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Eléments d'une philosophie de l'espace chez Ernest Cassirer

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par Marcellin Tibérius KALOMBO MBUYAMBA
Université catholique du Congo - Diplôme d'études approfondies  2012
  

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I.2. Descartes : approche rationaliste

Cassirer Commence par dire que, chez Descartes, il y a une relation étroite entre l'analyse du concept d'espace et le concept de substance. Cette corrélation existe du point de vue de la méthode, entre la connexion ontologie et la connexion métaphysique des problèmes liés à l'espace. L'espace est une étendue (extensa) il est l'attribut essentiel de la substance. Une telle étude, se confirme dans la perspective de la métaphysique cartésienne ou la chose en tant que l'objet empirique, ne peut pas recevoir une définition claire et distincte que par ses déterminations spatiales. Par l'exemple, l'extension d'un objet en longueur, en largeur et en profondeur, est notre manière propre de qualifier objectivement un objet de l'expérience.

D'avis de Cassirer, chez Descartes, il y a une unité, un rapport objectif entre le concept de chose et le concept mathématique d'espace. Ces deux concepts se fondent sur leur « attachement commun à une seule et même fonction logique et sur leur enracinement commun en elle ».25(*)

A cet effet, l'identité de la chose, la continuité et l'homogénéité de l'entendue géométrique, ne sont pas des données qui soient immédiats de l'impression ou de la perception sensible. Cassirer cite Descartes pour dire que : « la vue ne nous fait rien connaitre que des images, l'ouïe rien que des bruits ou des sons : aussi est-il clair qu'une chose que nous pensons être en dehors de ces images et de ces sons comme désignée par eux ne nous est pas donnée par des représentations sensibles venus du dehors, mais bien par des idées innées qui ont leur siège et leur origine dans notre propre pensée ».26(*)

Eu égard à cette citation, Descartes adopte une approche rationaliste. Car, il pense que rien ne peut provenir des organes des sens ; ils nous trompent de temps en temps à partir de la perspective illusionniste de l'espace. Il se confie à l'esprit, à l'idée, à la raison. Nos représentations spatiales ne proviennent qu'à partir de notre propre idée. Toutes les déterminations que nous avons l'habitude de coller à l'espace de l'intuition, ne sont que des pures caractères logiques. Et ces caractères logiques, sont des propriétés distinctives comme la continuité, l'infinie, l'homogénéité, qui sont considérés comme les éléments constitutifs de l'espace de la géométrie pure.

L'intuition de l'espace des choses, de l'espace physique, ne nous permet pas de se réaliser autrement. En plus, pour avoir accès à cette intuition spatiale, l'entendement de son coté, doit rassembler les data individuels que les sens lui livrent, ensuite comparer ces data entre eux, mieux les accorder entre eux. Le résultat obtenu de cet accord est la coordination ces data est, « l'espace en tant que schéma constructif dont la pensée trace le croquis, comme une création de cette mathématique universelle : car ce qu'on nomme grandeur, distance, positive respective des choses entre elles, n'est rien qu'on puisse voir ou toucher : on ne peut que l'évaluer et le calculer ».27(*) Ainsi, tout acte de perception spatiale enveloppe un acte de mesure et par suite de déduction mathématique.

Au demeurant, la rationalité dans le contexte où Cassirer se réfère à Descartes, renvoi à un double sens qui englobe à la fois la raison et le calcul. En plus, il domine et envahit le domaine de l'intuition et celui de la perception, en affirmant que l'intuition et la perception lui appartiennent et sont également soumises à sa légalité constitutive. Toute intuition selon l'approche cartésienne, s'attache toujours à une pensée théorique et la pensée théorique s'attache à un jugement et à un raisonnement logiques de tel enseigne que, c'est l'acte premier de la pensée pure qui nous découvre et nous rend accessible la réalité sous la forme d'un monde des choses subsistant par soi comme celle d'un monde de l'espace intuitif. Un tel point de vue suscita un débat avec la conception spinozienne de l'espace.

Spinoza a construit sa théorie de l'espace dans une perspective cosmologique panthéiste. Il s'est beaucoup inspiré de Descartes. Pour ce dernier, l'espace réel ou le lieu interne s'identifie avec la substance corporelle qui s'y trouve contenue. En effet, l'étendue avec sa triple dimension, la longueur, la largeur et l'épaisseur, constitue le corps au même titre qu'elle constitue l'espace. Ainsi, le corps est un espace délimité, déterminé et individualisé, tandis que l'espace comme étendue demeure inchangée malgré les transformations de la matière. Aussi, l'étendue est une impossibilité absolue du vide et l'infinité de l'espace. Cette conception a aboutit à une affirmation selon laquelle, Dieu est une étendue puisqu'il est illimité, infini. Ainsi, Descartes a distingué le caractère indéfini de l'étendue de l'infinité de Dieu, ce qui a pour effet de distinguer l'étendue et Dieu, même s'il admet l'immensité de l'une et de l'autre.

Par ailleurs, la théorie de Spinoza va à l'encontre de Descartes, bien que celui-ci l'ait influencé. Pour Spinoza, l'espace n'est autre chose que l'étendue. L'étendue réelle est continue et infinie. Elle exprime un attribut constitutif de l'être divin, et ne peut, par conséquent se prêter à aucune division, toute substance étant indivisible. En plus, l'étendue apparente, objet de l'imagination, revêt des formes multiples et variées, qui sans rompre l'essentielle continuité de leur trame, délimitent les espaces occupés par chaque corps.

En sus, dans l'Ethique de Spinoza, il affirme que Dieu est l'étendue infinie, même si celle-ci, n'épuise pas son essence puisque, son essence lui confère une infinité d'attributs. Dans ce sens, Spinoza s'oppose à Descartes. Pour Spinoza, « l'étendue est un attribut de Dieu, autrement dit, Dieu est une chose étendue »28(*). Donc, la substance est simple et indivisible. Ses modes ou ses créatures ne sont pas des divisions, mais l'expression de sa puissance. Alors que chez Descartes, la substance est l'attribut de l'étendue et que l'étendue est divisible. Chez Spinoza, la substance se manifeste dans ses modes : infinis en nombre et montre la puissance infinie d'une substance qui reste infinie et simple. C'est ainsi Kant offre une autre conception de l'espace comme forme apriori de la sensibilité.

* 25 E. CASSIRER, Philosophie des formes symboliques, t3, p.168.

* 26 E. CASSIRER, Le problème de la connaissance t1, Paris, Cerf, 1991, p.489.

* 27 E. CASSIRER, Philosophie des formes symboliques, t3, p.169.

* 28 B. SPINOZA, Ethique II, proposition 2, cité par B. BACHELET, O.c., p.105.

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