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Le sentiment de plafonnement de carrière chez les travailleurs: le cas de la CAMTEL

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par Joël Christel KOLOKOSSO
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gestion des Ressources Humaines 2007
  

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2- LE SEXE

Les effectifs de la CAMTEL étant, à 72% de sexe masculin, contre 28 seulement pour l'autre genre, il nous a semblé normal de retrouver, lors de notre enquête, une proportion dominante de personnes de sexe masculin. Ce fut effectivement le cas, car sur la quarantaine d'enquêtés, 26 sont des hommes, contre 14 femmes. Celles-ci sont âgées en moyenne de 41,5 ans, contre 46,7 ans pour les hommes.

De manière globale, on peut dire que toutes les personnes interviewées, quel que soit leur sexe, se plaisent à dire qu'il n'existe pas à proprement parler, de discrimination liée au genre. Même si, pour certaines femmes cadres notamment, « On sait bien évidement qu'il y a des postes auxquels ne peuvent aspirer une femme, comme directeur, Sous-directeur,...». Et lorsque nous rétorquons en disant qu'il y a des femmes Chefs d'Agence, Responsables d'ACGP, elles répondent ainsi : « Elles seules savent comment elles font, mais il ne faut pas croire qu'elles sont toujours méritantes ».

Le sentiment de plafonnement n'est pas vécu de la même façon. Les femmes se disent, pour la plupart, exclues des décisions d'affectations, parce qu'il leur est impossible de déplacer leurs ménages comme le feraient leurs époux (ou concubins) du fait d'une affectation, « (...) ce qui fait que nous ne pouvons briguer qu'aux nominations ». De plus, comme elles le disent elles-mêmes, « La carrière de l'homme passe en priorité sur la nôtre ». Rappelons que dans l'esprit de ces personnes, la mutation continue d'être empreinte d'un caractère disciplinaire. Elle est donc par conséquent mal accueillie par les bénéficiaires.

Les hommes a contrario ne voient dans le genre aucun motif de limitation des perspectives d'évolution. Ils évoquent plutôt d'autres motifs qui, pour eux, leur semblent substantiels : un « clownesque » système d'évaluation, aucune rémunération axée sur le mérite, la taille de l'entreprise, etc.

Quant aux autres motifs avancés par les femmes et susceptibles d'expliquer leur plafonnement, la plupart de ces dernières (quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle), mettent en avant, premièrement, le fait qu'elles doivent s'occuper des enfants. Ainsi, comme l'atteste d'ailleurs Alix DE POIX, Consultante en Gestion des Carrières76(*), « De 30 à 40 ans, c'est la tranche d'âge critique, où les femmes doivent cumuler leurs rôles d'épouse et de mère, tout en s'affirmant dans le monde du travail. La tendance naturelle est alors de mettre sa carrière entre parenthèses. Impossible d'atteindre les sommets si l'on tient à être rentrée à la maison tous les soirs à 18 heures pour donner le bain aux enfants ». A la question de savoir si elles ne sont pas aidées en cela par les domestiques ou bonnes, certaines (lorsqu'elles en possèdent une) s'exclament ainsi : « Peu importe, elles ne peuvent pas bien s'occuper d'eux. Rester d'abord jusqu'à 15h30 c'est un travail, combien de fois au-delà...».

Notons tout de même, comme l'affirme Alix DE POIX, que les femmes se remettent à penser «carrière» après 40-45 ans, lorsque les problèmes de nounous sont enfin derrière elles. Ce qui correspond à la situation actuelle de la moyenne des femmes interrogées, même si ces dernières ne l'avouent pas explicitement.

Deuxièmement, d'après une femme cadre, apparemment très au fait des questions d'égalité des chances, ce serait la peur de se mettre en avant. En effet, « Ici, les femmes en général ne savent pas se mettre en avant. La plupart pensent qu'il suffit d'être excellente derrière son ordinateur pour être reconnue. Trop discrètes, trop modestes: comment s'étonner ensuite que les femmes soient oubliées lors des promotions internes? ».

Troisièmement, l'autre raison (évoquée également par les hommes) tient en l'existence de réseaux au sein de l'entreprise. En effet, d'après ce même cadre, «Les réseaux comptent énormément pour la cooptation. Or ils sont composés majoritairement d'hommes », estime-t-elle. Seulement, contrairement à leurs collègues masculins, elles ne sont pas prêtes à faire certains compromis, ni à sacrifier leurs valeurs personnelles : « J'ai observé qu'en s'approchant trop près du pouvoir on risque de se brûler les ailes, affirme l'une d'entre elle. Pour accéder aux postes les plus élevés, les hommes acceptent parfois des compromis que les femmes refusent. Peut-être parce qu'elles ont d'autres centres d'intérêt dans la vie... Le titre ronflant sur la carte de visite, la Prado de fonction, le grand fauteuil de cuir, autant de privilèges qui laissent indifférentes la plupart des femmes ».

Nous avons retenu enfin, comme raison avancée, même si elle nous semble typiquement propre au milieu socioculturel camerounais, « le fait de ne pas rendre les maris jaloux, parce qu'on gagne plus qu'eux ». Ainsi, une femme mieux rémunérée que son mari, ce n'est pas dans la norme, « c'est même extrêmement gênant », dira l'une d'elles. Sans en être toujours conscientes, ces salariées se plient à cette règle tacite. D'où, comme pour justifier leur manque d'ambition, pour la plupart des femmes, lorsque, à la fin de l'année, elles sont parvenues à faire leur travail correctement, à jongler entre les enfants, la maison, le mari, la famille et la belle-famille, elles sont déjà satisfaites de la performance et ne songent pas, en plus, à réclamer par exemple un bonus ou une augmentation.

* 76Cf. CONSTANTY Hélène, « Femmes et carrière : la course d'obstacles » in L'Express du 31 mai 2004.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus