innovation est en fait une idée ou un objet perçu comme nouveau par un individu. Pourtant cette perception peut exister au niveau d'un groupe social. Partant de son point de vue, Adams (1982) suggère qu'une innovation peut être classée en innovation technique ou en innovation sociale. C'est dans la première catégorie qu'on classe souvent les innovations agricoles en l'occurrence les techniques post-récolte comme la nouvelle méthode d'étuvage du riz. En

effet, cette innovation entraîne des modifications techniques dans le processus d'étuvage. La pré-cuisson du riz paddy se fait à la vapeur contrairement à celle de la méthode traditionnelle qui se fait dans l'eau. Ainsi, l'étape de l'égouttage après pré-cuisson n'est plus nécessaire. Aussi, avec les méthodes améliorées d'étuvage, le séchage du riz paddy après étuvage ne se fait plus seulement au soleil mais également à l'ombre.

2.1.2. Adoption et diffusion des innovations

L'adoption d'une innovation est une décision permettant la pleine utilisation d'une idée nouvelle comme seule voie favorable pour résoudre un problème (Rogers, 1983). Cette définition montre que l'adoption est consécutive à une prise de décision, mais elle n'indique pas le siège de ce processus de prise de décision. Ainsi, selon Van Den Ban et al. (1994) l'adoption est un processus mental qui commence depuis le premier contrat de l'individu avec l'innovation, jusqu'à l'étape de rejet ou d'acceptation. A partir de cette définition, les chercheurs ont conceptualisé l'adoption comme étant un processus qui se produit dans le temps et qui consiste en la série d'actions. Roger (1983) et Adams (1982) ont distingué cinq phases dans cette série :

- la connaissance qui est la phase d'information ;

- la phase d'intérêt où l'individu développe une envie active à avoir plus d'information sur l'innovation ;

- la phase d'évaluation où l'individu compare l'innovation aux pratiques existantes et ses exigences à sa situation actuelle ;

- la phase d'expérimentation où l'individu essaie l'innovation à petite échelle pour voir de façon pratique ses performances et

- la phase d'adoption où l'individu utilise de façon continue et à grande échelle l'innovation avec satisfaction.

Selon Rogers (1983) la diffusion est le processus par lequel une innovation est communiquée dans le temps à travers certains canaux parmi les membres d'un système social. C'est un type particulier de communication dans lequel les messages concernent de nouvelles idées. La diffusion d'une innovation dépend donc de quatre éléments : l'innovation, les canaux de communication, le temps et le système social.

i) L 'innovation technologique

Selon Van Den Ban (1984) la vitesse de diffusion des innovations dépend de la manière dont elles sont perçues par les agriculteurs. Cette vitesse ne dépend pas des

caractéristiques de l'innovation mais de la manière dont ces caractéristiques sont perçues (Rogers, 1983). Les principales caractéristiques de l'innovation prises en compte par Rogers (1983) repris par Van den Ban et al. (1994) sont : la pertinence, la compatibilité, la complexité, la divisibilité et la transparence.

1- La pertinence est perçue par l'adoptant comme étant le niveau de profit qu'il pourra tirer d'une innovation. Cette attitude conduit le paysan à se demander si l'innovation apportée permet de mieux att eindre ses objectifs et à moindre coût qu'auparavant. La pertinence s'exprime habituellement donc en terme de profit économique, quoique les paysans de subsistance accordent beaucoup plus d'importance à l'évitement des risques ; c'est-à-dire que l'on comparera les avantages en cas de réussite aux inconvénients en cas d'échec. Deux éléments sont donc à retenir dans cette comparaison à savoir, les valeurs attendues et, la probabilité que ces valeurs (positives ou négatives) se produisent ; autrement dit le risque c'est-à-dire, la certitude ou l'incertitude d'atteindre le but visé. En conséquence, il se peut qu'une solution très positive et dont la probabilité de réussite est relativement grande, ne soit pas prise en considération si les effets négatifs prévisibles en cas d'échec sont particulièrement graves.

2- La compatibiité : c'est la mesure dans laquelle le paysan perçoit l'innovation comme conforme à ses objectifs de gestion tant au niveau technologique qu'au stade de développement de son exploitation. Autrement dit, c'est le degré par lequel une innovation est perçue comme étant en harmonie avec les valeurs existantes (valeurs socioculturelles et croyances), les expériences passées et les besoins des adoptants potentiels.

3- La complexité : elle détermine jusqu'à quel point les paysans comprennent l'innovation et pensent qu'ils peuvent s'en servir. C'est donc le degré pour lequel une innovation est comprise comme difficile à comprendre et à être utilisée. Les innovations comprises par la plupart des membres du système social seront rapidement adoptées contrairement aux innovations qui obligent à développer des habiletés et des compréhensions nouvelles.

4- La divisibiité est la possibilité d'expérimentation de l'innovation avant son adoption ou rejet définitif. Si le paysan est en mesure d'essayer l'innovation sans dépenser irrémédiablement trop d'argent, il pourrait l'adopter plus rapidement.

5- La transparence est la mesure dans laquelle les paysans peuvent voir les résultats d'une innovation. S'il est facile pour quelqu'un de voir les avantages d'une innovation, il est aussi probable qu'il l'adoptera. Par ailleurs, une fois que les avantages d'une innovation sont perçus

par un adoptant, ce dernier, au lieu de chercher à cacher l'innovation aux autres membres de son système social, recherche plutôt à informer ses collègues sur le bien fondé de l'innovation afin que soit accéléré le processus de diffusion.

Le dispositif amélioré d'étuvage est une innovation observable et essayable. Cependant, la pertinence, la compatibilité de l'innovation avec les normes socioculturelles et les croyances de l'individu, et la complexité de l'innovation dépendent de la perception de l'individu ; et, cette perception de l'individu sur les caractéristiques de l'innovation, influence son adoption et donc sa diffusion.

ii) Les canaux de communication

La communication peut être définie comme étant le processus par lequel les acteurs créent et partagent une information avec d'autres en vue de parvenir à une compréhension mutuelle. La diffusion n'est pas fondamentalement différente de la communication, ce n'est qu'un type particulier de communication dans laquelle l'information échangée concerne des idées ou technologies nouvelles. L'efficacité du transfert d'innovation ainsi que son résultat dépendra donc du type de canal de communication utilisé. La détermination des canaux de communication entre les acteurs intervenant dans la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage s'avère donc nécessaire.

iii) Le temps

Le temps est un concept fondamental qui n'existe pas indépendamment des événements mais qui est un aspect de toute activité. La dimension du temps est un facteur important impliqué dans le processus de diffusion des innovations (Ekong, 1988). Ainsi, selon De Sardan (1995), on distingue plusieurs catégories d'adoptant suivant le temps :

- l'innovateur qui est le premier à adopter une nouvelle idée dans une communauté ;

- les adeptes précoces qui saisissent rapidement l'innovation, l'essayent et l'adoptent si la phase d'essai est concluante ;

- la majorité précoce qui n'adopte une innovation qu'après avoir été convaincu de sa valeur ;

- la majorité tardive qui n'adopte une innovation que si elle a été acceptée par la communauté ;

- les adeptes tardives qui se caractérisent par leur conservatisme.

La perception qu'un acteur a de l'innovation varie selon qu'il se trouve dans l'une ou l'autre catégorie d'adoptant. C'est le rôle de la vulgarisation d'en avoir conscience et de

savoir comment agir sur chaque acteur afin de le susciter à changer de comportement. Il est donc important de connaître la situation dans laquelle se trouvent les adoptants potentiels du dispositif amélioré d'étuvage du riz afin de savoir les stratégies de vulgarisation de cette innovation.

iv) Le système social

Un système social est défini comme un groupe d'éléments engagés dans la résolution d'un problème commun pour atteindre un même but (Van Den Ban et al., 1994). C'est la frontière à l'intérieur de laquelle les innovations sont diffusées. Les membres ou groupes du système social peuvent être des individus, de simples groupes, des organisations et/ ou des sous-systèmes qui se distinguent les uns des autres.

2.1.3. La perception humaine

Bien que nous vivions dans le même monde, nous ne percerons pas ses manifestations de façon similaire par nos organes de sens, nous l'interprétons différemment. La perception est le processus par lequel nous recevons des informations et des stimuli de notre environnement et les transformons en des actes psychologiques conscients (Lewin, 1996). Il n'est pas possible de comprendre la psychologie complexe de la perception humaine, mais il est possible d'apprécier pourquoi les personnes interprètent différemment leur entourage et comment ces différentes perceptions influencent leur comportement. Tout comportement individuel dans n'importe quelle situation repose non pas sur une réalité, mais sur la réalité telle que perçue et comprise par cet individu. Mon comportement à un moment donné est fonction de la perception que j 'ai de mon environnement et de soi à ce moment.

Nos perceptions sont subjectives et non absolues. Ainsi, lorsque nous entrons dans une salle de cinéma, nous ne voyons d'abord que l'écran et la lumière du projecteur. Après quelques minutes, nous voyons ensuite les autres spectateurs (Van Den Ban et al., 1994). En d'autres termes, notre perception de l'obscurité dans la salle est relative à la qualité de lumière qu'il y a dehors.

Nos perceptions sont aussi sélectives. « A tout moment, nos sens reçoivent une multitude de stimuli de l'environnement autour de nous. Nous voyons des objets, nous sentons des odeurs, entendons des bruits etc. Malgré sa capacité à traiter une importante quantité d'information, notre système nerveux ne peut pas être conscient de tous les stimuli à la fois » (Van Den Ban et al., 1994). Divers facteurs physiques ou psychologiques, incluant

les attitudes, influencent la perception. Une connaissance de ces facteurs permet d'attirer l'attention des personnes sur les aspects sur lesquels on aimerait qu'ils réagissent.

La perception est organisée. Nous structurons nos expériences sensorielles vers celles qui ont un sens pour nous. Notre perception est directive. En effet nous percevrons ce que nous espérons. Ainsi donc, la perception varie d'un individu à un autre dans la même situation à cause de la différence entre nos styles cognitifs. Notre perception des choses dépend des facteurs personnels tels que notre tolérance pour les choses ambiguës, notre degré d'autorisation, etc. (Lewin, 1996).

La perception humaine est un mécanisme très individuel et subjectif. De l'environnement total, seuls les aspects conscients ou inconscients perçus par l'individu peuvent influer son comportement (Boom et Browers, 1990).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius