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Analyse des déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de glazoue

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par Gabriel LAWIN
Université d'Abomey-Calavi - diplôme d'Ingénieur Agronome Option : Economie, Socio- Anthropologie et Communication 2006
  

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2.1.5. Concept d'organisation paysanne

Selon Stewart (1986), une organisation paysanne est une collection d'individu qui agissent et prennent des décisions ensemble plutôt qu'individuellement. Cette action de prise de décision collective doit viser une résolution de problèmes communs ou l'atteinte d'objectifs communs. La notion d'organisation paysanne vise à entraîner les paysans dans des actions collectives. L'exercice de ces actions collectives amène les membres à être solidaire de l'ensemble. La réussite des activités de l'organisation dépend donc de la cohésion interne du groupe. La cohésion interne traduit la cohésion et l'harmonie qui doivent exister à l'intérieur des groupements.

Un obstacle à la cohésion, interne tient aux dissensions entre membres d'un groupement. Ces dissensions peuvent provenir soit de rivalités personnelles, soit de divergences d'intérêts à l'intérieur d'un groupe homogène, pour des raisons économiques, ethniques, religieuses ou politiques. La solidarité constitue l'élément clé de la cohésion interne des groupements et donc de la réussite des actions collectives.

Le dispositif amélioré étant introduit aussi au niveau des groupements, son adoption dépendra du bon fonctionnement de ces groupements et de la cohésion interne de ces derniers.

2.2. Revue des théories sur l' adoption et la diffusion des innovations

Plusieurs théories ont été développées pour appréhender les facteurs déterminants l'adoption et la diffusion des paquets technologiques développés en direction des paysans. Les premières théories sont celles dites de "la diffusion des innovations" dont l'auteur le plus connu sur ce paradigme est Everett. M. Rogers. Selon Rogers (1983) l'adoption d'une innovation est perçu comme un processus caractérisé par cinq phases que sont :

(1)- la connaissance : l'individu est exposé à l'innovation et acquiert quelques notions sur son fonctionnement.

(2)- la persuasion : l'individu amorce une prise de position au sujet de l'innovation.

(3)- la décision : l'individu s'engage dans des activités lui permettant d'adopter ou de rejeter l' innovation.

(4)- la mise en oeuvre : l'individu utilise l'innovation au quotidien et l'évalue.

(5)- la confirmation : l'individu tente d'obtenir des informations venant renforcer son choix.

Pour Rogers, ce sont les caractéristiques de l'innovation, telles quelles sont perçues par les individus, qui déterminent son taux d'adoption. Cinq attributs caractérisent une

innovation : son avantage comparatif, sa comptabilité avec les valeurs du groupe d'appartenance, sa complexité, la possibilité de la tester, et sa visibilité. Rogers classe les individus selon cinq profils types : les innovateurs, les premiers utilisateurs, la première majorité, la seconde majorité et les réfractaires. Ainsi donc, Rogers établit sa théorie sur un ensemble de typologies dans le but de suivre l'évolution du taux d'adoption (qui décrit une courbe en S), considéré comme la variable descriptive essentielle de la diffusion. Ce classement des adoptants en différentes catégories est intégré dans le processus de diffusion sur une échelle de temps : le profil des adoptants passerait d'un groupe restreint et marginal à un groupe plus large d'adoptants, puis à un bassin de plus en plus représentatif de la population.

Rogers distingue trois types d'unités de prise de décision :

- la décision individuel : l'individu choisi d'adopter ou de rejeter l'innovation indépendamment de la décision des autres membres de son système social. Cependant, la décision de l'individu est influencée par les normes de son système et par son réseau d'information interpersonnel ;

- La décision collective : les individus choisissent collectivement d'adopter ou de rejeter l'innovation. Tous les membres du système social doivent se conformer à la décision du groupe une fois la décision prise. Cette forme de prise de décision peut s'observer au niveau des organisations paysannes comme les groupements de transformation de riz dans le cas de notre étude ;

- La décision autoritaire : dans ce cas c'est un groupe d'individu qui prend la décision. L'individu, membre du système, a très peu ou pas d'influence sur le processus de prise de décision. Mais il l'applique cependant. Cette forme de prise de décision peut s'observer dans les industries, ONGs ou organisations étatiques.

En résumé, selon Rogers les facteurs qui influence le taux d'adoption d'une innovation sont : les caractéristiques de l'innovation, l'unité de prise de décision, le canal de communication, la nature du système social et la compétence du vulgarisateur. L'intérêt majeur de la théorie de Rogers est qu'elle permet de décrire tout le réseau social de circulation d'une innovation au sein d'une société.

Cependant, cette théorie n'est pas exempte de critique. Selon Rogers, la diffusion d'une innovation interviendrait seulement lorsque l'innovation est achevée et prête à être adoptée. Cette " vision positiviste de la technologie" révèle une passivité chez les individus, qui accepte ou non l'innovation, même s'il parle de "réinvention" pour rendre compte de la

façon dont les acteurs modifient les innovations qu'ils adoptent. Aussi, selon cette théorie, la réticence à adopter des innovations est due à la prédominance, dans les sociétés paysannes, d'attitudes et de valeurs traditionnelles, une préférence pour les habitudes et les anciennes façons de faire, une résistance au changement. Cette théorie simplifie trop l'échec de la diffusion des innovations parce qu'elle l'attribue aux seuls facteurs liés aux paysans. De plus, le classement des adoptants potentiels empêche de tenir compte des phénomènes d'abandon après l'adoption pourtant très important dans l'analyse. L'individu peut décider en effet de rejeter l'innovation à n'importe quel moment et pas seulement lors de la prise de décision.

En retenant la perception de l'individu des caractéristiques de l'innovation comme seul facteur déterminant sa prise de décision, Rogers minimise ainsi l'influence que peut avoir la perception des autres membres du système social de l'individu sur sa prise de décision. Les caractéristiques de l'innovation suffisent-elles pour expliquer la décision d'adoption ou de rejet des acteurs ? Les acteurs ont-ils toujours les ressources nécessaires pour l'adoption de l'innovation ? L'innovation répond-t-elle toujours aux besoins / priorités et aspirations des acteurs ? Les acteurs sont-ils touj ours libres de leurs décisions ?

La théorie de Rogers n'intègre pas les objectifs ou aspirations des individus de même que les facteurs liés aux sources d'informations dans le processus de prise de décision. Or, selon Van Den Ban (1994), les paysans attachent beaucoup d'importance à leurs sources d'informations. De plus, Rogers ne prend pas en compte les facteurs comme le coût initial de l'innovation, les facteurs liés au risque et les facteurs institutionnels (l'accès au crédit, la disponibilité des opportunités comme le marché) pourtant très important dans le processus d'adoption. En effet, l'influence du coût initial et le risque relatif lié à l'innovation sur son adoption ont été démontrés par Lindner et al. (1982); Lindner (1987); Tsur et al. (1990); Leathners and Smale (1990); Feder and Umali (1993); Bart et al. (1999) et Ghadim et al. (1999). Selon ces auteurs, le coût initial de l'innovation est un facteur important qui détermine la décision d'adoption des paysans surtout dans le cas des ménages pauvres. Ceci signifie que lorsque les paysans ont un accès limité au capital, même les innovations les plus profitables ne seront pas adoptées si elles nécessitent un investissement initial élevé. L'influence des facteurs institutionnels a été démontrée par Houndékon et Gogan (1996) ; Cimmyt (1993) et Feder et al. (1995).

Par ailleurs, Rogers dans son analyse minimise la dimension cognitive de l'individu en expliquant l'adoption de l'innovation par la corrélation entre les ressources de l'individu et les avantages de l'innovation. Ce n'est pas ce qu'un acteur est capable de faire qu'il doit faire,

mais c'est ce que son système social lui permet de faire (De Sardan , 1995 et COMPAS, 2006). Ceci prouve l'importance de l'influence sociale sur l'individu.

Pour tenir compte de la dimension cognitive de l'individu, Röling (2000) a proposé un modèle d'analyse du processus d'adoption des innovations sur la base de la théorie biologique de la cognition de Maturana et Varela (1984). Ce modèle considère l'innovation comme un processus d'apprentissage social. Il intègre les valeurs du système social et les aspirations des acteurs. Mais la question qui se pose est que dans un contexte de savoir social, est-il normal de considérer les acteurs isolement et de traiter les autres agents sociaux comme «l'environnement » biophysique. L'argument utilisé contre ce modèle est que même si l'environnement biophysique peut être vu comme pouvant agir sur la décision des acteurs, il faut noter qu'il ne peut pas cerner la perception des autres acteurs sociaux.

Leeuwis et Van Den Ban (2003) proposent un modèle alternatif qui présente les variables de base importantes pour la compréhension des pratiques paysannes et leurs réponses aux innovations. Selon ce modèle, les individus ne sont pas des acteurs isolés dans la société. Leurs perceptions sont influencées par celles des autres acteurs de leur système social. Ils définissent à cet effet quatre ensembles de variables qui expliquent les attitudes des individus (acteurs sociaux) :

> l 'évaluation du cadre de référence

La décision d'un acteur au sujet d'une innovation dépend de sa perception des conséquences (technique ou socio-économique), de l'incertitude et du risque et, de son évaluation des conséquences et risques de l'innovation vis-à-vis de ses aspirations. Cette évaluation dépend également de ses expériences passées.

> la perception de l 'efficacité de l 'environnement social

L'un des plus importants facteurs qui influence les pratiques des acteurs sociaux est leur perception du réseau de support social de leur environnement. Ceci inclus l'organisation de l'offre des intrants, la disponibilité des services et opportunités, le système de crédit etc. Ainsi donc la décision de l'adoption du dispositif amélioré d'étuvage dépendra alors de la perception des individus de la disponibilité des ressources nécessaires à son utilisation optimale dans leur milieu de vie, des services connexes et des opportunités qui s'offre pour le riz étuvé.

> la perception de l 'auto efficacité

Leeuwis mentionne que les pratiques des acteurs sociaux ne sont pas seulement façonnées par leur confiance du fonctionnement des organisations / institutions qui les entours mais aussi par leur confiance en leur propre capacité à mobiliser les ressources, leur compétence et habileté, leur perception de la validité de l'évaluation de leur cadre de référence et leur habileté à contrôler ou s'accommoder aux risques. Ainsi donc, les acteurs sociaux peuvent rejeter une innovation (bien qu'ils perçoivent son avantage par rapport à leur pratique traditionnelle) parce qu'ils ne sont pas sûre de pouvoir appliquer correctement toutes les recommandations liées au paquet technologique ou encore que les services connexes sont inexistants. Ceci montre le degré d'aversion au risque des paysans et fait ressortir la notion de complexité comme caractéristique de l'innovation déterminant son adoption soulevée par Rogers.

> relation sociale et pression sociale

Les pratiques des acteurs sociaux sont influencées par les pressions qu'ils subissent de la part des autres acteurs avec qui ils sont en relation. En effet, les acteurs sociaux ne sont pas des acteurs isolés dans un environnement neutre. Ils sont directement ou indirectement en relation avec d'autres acteurs qui les influencent dans leur prise de décision. Ainsi, un acteur peut être amené à rejeter une innovation, non pas parce qu'il n'a pas les ressources nécessaires pour l'adopter ou qu'il ne perçoit pas ses avantages, mais parce que son environnement social ne lui permet pas de l'adopter. Les acteurs sociaux analysent les avantages (récompenses) et les inconvénients (sanctions) liés à l'adoption d'une innovation et ceci sur le plan social, organisationnel et relationnel. Les acteurs sociaux seront réticents à l'adoption d'une innovation qui affectera négativement leurs relations avec d'autres membres du système social. Les acteurs sociaux sont donc très sensibles au maintien du tissu social préexistant.

En définitive, ce modèle analyse la problématique de l'adoption des innovations en situant l'individu dans sa réalité sociale tenant compte du réseau d'influence sociale dans lequel il se trouve. Cependant, il fournit peu d'informations sur la gestion des conflits d'intérêts (entre les acteurs sociaux) qui peuvent subvenir suite à l'introduction d'une innovation.

Compte tenu de nos objectifs nous choisirons la théorie de Leeuwis comme fil conducteur de notre recherche malgré ses insuffisances signalées ci-dessus. Ce choix est

motivé par le fait que la théorie de Leeuwis analyse la question de l'adoption d'une innovation dans une perspective holistique. Elle n'attribut pas l'échec de la diffusion des innovations aux seuls facteurs liés au paysan. Elle intègre les objectifs ou aspirations des individus de même que les facteurs liés aux sources d'informations dans le processus de prise de décision. L'influence du réseau social de l'individu dans sa prise de décision n'est pas aussi occultée par cette théorie.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius