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L'application du "jus ad bellum" et du "jus in bello" dans les conflits internes africains : etude du cas lybien


par FREDDY AMANI CHISHIBANJI
Université de Bukavu - Licence en droit 2011
Dans la categorie: Droit et Sciences Politiques > Relations Internationales
   

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CONCLUSION GENERALE

L'application du `' Jus ad bellum `' et du `' Jus in bello `' dans les conflits internes africains : étude du cas libyen, tel est le sujet qui était au centre de l'étude de ce prestigieux travail.

Depuis la nuit des âges l'humanité était préoccupée par la nécessité de réglementer la conduite de la guerre. Pour y parvenir, elle a premièrement initié plusieurs tentatives de mise hors la loi le recours a la force. Mais toutes ces tentatives avaient échoué. Ce n'est qu'avec la charte de l'ONU que cet objectif sera atteint ; bien que cette Charte aussi tout en interdisant le recours à la force, va reconnaître quelques exceptions à ce principe. Elle sera aussi complétée dans le même sens par la résolution 2105 (XX) du conseil de sécurité.

Et deuxièmement, elle a imposé aux belligérants certaines règles de conduite de la guerre a travers le DIH. Les règles du DIH n'ont pas été conçues principalement en tenant compte des conflits internes, mais plutôt des conflits internationaux, surtout qu'on n'avait pas d'idée que les conflits internes pourraient un jour devenir plus importants. Ce n'est qu'après que les règles du DIH vont s'intéresser aux conflits internes.

Les dispositifs normatifs applicables aux hostilités, ont connu une évolution non négligeable. Pour le droit de faire la guerre, la Charte a été complétée par des résolutions du conseil de sécurité et de l'Assemblée Générale de l'ONU, mais aussi par la jurisprudence de la CIJ. Et pour les règles du DIH, force est de constater qu'au départ ce n'était que des règles de maigre couverture humanitaire qui s'appliquaient dans les conflits internes, par la suite nous avons assisté à des règles applicables indifféremment aux conflits internes et aux conflits internationaux. Bien plus, l'application des règles de la jurisprudence de tribunaux pénaux internationaux dans les conflits internes ont concouru aussi au renforcement du dispositif normatif du DIH applicable dans les conflits internes.

Tout au long de ce travail, nous avons démontré l'ensemble des règles du `' Jus ad bellum » qui doivent être respectées avant le déclanchement de toute hostilité, et les règles du `' Jus in bello » qui sont d'application automatique a la survenance de situations

conflictuelles. Par après, nous avons essayé de démontrer comment ces règles ont été appliquées dans le conflit interne libyen.

Toutefois, la mise en oeuvre des règles du `' Jus ad bellum `' et de celles du `' Jus in bello `' dans le conflit interne libyen, conduit au constat selon lequel les règles du `' Jus ad bellum `' ont été d'application effective. Mais l'application des règles du `' Jus in bello `' n'a pas été efficace, elle a connu néanmoins une relative réussite de la protection des personnes et des biens, du moins dans le cadre de l'assistance humanitaire où on avait noté un déploiement des organismes humanitaires dans tout le pays ; mais leurs missions étaient quelque fois entravées.

Sur le terrain de la répression pénale des violations commises dans le conflit interne libyen, les choses se situent plutôt ailleurs, malgré quelques tentatives de réaction de la part du conseil de sécurité et de la Cour Pénale Internationale. Seul prévaut l'impunité depuis le début des hostilités, favorisant ainsi la commission de toutes sortes d'exactions et d'atrocités aux droits humains fondamentaux et au DIH.

En fin de compte et pour répondre aux questions de départ, l'application dans le conflit interne libyen des règles du `' Jus ad bellum `' a été effective, mais l'application des règles du DIH n'a pas été totalement effective à cause de la volonté politique des parties à se conformer parfois à leurs obligations juridiques.

Ce manque d'incitations suffisantes de la part des parties a ce conflit pour se conformer aux règles du DIH, est dû a l'incapacité du système judiciaire libyen, à la protection des alliés par le conseil de sécurité à travers la résolution 1970.

Mais, le procureur de la CPI lui n'a pas fermé les yeux. Il a poursuivi et continue a poursuivre les auteurs des crimes commis en Libye, au point que la liste de ceux qui vont tomber sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI sera entrée d'augmenter avec l'évolution des enquêtes.

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Les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité étant imprescriptibles et inamnistiables68, les auteurs de ces crimes doivent répondre de leurs actes, et la population civile doit être indemnisée pour les dommages qu'elle a subis. Compte tenu de la méfiance que les africains manifestent en l'endroit de la CPI et de l'incapacité du système judiciaire Libyen d'enquêter, de poursuivre et de réprimer de manière approfondie lesdits crimes, n'est-il pas utile, nécessaire et important d'instituer un tribunal pénal international pour couvrir ce conflit?

Pour que l'application des règles du `' Jus ad bellum `' et des règles du `' Jus in bello `' soit efficace, ces règles doivent être adaptées à la réalité actuelle des conflits internes. Et le DIH particulièrement doit quitter le domaine du rêve pour se traduire effectivement en réalité. Ceci ne sera possible que si tous les belligérants ressortissants des Etats qui ont ratifié les instruments internationaux relatifs à la conduite des hostilités, adhèrent à leur esprit et à leur lettre.

Nous n'avons nullement pas la prétention d'avoir épuisé tous les éléments de ce sujet, surtout que notre travail est loin d'être parfait. Les erreurs et les omissions ayant pu échapper à notre vigilante attention pourront être décelées par ci, par-là. Nous laissons la latitude à tout chercheur qui aura à orienter ses investigations dans cet angle de réflexion de bien vouloir exploiter nos limites.

68 P. MERTENS, L'imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, EUB, Bruxelles, 1974, p. 224-225

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